Lamborghini Aventador 2015: Civilisée? Oui. Assagie? Jamais!
Il suffit d’un coup d’œil dans le rétroviseur de l’Aventador pour être convaincu que Lamborghini n’est pas devenu tellement plus sage en passant entre les mains d’Audi. La visibilité par la lunette arrière est minimaliste, et elle devient presque inexistante dès qu’on roule assez vite pour que l’aileron automatisé se déploie. Difficile de ne pas avoir une pensée pour les anciennes Countach avec leur énorme aileron!
Bien sûr, époque moderne oblige, il y a une caméra de recul reliée à l’écran de la console centrale d’inspiration Audi (le système d’infodivertissement est presque identique au MMI d’Audi). Mais, à plusieurs reprises, j’ai tout de même senti le besoin d’utiliser le bon vieux truc classique pour faire marche arrière avec une Countach, c’est-à-dire sortir une fesse en dehors de l’auto puis se retourner pour bien voir derrière. Oui, c’est un peu insensé et plutôt anachronique, mais au moins, c’est la preuve que les concepteurs de Sant'Agata ne se sont pas trop adoucis...
Douze cylindres à mettre en marche
Quand on enfonce le petit bouton rouge du démarreur, on a une autre preuve que l’Aventador est bel et bien dans la lignée de la Countach. Le démarreur tourne pendant quelques secondes, comme s’il prenait un élan pour être sûr de mettre en branle le gargantuesque V12 de 6,5 litres, puis le moteur démarre tout d’un coup en pétaradant. On dirait qu’il vérifie bruyamment qu’il est bien en vie, puis le régime baisse et adopte un ralenti plutôt grumeleux.
Dès qu’on appuie sur l’accélérateur, toutefois, la cacophonie se transforme en délicieuse mélodie classique pour V12. Contrairement au V10 de la Huracán, le moteur de l’Aventador ne contient aucune pièce provenant de chez Audi. Et quand on fait monter le régime encore plus et qu’on s’approche de la zone rouge, le grondement devient assourdissant. Voilà un moteur à la personnalité très exotique, à la fois soyeux et sauvage.
Juste avant le début de la zone rouge (à 8 250 tr/min), le V12 produit sa puissance maximale de 700 chevaux. Au cours des derniers mois, j’ai eu la chance d’essayer plusieurs supervoitures, dont la McLaren P1 et sa cavalerie presque obscène de 903 chevaux. Sur papier, on pourrait croire que l’Aventador est clairement désavantagée avec « seulement » 700 chevaux. Mais c’est loin d’être le cas. L’Italienne est capable de passer de 0 à 100 km en moins de trois secondes, ce qui est pratiquement aussi rapide que la P1 ou la Porsche 918. En accélération, l’Aventador est l’une des rares voitures à quatre roues motrices qui exigent autant d’attention et de respect qu’une moto de classe superbike.
Côté vitesse de pointe, elle atteint le cap des 350 km/h. Il s’agit là d’une donnée essentiellement académique pour quiconque conduit en Amérique du Nord, mais elle semble pourtant extrêmement importante pour les acheteurs de supercars.
Suspendez la maison
Pour maîtriser tant de puissance et de vitesse, l’Aventador est dotée d’un châssis clairement inspiré de la Formule Un. Comme pour la P1, la cuve centrale est en fibre de carbone, et des sous-cadres en aluminium massif y sont vissés. L’ensemble du châssis offre une rigidité en torsion de plus de 35 000 newtons-mètres par degré. Pour vous donner une idée, cela signifie qu’il faudrait suspendre une maison à l’un des coins du châssis pour qu’il se déforme d’un seul degré...
À l’avant et à l’arrière, on retrouve une suspension à biellettes de poussée. Ce système, semblable à ceux utilisés en F1, permet de réduire le poids non suspendu et de faciliter le calibrage. On peut apercevoir les ressorts jaunes des amortisseurs Öhlins par le panneau vitré arrière. Pour compléter le tout, l’Aventador est dotée d’un système de traction intégrale. La distribution de la puissance entre l’avant et l’arrière varie selon que l’on choisit le mode Strada (route), Sport ou Corsa (course). Le dispositif électronique de contrôle de la stabilité permet notamment de répartir le couple abondant du V12 (509 lb-pi) entre les deux gros pneus arrière, des Pirelli 335/30ZR20.
Somme toute, malgré son côté cacophonique et son immense potentiel d’accélération, l’Aventador est une voiture qui se laisse apprivoiser. Mais elle conserve assez de petits défauts pour refroidir ceux qui ne sont pas de véritables amateurs de Lamborghini, et elle ne fait absolument aucun compromis en matière de performances. En fait, on peut dire qu’à bien des égards, l’Aventador est une Countach des temps modernes. Donc, tout va bien dans le monde des supervoitures.
L’Aventador de base est offerte à 440 000 $. Prix de notre modèle d’essai : 521 000 $.
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