Voiture électrique - payant pour son budget et la province selon une étude d'ici

Publié le 17 juillet 2015 dans Technologie par Jean-François Savoie

L’or bleu, vous connaissez? Si l’Alberta a son or noir bitumineux, le Québec a son or bleu hydroélectrique. Pour le moment, la très grande majorité d’entre nous roule en achetant de l’or noir de l’extérieur. Pourtant, l’or bleu se rend dans chaque maison du Québec que ce soit en eau ou en électricité, et pour pas cher. Pire, Hydro ne vend pas tous ses surplus.

Alors, pourquoi n’y a-t-il pas plus de gens qui s’achètent une voiture électrique? Facile, on n’achète pas ce que l’on ne connaît pas. Et l’on ne connaît pas ce dont on ne fait pas la promotion ou la publicité. Quand est-ce que vous avez vu une pub de la Chevrolet Volt ou de la Nissan Leaf?

Toute chose étant égale par ailleurs

Mais les choses changent de plus en plus vite. Plus de 5 000 voitures électriques roulent au Québec cette année. Et vous savez quoi? Ça coûte moins cher à leur conducteur de rouler que pour vous et moi. Combien moins cher?

Comme chacun a ses chiffres, pour le savoir plus officiellement, les membres du Club Tesla Québec ont réalisé une étude avec l'aide de l’UQAM et du RNCREQ, le regroupement national des conseils régionaux de l’environnement.

« Le premier résultat de cette étude démontre que l'impact économique de rouler en VÉ (véhicule électrique) permet au consommateur moyen de réduire de 20 % son budget total alloué à son véhicule, comparativement à un véhicule à essence », explique Stéphane Pascalon, président du Club Tesla Québec.

L’étude compare la location sur 48 mois d’une Ford Focus électrique vs une Ford Focus Titanium. Le calcul de l’étude est basé sur un kilométrage annuel de 20 000 km.

Même si la version électrique coûte plus que sa version à essence, elle permet de garder plus d’argent dans ses poches. Comment? L’étude montre que la différence en coût d’énergie électricité vs essence est de 80 %. La voiture coûte plus cher, mais son « carburant » coûte beaucoup moins cher. Ajoutez à cela, le coût d’entretien, les assurances, etc. (VOIR TABLEAU no1 intitulé - analyse comparative)

Si un exemple ne vous suffit pas, l’étude a répété l’exercice en comparant les paires suivantes :

Sur cinq ans, en fonction des paramètres choisis par l’étude, vous pourriez économiser de 7 à 25 % sur votre budget automobile. Soit plus de 2 000$ avec SPARK VÉ (on attend toujours la confirmation de son nouveau prix pour l’automne 2015) ou un peu plus de 8 200$ si vous choisissez une Leaf plutôt qu’une Matrix. (Voir le tableau no2 intitulé - comparaison VÉ vs ICE qui veut dire moteur à combustien interne en anglais)

Une omission?

Dans le calcul des frais relatifs à la voiture électrique, l’étude ne mentionne pas l’achat et la pose d’une borne électrique. La position du Club est qu’éventuellement la borne sera un achat lié à la maison. Déjà en Californie, le code du bâtiment exige que les nouvelles maisons soient construites en fonction d’une borne électrique.

Si à terme l’on peut concevoir que la borne de recharge sera comprise dans le prix d’une maison neuve, pour le moment, si l’on ne veut pas recharger des heures sur du 110 volts, on s’achète une borne. Un tel produit comme la borne EV Duty produite à Grand-Mère et distribuée partout au Québec coûte 579 $. Par contre, elle ne se déprécie pas. Si vous achetez une Tesla, le simple connecteur sur une prise de la maison peut être suffisant. C’est la solution utilisée par Stéphane Pascalon, président du Club Tesla Québec

Bon pour le Québec

L’étude ne s’arrête pas aux avantages pour les particuliers. Selon les calculs, si la voiture électrique coûte moins cher en budget annuellement pour le consommateur, elle est en même temps plus payante pour le gouvernement. Pendant que vous économisez en moyenne 20 % sur votre budget automobile, le Québec fait 20 % de plus d’argent que si vous conduisiez une voiture à essence.

« Cela s'explique en grande partie du fait que l'énergie n'est plus importée, mais est produite localement à même notre hydroélectricité. Le remplacement de 1 % du parc automobile à essence du Québec par des VÉ réinjecterait 140 M$ dans notre économie et réduirait d'autant le déficit de notre balance commerciale résultant de nos dépenses en pétrole de 14 milliards », précise M. Éric Rondeau, vice-président du Club Tesla Québec.

La province perçoit différentes taxes sur le litre d’essence. L’étude fait le calcul pour en arriver à 26,65 % du coût. Par contre, elle perçoit 100 % du prix de l’électricité que vous lui achetez à travers Hydro-Québec, société d’État. Le reste du coût de l’essence va au détaillant, au distributeur, à la raffinerie, au producteur de pétrole et au fédéral.

Les barrières à la voiture électrique comme l'offre

S’il est plus facile maintenant de pouvoir acheter une Leaf, une Volt ou une Tesla et de l’avoir rapidement, l’histoire est bien différente pour d’autres modèles comme la Kia Soul. Si vous avez commandé votre Soul électrique option Luxe en septembre, les chances que vous rouliez avec présentement sont très minces. Parlez-en à la conjointe du porte-parole de la coalition pour une loi zéro-émission pour le Québec qui favoriserait un plus grand nombre de VÉ ici. L’ironie totale.

