Rallye Gumball 3000 – Jour 2 : d’Oslo à Copenhague
Dans la vie, il y a différentes sortes de héros. Dans le cadre de cette aventure, un de nos héros s’appelle Steve. C’est lui le génie de la mécanique qui a la tâche de garder en vie les deux Camaro âgées de 46 ans des équipes Team Anastasiadate.com et Asiandate.com pendant qu’elles franchiront des milliers de milles à vitesse d’autoroute. Il y a aussi un groupe de jeunes héros norvégiens qui ont conduit dans la nuit pour ramener une pièce difficile à trouver et absolument essentielle à notre périple.
Il est 1 h du matin. Nous sommes près de la ligne de départ pour le Jour 2 du rallye Gumball 3000. Le capot de la Chevrolet Camaro rouge 1969 est ouvert et Steve s’affaire à ramasser les débris du rotor et du chapeau d’allumage qui se sont répandus dans le compartiment moteur, impeccablement propre par ailleurs. À sa droite, il y a Anthony et l’équipe de logistique Ryske Posten qui a joué un rôle essentiel pour assurer que notre groupe de 40 personnes fonctionne avec la fluidité d’un moteur bien huilé.
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C’est Ryske Posten et Another Brother, l’équipe de photo et vidéo qui immortalise les autos pendant la semaine, qui ont mis sur pied ce sauvetage improbable pour notre muscle car paralysé. Oscar, un des photographes, a lancé des sondes dans le monde des courses d’accélération norvégiennes. Il a géré une série d’échanges téléphoniques et envoyé des textos avec une photographie du chapeau d’allumage MSD exact dont nous avions besoin. Deux heures plus tard, l’objet était localisé. Quatre heures après le lancement de cette quête, un groupe de jeunes Norvégiens amateurs de mécanique livraient en personne le précieux chapeau après avoir roulé 300 km. Anthony et Steve étaient extrêmement reconnaissants.
L’installation a été rapide, on a ajusté l’avance à l’allumage à l’oeil (sans lampe stroboscopique) et le V8 de 383 pouces cubes était de nouveau prêt à dévorer les routes scandinaves. Nos jeunes sauveurs auraient pu demander la lune en échange de leur service, mais ils se sont contentés de proposer timidement qu’on leur rembourse une partie de leurs frais de carburant. Comme les milliers de personnes qui se sont rassemblées le long des routes, dans les rues et au-dessus des viaducs pour nous accueillir aux postes de contrôle et un peu partout sur le trajet, parfois même sous la pluie et dans l’interminable crépuscule nordique, ces jeunes hommes voulaient simplement vivre l’énergie unique du Gumball.
Bienvenue en Norvège.
Bienvenue au rallye Gumball.
Et c’est reparti!
Maintenant que les deux Camaro sont de retour sur la ligne de départ officielle, ce sera bientôt le moment de prendre la route et d’enfiler les kilomètres qui séparent Oslo de Ängelholm, en Suède. Ce sera notre arrêt pour le lunch, à l’usine des super voitures Koenigsegg. Notre destination finale est Copenhague, au Danemark, mais comme l’usine est presque sur notre chemin, aussi bien s’arrêter pour une petite visite.
Je serai dans la voiture d’accompagnement toute la journée aujourd’hui. À mes côtés, il y a Jeffrey, celui qui a été détenu par les forces de l’ordre locales en Suède. Jeff est né à Los Angeles et c’est là qu’il a grandi. Il me raconte à qu’il a été extrêmement surpris par le côté très informel de sa détention de la veille pendant l’après-midi. Pas de menottes, dit-il, ils m’ont simplement demandé de marcher derrière eux jusqu’à l’hôpital pour un prélèvement sanguin parce que leur alcootest mobile était en panne. Il a passé le test sans problème, après avoir assisté à une critique en règle de deux officiers plus âgés contre le vieil ordinateur d’analyse que ni un ni l’autre ne savait faire fonctionner.
