Volvo S80 2015: Timidité, frustration, mort et éternité

Publié le 1er janvier 2015 dans 2015 par Alain Morin

La Volvo S80 de la génération actuelle est apparue en 2007. Dans le Guide de l’auto 2011, soit cinq ans plus tard, l’excellent auteur du texte sur la S80 titrait son essai « La mort d’une étoile ». Au fil des années, d’autres titres aussi évocateurs que « L’éternité c’est long, surtout vers la fin », « Frustrations » et « Changements timides pour voiture discrète » ont coiffé les essais des journalistes.

Dans un monde où tout bouge vite, la berline de luxe de Volvo n’a pas connu de changements majeurs depuis… 2007. Elle fait donc partie du club sélect des Immuables et si ce n’était de son habitacle revampé en 2011 et des subtiles retouches esthétiques de l’an dernier, elle pourrait en être la présidente. C’est au Mercedes-Benz Classe G qu’appartient ce titre mais ça, c’est une autre histoire.

Chez les Immuables, on vit longtemps avec ses défauts, mais heureusement, on vit aussi longtemps avec ses qualités! Les sièges, en avant en particulier, sont d’un grand confort, supportent parfaitement les passagers et semblent même les inviter à la détente. Bref, je les ai bien aimés. La banquette arrière est tout aussi agréable, mais l’espace y est nettement plus restreint. Le tableau de bord est particulièrement bien fignolé, ses commandes sont intuitives, les jauges sont faciles à lire et le volant au gros boudin se prend très bien en main. Évidemment, qui dit Volvo, dit sécurité. Même si l’entreprise désormais aussi suédoise que chinoise (Volvo appartient maintenant au Chinois Geely) n’a plus le monopole de la sécurité qu’elle a longtemps détenu, il n’en demeure pas moins qu’elle est encore une des plus avancées à ce chapitre.

Quatre cylindres Drive-E

Lorsqu’elle est apparue sur le marché, la S80 proposait un V8 de 4,4 litres et un six en ligne de 3,2 litres de 235 équidés. Avec le temps, elle a laissé tomber le V8. Aujourd’hui, le moteur de base est un quatre cylindres (bien que son appellation T5 prête à confusion – dans ce domaine alphanumérique, les Suédois sont en retard, les Allemands ayant compliqué les choses avant eux et avec bien plus de succès…). Toujours est-il que ce nouveau quatre cylindres fait partie d’une nouvelle génération de moteurs qui se retrouve sur plusieurs Volvo. Les modèles dans lesquels il se trouve ont droit à l’appellation Drive-E. Bien que cette appellation puisse amener à penser qu’il s’agit d’une technologie tout électrique, ce n’est pas le cas. Ces moteurs livrent une bonne puissance grâce à l’apport d’un turbo (T5) et d’un duo turbocompresseur/surcompresseur (T6). Les ingénieurs ont aussi abaissé le niveau de friction interne, un peu comme ceux de Mazda avec leur SKYACTIV. Le Drive-E possède aussi une fonction marche/arrêt et un récupérateur d’énergie des freins, et le conducteur peut choisir entre différents modes Eco. Une version diesel de ce Drive-E est aussi offerte en Europe et, éventuellement, une version hybride enfichable pourrait être distribuée.

Consommation à la baisse
Tout ça pour dire que le quatre cylindres 2,0 litres de la T5 développe 240 chevaux à 5 600 tr/min et un couple de 258 lb-pi entre 1 500 et 4 800 tr/min, soit 22 lb-pi de plus que le six en ligne de 3,2 litres qu’il remplace. La transmission gagne deux rapports dans l’opération et en compte maintenant huit. Nous n’avons pas pu en faire l’essai avant la date de tombée, mais avec de tels efforts techniques, la consommation d’essence devrait être à la baisse. Il s’agit d’une excellente nouvelle puisque la S80 n’a jamais été reconnue pour sa sobriété.

La technologie Drive-E n’est réservée, pour l’instant, qu’aux versions à roues avant motrices. Il est toujours possible d’opter pour une S80 à rouage intégral, mais il faut alors se tourner obligatoirement vers le six en ligne de 3,0 litres turbocompressé, qui n’a pas changé d’une molécule et qui procure des accélérations musclées. Sa transmission est demeurée la même, soit une automatique à six rapports. Sur la route, la S80, du moins celle avec le six cylindres, est tout sauf sportive, malgré des suspensions que j’ai trouvé plutôt dures. La direction est précise et procure un bon retour d’information. Cependant, le rayon de braquage est démesurément grand.

Depuis déjà plusieurs années, nous annonçons la mort de la S80. Si son style était dans le coup il y a neuf ans, il est maintenant loin de faire tourner les têtes. Les performances ont beau être correctes et le confort être décent, n’empêche que la compétition se raffine de plus en plus, et de plus en plus rapidement. La S80 est depuis quelques années déjà à la traîne face aux Audi A6, BMW Série 5 et Mercedes-Benz Classe E. De plus, son réseau de concessionnaires n’est pas très étendu, les frais d’entretien sont assez dispendieux et la fiabilité n’est pas à son maximum… En 2013, Volvo Canada a vendu 59 exemplaires de la S80. Si l’entreprise veut espérer vendre davantage un jour, il faudra, je crois, plus qu’un nouveau moteur…

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