Parlant de cette loi zéro-émission, elle gagne de plus en plus de partisans. Comme mentionné au paragraphe précédent, une coalition a été formée ce printemps pour en faire la promotion auprès du gouvernement. Et qu’est-ce qu’elle mange en hiver, cette loi? Simplement obliger les constructeurs automobiles à offrir plus de voitures électriques au Québec. Vous avez déjà vu une pub de Volt ou de Leaf ici? Cette loi existe déjà dans dix États américains dont notre voisin le Vermont (49e plus petit état) et ses 626 000 habitants.

Au Vermont, vous pouviez louer ce printemps une Volkswagen eGolf pour 259 $ par mois. Pas ici. Vous pouvez également vous y acheter une Mercedes B200 ou la Honda Fit électrique. Les constructeurs n’ont pas le choix dans ces États. Lors de l’événement Branchez-vous du printemps dernier (organisé par le CNTA), au circuit Gilles-Villeneuve, ces trois voitures étaient présentes pour les essais du public parce que les organisateurs avaient invité trois Américains propriétaires de ces voitures. Pas parce que les constructeurs ont voulu les faire essayer.

L’autonomie

La future Chevrolet Bolt fera 320 km sur des pinottes en électricité. La Tesla en fait déjà plus de 400. Une Volt roule sur sa pile pendant 80 km avant de démarrer sa petite génératrice à essence qui vous allongera ça jusqu’à 500 km.

Les entrées de garage de la rive-sud de Québec et de Montréal sont les endroits de prédilection pour y trouver le plus de VÉ par habitant. Pourquoi? Un seul mot : commuting. Les gens font la navette boulot-dodo chaque jour de la semaine. L’aller-retour est déjà en deçà de l’autonomie des batteries existantes. Combien de gens travaillent à plus de 40 km de leur maison? Vous arrivez à la maison le soir et vous branchez l’auto. Le lendemain matin elle vous attend entièrement rechargée.

Le réseau de bornes

Pas une semaine ne se passe sans que le Circuit électrique n'annonce une nouvelle installation de bornes. IKEA aura ses bornes bientôt. Lac-Mégantic a reçu des bornes en cadeau l'an dernier. Le zoo de Granby est branché. Une ville de 21 000 habitants comme Varennes sur la rive-sud de Montréal a sept bornes à des endroits stratégiques. De grands magasins, des hôtels, des restaurants un peu partout au Québec installent des bornes dans leur stationnement. Ce printemps, Tesla a inauguré sa première super station de recharge à Drummondville. Le temps de le dire, le Circuit électrique ajoutait ses propres bornes juste à côté pour les non-Tesla. Les prochains superchargeurs Tesla devraient pousser très bientôt à Rivière-du-Loup. Vous pouvez demain matin partir pour la Californie en Tesla grâce à leur réseau d'est en ouest. Imaginez, vous pouvez faire l'aller-retour en dépensant zéro dollar sur 10 000 km.

L’attachement à ce que l’on connaît

La voiture électrique n’est pas encore faite pour tout le monde. Par exemple, si vous voulez un pick-up électrique, vous devrez attendre un bout de temps mais ça s’en vient. VIA Motors, dont le président est Bob Lutz, père de la Chevrolet Volt, a annoncé en janvier 2015 le lancement de la production de son Chevrolet Silverado 4x4 électrifié pour cette année. Sur leur site on peut même y voir l'animateur Jay Leno essayer le camion. Au départ, l’usine en produira 10 000 par année. Imaginez Hydro-Québec rouler dans des pick-up dont elle produirait elle-même le carburant!

Oui, mais le moteur à essence? Ce n’est pas demain la veille que les voitures électriques remplaceront la majorité des voitures. La Mustang GT continuera de dormir bien au chaud dans un garage pendant l’hiver avant de ressortir une fois les routes sèches. Une Tesla P85S a beau être un bolide particulièrement puissant à conduire, pour ceux qui aiment un V8 ou un 4 cylindres à plat Boxer, il en restera toujours sur les routes.

Cela dit, l’étude du Club Tesla Québec nous apprend que si seulement 1 % des voitures roulant au Québec était remplacé par des voitures électriques, c’est 140 millions de dollars qui seraient réinvestis dans l’économie locale.

Notre question finale est donc la suivante : combien de gens au Québec s’achètent une voiture pour simplement aller du point A au point B et le faire le moins cher possible? Sûrement plus de 1 % de la population.

Vous pouvez consulter tous les tableaux de l'étude en cliquant ici

En rappel

Voici les quatre conclusions les plus importantes auxquelles arrivent les auteurs de l’étude.

  1. Un VÉ a un coût total inférieur d'environ 20 % à celui d'un véhicule à essence pour l'utilisateur (basé sur 20 000 km annuels, et ne fait que s'améliorer sur les plus grandes distances).
  2. Un VÉ a un coût d'énergie inférieur de 80 % à celui d'un véhicule à essence pour l'utilisateur (quel que soit le kilométrage).
  3. Un VÉ en circulation rapporte 20 % plus de revenus à la province qu'un véhicule à essence.
  4. Le remplacement de 1 % du parc automobile à essence du Québec par des VÉ réinjecte 140 M$ dans notre économie locale et réduit d'autant le montant d'argent « déduit » du PIB à travers la dépense de 14 milliards $ de pétrole.
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