Coupe Micra 1er weekend - Ça a chauffé au Circuit Mont-Tremblant...

Publié le 28 mai 2015 dans Course automobile par Gabriel Gélinas

Lorsqu’on m’a demandé de participer à la première épreuve de la coupe Nissan Micra au volant d’une des deux voitures de course engagées par Nissan Canada et préparées par l’équipe GT Racing d’Éric Côté au Circuit Mont-Tremblant , je n’ai pas hésité une seconde. D’abord parce que c’est toujours un plaisir de rouler sur l’un des plus beaux circuits en Amérique du Nord, ensuite pour renouer avec des pilotes, officiels et bénévoles que je connais depuis longtemps et, surtout, pour être un participant actif de cette nouvelle aventure dès le départ.

J’avais toutefois une certaine appréhension. Même si je connais très bien le circuit et que j’y ai roulé souvent avec toutes sortes de voitures auparavant, je n’y avais jamais roulé avec une voiture de course à traction avant. Je savais que j’allais devoir m’adapter à une nouvelle réalité et développer de nouvelles aptitudes comme les caractéristiques techniques d’une traction exigent un style de pilotage qui est presque à l’opposé de celui que l’on adopte au volant d’une propulsion. Un beau défi en perspective avec 22 voitures identiques inscrites à l’épreuve.

Les essais libres

Premier boulot en arrivant au circuit, après avoir apposer avec minutie les autocollants « Gélinas » sur la voiture numéro 23, prendre place au volant pour régler la position du siège, ajuster le harnais de sécurité, mettre mon casque, vérifier l’interface radio pour les communications avec le chef d’équipe et surtout régler les rétroviseurs.

Ensuite il était temps de faire connaissance avec mes coéquipiers pour la fin de semaine, Thanaroj Thanasitnitiket, originaire de Thaïlande et pilote de la voiture numéro 2 inscrite par la Nissan GT Academy, ainsi que son collègue Abhinay Bikkani, de l’Inde et pilotant la voiture numéro 3. Je retrouve avec plaisir mon collègue journaliste Brian Makse qui pilotera la voiture numéro 24.

À la première séance d’essais libres, je fais le sixième meilleur temps. C’est très gratifiant, compte tenu du plateau mais je fais encore quelques erreurs et je provoque trop de patinage de la roue intérieure en sortie de virage.

Comme pour la voiture de série, la Micra de course est dotée d’un différentiel conventionnel. En plein virage et avec un roulis très présent le différentiel livre le couple du moteur à la roue la plus facile à tourner : la roue à l’intérieur de la courbe. Résultat, la roue patine facilement et malmène le pneu en le surchauffant. Je dois composer aussi avec des disques de frein avant voilés et une pédale qui vibre fortement au freinage. Je dois adapter mon pilotage en conséquence pour la deuxième séance prévue en début d’après-midi.

Thanaroj s’est pointé neuvième, Abinhay douzième et Brian quatorzième, et tous se plaignent eux aussi d’un patinage excessif de la roue intérieure en sortie de virage.

Lors de la deuxième séance, je n’arrive pas à améliorer mes chronos et j’inscris le dixième meilleur temps. Les autres ont progressé. J’ai roulé avec les mêmes pneus très usés que lors de la séance du matin et les mêmes disques à l’avant. Je ne m’en fais pas trop. Les freins seront changés pour la qualification du samedi ainsi que les pneus avant, ce qui allait s’avérer providentiel.

Lors de cette deuxième vague d’essais libres, Abinhay inscrit le douzième chrono, Thanaroj le treizième et Brian occupe le quinzième rang. On se dit tous que demain est un autre jour, et j’en profite pour aller féliciter le pilote d’Edmonton, Stefan Rzadzinski, qui avec la voiture 69 de l’équipe Motorsports in Action a réalisé le meilleur temps lors des deux séances d’essais libres. Tout un exploit de sa part qui le placera aux avant-postes pour la suite des choses…

La qualification

En coupe Micra, il n’y a qu’une seule séance de qualification même si les pilotes participent à deux courses pendant la fin de semaine. Le meilleur temps inscrit par chaque pilote établit donc sa position de départ pour la course numéro 1.  Son deuxième meilleur temps lui donne sa position sur la grille pour la course numéro 2.

