Ford GT 2017: Pour hanter Ferrari... encore.

Publié le 14 mai 2015 dans Blogue par Alain Morin

Il y a quelques jours, Ford a invité des journalistes à un forum dont le sujet principal était la coqueluche du Salon de Detroit, la GT. On y a appris plein de petites choses…

La première GT, la GT40, avait remporté quatre victoires consécutives aux 24 Heures du Mans (1966 à 1969), battant ainsi Ferrari envers qui Henry Ford II avait une petite crotte sur le cœur (on se souviendra qu’au début des années 60, Ferrari, alors en mauvaise posture financière, avait voulu être acheté par Ford. Mais Enzo se retira des négociations à la dernière minute, ce qui avait mis Henry II dans tous ses états, unis par un désir de vengeance. C’est ainsi que fût créée la GT40) Il s’agissait d’une machine mécanique à la fine pointe de la technologie de l’époque. La deuxième (2005 et 2006), la bien nommée GT, était une réplique quasiment exacte de la première, elle aussi dotée des toutes dernières technologies du moment. Fabriquée en aluminium, elle était équipée de freins ABS… et c’est tout! Dans ce temps, on n’avait pas encore approfondi les différentes possibilités de l’électronique.

Depuis quelques années, la technologie, autant au chapitre de la mécanique que de la communication et de la sécurité, explose de façon exponentielle. La prochaine GT sera un monstre bourré de capteurs, d’ordinateurs et de communications.

Plus qu’un Boeing 787 Dreamliner!

Sans doute dans le but d’impressionner la galerie, les responsables de Ford rencontrés lors du forum n’y ont pas été avec le dos de la main morte, comme on dit! Cinquante paramètres seront constamment scrutés, allant de la température extérieure à la vitesse de la voiture en passant par les freins ABS, la position du volant, la position des pédales    et j’en laisse tomber, faute d’espace. Tous ces paramètres seront pris en charge au millième de seconde par 25 microprocesseurs commandés par 10 000 000 (10 millions, oui, oui) de lignes de code. Dire qu’un Dreamliner de Boeing en compte seulement 6 000 000. Ce qui a fait dire à un collègue américain que lorsque l’on est rendu à avoir près du double de lignes de code dans une voiture que dans un avion, il y aurait peut-être eu moyen d’élaguer un petit peu…

La Ford GT est d’abord conçue comme une voiture de course pouvant aller sur la route. Ainsi, le mot « track » est revenu souvent lors du forum. Tout, absolument tout de la voiture, sera contrôlé par des ordinateurs. Quatre modes de conduite seront proposés au conducteur : Normal, Sport, Track et Wet. Les ingénieurs sont encore en train de fignoler les différents réglages, mais il y a fort à parier que le mode Sport soit plutôt permissif et que plusieurs pilotes du dimanche se feront peur. Je parierais aussi que le mode Track ne devra être utilisé que par un pilote professionnel. Le mode Wet (mouillé) devrait être l’équivalent du mode Snow (neige) que l’on retrouve sur les voitures de tourisme de monsieur et de madame Tout-le-Monde, c’est-à-dire qu’il devrait devancer les changements de rapports et réduire la sensibilité de l’accélérateur. Adapté à une utilisation sur piste, s’entend. Ces modes sont développés dans un simulateur comme on en retrouve en Formule Un, ce qui a permis de peaufiner des centaines de combinaisons informatiques avant même la construction du premier prototype.

Question de goût, évidemment…

La Ford GT est esthétiquement très réussie. Les formes ont été dictées par l’aérodynamisme. La voiture est donc très horizontale, surtout à l’arrière alors que le toit et la lunette arrière (si l’on peut appeler ça une lunette…) sont très peu inclinés. Cette ligne autorise une poussée verticale (downforce) importante et, surtout, efficace. L’aileron arrière demeurera baissé à des vitesses « normales » et se relèvera à haute vitesse pour plaquer la voiture au sol. Lors d’un freinage à haute vitesse, l’aileron se placera pratiquement à la verticale, créant ainsi un frein aérodynamique comme sur un avion ou une Bugatti Veyron, par exemple.

La GT est dotée d’un habitacle assez étroit merci. Pour des raisons de sécurité, les sièges sont fixes. C’est la colonne de direction et le pédalier qui vont bouger. Toutefois, il sera possible d’ajuster le dossier. Autre bonne raison d’avoir des sièges à l’assise fixe, la réduction du poids. En effet, les rails et les mécanismes d’ajustement, même quand ils ne sont pas électriques, pèsent lourd. Un des designers qui mesure 6’ 2’’ nous disait qu’il n’avait aucun problème à s’installer derrière le volant, même avec un casque de pilote. Je suis sceptique et, faute de preuves, je lui laisse le bénéfice du doute.

Les designers ont aussi déployé beaucoup d’efforts pour que le pilote soit distrait le moins possible. Par exemple, le volant est pratiquement un tableau de bord tant il recèle de fonctions, un peu comme en course automobile. Même les clignotants seront activés par des boutons sur le volant. Tous ces boutons, ainsi que les palettes de changement de rapports ne sont pas lisses, question d’assurer une meilleure préhension. La GT sera dotée du Sync3, un système multimédia beaucoup plus convivial que la génération actuelle, du moins selon Ford. On pourra voir de quoi il en ressort plus tard cette année dans certains modèles de production 2016.

Ajouter de la légèreté

Dans l’habitacle, on retrouvera beaucoup de fibre de carbone et aucun cuir, ce dernier matériau étant trop lourd. Lors de notre visite à Detroit, nous avons rencontré le directeur technique du département des matériaux qui nous a entretenus des nouvelles avancées dans le domaine de la réduction du poids. Par exemple, en fabriquant des pièces les plus légères possible en utilisant la fibre de carbone, l’aluminium ou différents alliages, les ingénieurs sont parvenus à enlever 800 livres (363 kilos) à une simple Ford Fusion. La GT bénéficiera de ces recherches.

Nous avons été en présence de la petite équipe d’ingénieurs et de designers autour de la voiture et nous avons appris beaucoup de choses. De petites choses et de grandes choses… mais rien de majeur. On ne connaît toujours pas la puissance exacte du V6 de 3,5 litres EcoBoost sinon qu’elle sera de plus de 600 chevaux. Une transmission double embrayage à sept rapports reliera ce moteur aux roues arrière. Le prix n’a pas encore été confirmé même si plusieurs avancent quelque chose aux alentours de 400 000 $, soit dans les plates-bandes de Lamborghini et des Ferrari de base. Ce serait logique. La production ne devrait pas dépasser 250 unités par année, et ce, pour la planète.

Le marché des supersportives est en nette hausse. La Ford GT 2017 s’inscrit dans cette lignée et profitera de la tendance. Surtout, elle créera une affluence dans les salles de démonstration et ça, ça vaut de l’or pour Ford. Enfin, les innovations techniques apportées sur la GT auront une influence certaine sur les autres produits portant l’ovale bleu et sur la perception du public envers la marque.

Une voiture d’allure spectaculaire, un niveau d’ingénierie poussé, une production très limitée et un prix très élevé… C’est la recette gagnante pour avoir du succès!

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