« Le premier m’a regardé avec l’air bougon et il m’a dit que parfois il avait envie de prendre son 9 mm et de cribler de balles cette machine maudite. J’étais encore sous l’effet de surprise lorsque son collègue a ajouté qu’il était d’accord, qu’il pourrait vider son chargeur dans l’ordinateur lui aussi. » Jeff était incrédule, et encore plus une trentaine de minutes plus tard; les policiers l’ont déposé devant un rassemblement de spectateurs du rallye, ils lui ont serré la main et ont ajouté qu’ils avaient été contents de le rencontrer.
En visite chez Koenigsegg
À l’ancien aéroport qui accueille maintenant l’usine de production des Koenigsegg, il y a foule. Nous faisons des ohh et des ahh devant les Agera et autres modèles exotiques, et les démonstrations du procédé application de la fibre de carbone qui rend ces voitures solides, légères, et parmi les plus rapides du monde. Malheureusement, nous ne pourrons pas piloter une Koenigsegg sur le circuit parce que la pluie est maintenant installée pour de bon, mais cela n’empêche pas les avions militaires suédois de faire une démonstration aérienne.
D’ailleurs, ce serait pratique d’avoir un avion à réaction – ou peut-être l’hélicoptère de Dmitri – pour reprendre le chemin du rallye. Nous n’avons que 700 m à parcourir pour rejoindre la route, mais la foule chez Koenigsegg est devenue tellement grosse que notre véhicule d’accompagnement Volvo demeure pratiquement immobilisé pendant 40 minutes. Nous réussissons à nous évader en faisant un peu de conduite hors route et en faisant fi des lois élémentaires en matière de respect de la propriété privée. Nous sommes donc de retour sur la route bien avant les machines exotiques (et nos deux Camaro) qui n’ont pas la généreuse garde au sol de la XC60.
Le truc de la Tesla?
Nous reprenons notre périple vers Copenhague et nous franchissons le détroit qui sépare le Danemark de la Suède en empruntant le très long pont Øresund. Pendant la traversée, nous discutons d’une question qui nous intrigue depuis le début du rallye : comment se fait-il que la Tesla Model S réussit à franchir tous les kilomètres entre les postes de contrôle? Ces distances sont nettement supérieures à l’autonomie normale de cette voiture avec une batterie chargée à fond. Je réussis à repérer la voiture électrique un peu avant l’heure du souper. J’aperçois la berline chargée d’autocollants à un feu rouge; elle est à la tête d’une file de Tesla locales plus simplement décorées qui font une promenade en ville. La machine disparaît en silence avant que je réussisse à rejoindre le pilote pour satisfaire ma curiosité.
Demain, Amsterdam, via les autobahn allemandes. Cette étape permettra de tester la détermination des pilotes du Gumball, de même que la tolérance d’un pays dont la relation avec le rallye a été pour le moins tendue. Ce soir, j’aurai droit à trois heures de sommeil et je m’endormirai avec un ardent espoir que tout fonctionnera bien demain matin.
Statistiques Gumball : Jour 2
Nombre d’interventions du limiteur de régime entendues en première vitesse : plus de 75
Nombre de départs en faisant patiner les pneus en plein trafic avec une BMW de Série 3 aucunement modifiée : 3 (tous par le même conducteur)
Mesure du détecteur de comportement bizarre des célébrités : 0/10 (pas d’apparition de Dolph Lundgren aujourd’hui)
Index de fiabilité des Camaro : 9/10
Nombre de fois où quelqu’un de notre voiture d’accompagnement a fait du mooning (montrer ses fesses...) à quelqu’un dans une autre voiture d’accompagnement : ????
Nombre total de décès exotiques : 0
Montant total des amendes imposées par la Suède à notre convoi : 620 $
Montant total des amendes évitées par pure chance : 10 000 $
Nouveau mot appris en danois : « Havefrue », qui signifie « sirène », comme dans La petite sirène (Den lille Havefrue)
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