J’ai la chance de sortir des puits juste derrière Valérie Limoges qui pilote la voiture numéro 4 de l’équipe H. Grégoire Nissan. Elle a beaucoup d’expérience à Tremblant avec des voitures similaires à celles que nous conduisons. Je prends deux tours pour louvoyer vigoureusement de droite à gauche afin de réchauffer les pneus avant neufs et je décide de la suivre pour rouler avec elle pour profiter de l’aspiration de sa voiture sur la longue ligne droite arrière. Ça marche.

Je la dépasse. Expérimentée, elle se range derrière moi pour les deux prochains tours pour que je puisse lui rendre la pareille. Elle repasse devant et c’est le drapeau à damiers.

Mon meilleur chrono est 2 minutes 5 secondes et 986 millièmes, bon pour la dixième place de départ… juste derrière Valérie qui a fait 2 :05.743. Dans l’équipe, tout le monde jubile car Thanaroj a signé le troisième chrono avec un temps de 2 :04.816. Abinhay se classe huitième, devant Valérie et moi, avec un chrono de 2 :05.331.  Brian se pointe quinzième à 2 :07.192.

Olivier Bédard, pilote de la voiture 96, signe la première position  de tête de l’histoire de la coupe Micra avec un temps canon de 2 :04.221.  Jean-Marc Isabelle, pilote de la voiture 86 partira à ses côtés grâce à un temps de 2 :04.466.

Les quatre premiers sont dans les 2 minutes 4 secondes, les 6 prochains dans les 2 minutes 5 secondes, les 4 suivants dans les 2 minutes 6 secondes et le reste du peloton inscrit des temps qui vont de 2 minutes 7 à 2 minutes 11 secondes. C’est très serré et déjà, j’anticipe que ça va jouer du coude dès le départ…

Un moment de légèreté et un baptême improvisé

Avant la course, tous les pilotes de la série doivent se présenter à la tour de contrôle pour la traditionnelle réunion des pilotes. Keith Blatz du Circuit Mont-Tremblant fait l’appel et chacun répond présent. Ça se passe bien jusqu’à ce qu’il arrive au nom de Thanaroj Thanasitnitiket.  Il lui demande comment bien prononcer son nom. Thanaroj s’exécute en thaïlandais. Dans le silence qui suit le monde se demande comment faire pour réussir à le répéter convenablement. C’est à ce moment que je dis tout fort « From now on, he will be known as Mister T! », ce qui provoque l’hilarité générale… Appeler quelqu’un « monsieur » n’est-il pas une forme de respect? Chose certaine, ce jeune de 19 ans en mérite déjà beaucoup pour ses performances en piste.

« Mister T. » et « Bokka »

Quelques mots maintenant pour vous présenter qui sont Thanaroj et Abinhay, les deux recrues inscrites par la GT Racing Academy de Nissan. Ils ont ont gagné leur volant pour la coupe Micra en remportant leurs championnats respectifs de Sony PS4 en Thaïlande et en Inde.

Oui, ils étaient des gamers jusqu’à tout récemment. Depuis leur sélection, ils ont été pris en charge par la GT Academy qui les a formés au volant de voitures de course ainsi que sur un véritable simulateur professionnel de l’écurie basée à Silverstone en Angleterre. De plus, ils bénéficient des conseils d’un coach de pilotage et sont encadrés comme de véritables pilotes professionnels.

Ils ont passé quelques jours à tourner à Tremblant et à l’Autodrome St-Eustache avant la fin de semaine. Chaque fois qu’ils descendent de leur voiture de course, ils passent des heures à analyser toutes les données enregistrées par les appareils de télémétrie et les images captées par les caméras montées à bord afin d’améliorer leur pilotage.  Éric Côté, le patron de GT Racing, les coache dans ces analyses.

Quand on constate que Thanaros est passé de la neuvième position lors de la première séance d’essais libres à la troisième position en qualification, ça en dit long sur le professionnalisme de l’équipe et le travail du pilote…

Par-dessus tout, Mister T. est très sympathique, malgré sa connaissance limitée de l’anglais, tout comme Abinhay « Bokka » Bikkani qui se débrouille très bien dans la langue de Shakespeare.

La course numéro 1

Être dixième au départ au Circuit Mont-Tremblant, ça signifie être à l’extérieur de la rangée numéro 5, du côté gauche, lorsque le peloton regroupé se présente sur la ligne droite pour le drapeau vert. Comme les trois premiers virages tournent à droite, cela signifie que l’on va devoir les aborder par l’extérieur ou essayer de se rabattre à droite pour protéger l’intérieur dans ces trois premiers virages. Je vais tenter cette dernière option, me rabattre à l’intérieur.

On roule.  Je suis sur  le deuxième rapport pendant que les deux leaders augmentent très progressivement le rythme entre le dernier virage et la passerelle du préposé au départ. Le vert est donné et nous voilà tous à fond. C’est la ruée.

Marc-Antoine Demers, pilote de la voiture 88 qui s’était qualifié sixième, réagit moins rapidement. Il se fait prendre l’intérieur d’un seul coup  par Valérie Chiasson, Abinhay Bikkani et Valérie Limoges. Comme je rattrape Marc-André et que Metod Topolnik qui partait onzième me bloque l’intérieur, je dois déborder par l’extérieur. Très mauvaise idée. Je perds quelques positions mais j’ai une très belle vue sur les bagarres qui se déroulent devant moi.

Deux tours plus tard, mon collègue Brian Makse entre en contact avec un autre compétiteur dans le virage du Gulch et part  en tête-à-queue. Il reprendra le contrôle de sa voiture pour terminer en quinzième position.

Je passe le restant de la course à échanger des positions avec Marc-André Demers et Jacques Bélanger, pilote de la voiture numéro 29. Je termine derrière eux à ma position initiale en dixième place.

La vedette de la course, c’est Mister T. Notre joueur de console Playstation l’emporte avec une seconde d’avance sur Jean-Marc Isabelle qui, lui, devance Stefan Rzadzinsk par trois dixièmes de seconde. Pour ce qui est de notre autre invité spécial, Abinhay Bikkani réussi une superbe course, grimpant à un moment de la huitième à la première place avant de s’accrocher avec Marc-André Bergeron, pilote de la voiture numéro 88 dans le virage numéro huit. Abinhay termine quand même en sixième position.

Ça discutait ferme dans les paddocks après cette première course mouvementée où les contacts avaient été nombreux. Pour pouvoir faire mieux lors de la course du dimanche il fallait coûte que coûte que je me rabatte à l’intérieur au départ puisque j’allais partir de la dixième position encore une fois.

La course numéro 2

Dimanche matin. Nous avons droit à une courte période de réchauffement, histoire de reprendre la voiture en mains. Puis c’est l’attente avant la grande finale…

Drapeau vert et on roule à Tremblant! Comme prévu, je me range rapidement à l’intérieur et j’ai une place de choix pour assister au spectacle qui se déroule devant moi à l’entrée des « esses ». Je ne sais pas si Abinhay, victime d’un accrochage la veille, a été touché par quelqu’un ou si c’est juste une erreur de pilotage de sa part, mais c’est bel et bien lui qui est en tête-à-queue dans le virage 4.

Instinctivement, je plonge au point de corde vers la gauche et je réussis à passer sans le heurter. Plusieurs autres pilotes n’ont pas cette chance et doivent le contourner par l’extérieur.  Certains doivent rouler dans le gazon les retardant considérablement. Pour Abhinay, la course se termine là.

Je roule ensuite avec Carl Nadeau, Metod Topolnik et Olivier Pelletier pour finalement passer le drapeau à damiers en septième position. Thanaros gère une autre superbe course et signe une deuxième victoire devant Olivier Bédard et Stefan Radzinski, alors que mon coéquipier Brian Makse termine en quatorzième place.

Le générique de fin

Je tiens à remercier tous les membres de l’équipe GT Racing d’Éric Côté pour leur professionnalisme et le plaisir que j’ai eu à rouler avec eux. Mon plaisir a été tout aussi grand de rouler avec tous les pilotes inscrits à cette première épreuve et particulièrement avec mes coéquipiers d’une fin de semaine.

Brian Makse et moi passons maintenant le volant de « nos » voitures à David Booth du National Post et Éric Lefrançois de La Presse pour l’épreuve numéro 2 disputée au Circuit Gilles-Villeneuve en lever de rideau du Grand Prix du Canada. Comme ça risque d’être apocalyptique à Montréal, je vous souhaite bonne chance les boys…

Voyez les faits marquants en vidéo

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