Volkswagen Passat 2.0 T, grosse Jetta ou petite Phaeton ?
Si le dessin de la dernière Jetta ne passe pas la rampe, que dire de celui du modèle au-dessus dans la gamme Volkswagen, la Passat ? Entièrement remaniée pour 2006, cette dernière reprend le look familial instauré par la luxueuse Phaeton mais, pour une raison qui nous échappe, cette ligne sied mieux à une voiture grand format. Tant pour la Jetta que la Passat, l’arrière gêne par sa ressemblance avec l’ennuyeuse Toyota Corolla, l’antithèse du plaisir de conduire. Quant à l’avant, la calandre bourrée de chrome est particulièrement vulnérable aux plus petites touchettes. Mais qu’en est-il du reste ?
Revue de fond en comble, la Passat de nouvelle génération bénéficie de motorisations différentes (à l’exception du TDI) et d’un châssis modifié de Golf / Jetta plutôt que d’une base Audi. Même si l’appellation 4Motion continuera à être utilisée plus tard, le système sera différent et fera appel à une traction intégrale Haldex de fabrication suédoise en raison de la présence d’un moteur transversal au lieu de longitudinal. On a affaire à un 4 cylindres de 2 litres et 200 chevaux qui, dans ma voiture d’essai, livrait sa puissance aux roues avant via une transmission automatique à six rapports, le même nombre que la boîte manuelle également offerte. VW garde en réserve un nouveau VR6 3,6 litres de 280 chevaux qui viendra éventuellement transformer la Passat en une authentique berline sport.
Si cette récente Passat dégage une certaine opulence, c’est qu’elle a pris du gallon avec des dimensions accrues dans tout les sens et un équipement optionnel capable d’en faire une intermédiaire de luxe. Elle entend d’ailleurs se mesurer à des concurrentes bien nanties comme la Toyota Avalon et la Nissan Maxima, s’il faut en croire les communiqués de VW. Fort heureusement, le modèle essayé était plus modeste dans ses prétentions.
UN COUPLE EN BAGARRE
En changeant de châssis, la Passat a aussi troqué sa suspension un peu désuète pour un système multi-bras à l’arrière et des jambes de force MacPherson à l’avant. Ces dernières n’arrivent pas cependant à éliminer complètement l’effet de couple ressenti dans le volant lors d’une solide accélération. À ce propos, la voiture s’acquitte du 0-100 km/h en 8,1 secondes et ne met pas plus de 6,3 secondes à rallier les 120 km/h à partir de 80 km/h. Malgré la présence d’un turbocompresseur, le temps de réponse (délai entre l’enfoncement de l’accélérateur et l’application de la puissance) est quasi inexistant. La suralimentation n’a pas non plus d’effet négatif sur la consommation qui demeure très raisonnable pour une voiture qui a tout de même beaucoup grandi. Comptez sur une moyenne de 9 litres aux 100 km avec des pointes à 10,5 en ville et un rassurant 7,8 litres aux 100 km à une vitesse respectueuse sur autoroute.
J’avais toujours trouvé la suspension de la Passat un peu flasque pour pouvoir se prêter à une conduite sportive mais, la version 2006 offre la juste combinaison entre une tenue de route sûre et un confort pratiquement irréprochable. L’impression de solidité que confère un châssis parfaitement rigide (57% plus qu’avant, selon VW) est belle et bien présente, quoique certains petits bruits provenant de l’assemblage des garnitures intérieures viennent occasionnellement rompre le silence dans l’habitacle. Celui-ci est on ne plus vaste et il suffira de s’installer sur la banquette arrière pour avoir l’impression de prendre place dans une limousine tellement l’espace pour les jambes est généreux. Et que dire de l’immense coffre à bagages (avec un sac à skis) dont le volume dépasse celui d’une Mercedes de Classe E ou une BMW de Série 5. Il s’agrémente aussi de casiers de rangement placés dans les ailes dans lesquels on peut déposer de petits objets sans s’exposer à les voir jouer à cache-cache dans le coffre au premier virage. Le dessin des sièges mérite aussi une mention spéciale grâce à ce coussin qui se prolonge vers l’avant pour mieux supporter les cuisses.
BIEN ET MOINS BIEN
Si la nouvelle Passat veut graduer dans une catégorie supérieure, elle devra accorder un peu plus d’attention à certains détails comme l’appareil de radio souvent envahi par les parasites dans la voiture mise à l’essai. En plus, le plastique gris aluminium qui habille la console centrale n’est pas d’une très grande qualité pour une automobile qui entend faire carrière dans le haut de gamme. Heureusement, la grille chromée qui accueille le levier de vitesses apporte une touche de luxe qui est une vraie bouffée de fraîcheur. En plus, la marque allemande a su résister à la tendance courante d’inonder la radio et la climatisation d’une nuée de commandes pas toujours faciles à identifier ou à régler. On note aussi la présence d’un profond vide-poche central et de nombreux autres espaces de rangement très utiles.
Une des caractéristiques de cette nouvelle Volkswagen est sa clef électronique qu’il suffit d’avoir dans ses poches ou son sac à main pour déverrouiller la portière du conducteur. Il ne reste plus qu’à l’insérer dans le contact et de la pousser vers le fond pour que le moteur s’anime. Finalement, si vous angoissez chaque fois que vous devez immobiliser votre véhicule en haut d’une pente en attendant le feu vert, vous apprécierez le frein d’urgence de la Passat qui se limite à un petit bouton qu’il suffit d’enfoncer pour mettre la voiture en mode « Auto hold ». Ce n’est pas nouveau mais fort pratique.
En dépit des apparences, la Passat 2.0 T 2006 n’a rien d’une Phaeton et ressemble davantage à une Jetta qui aurait quitté l’adolescence pour passer à l’âge adulte. En admettant qu’elle soit plus grande, plus confortable et plus raffinée, il ne reste plus qu’à espérer qu’elle saura vieillir en beauté.
Feu vert
Tenue de route soignée
Moteur agréable
Consommation raisonnable
Confort appréciable
Habitabilité exceptionnelle
Feu rouge
Effet de couple
Calandre vulnérable
Réception radio médiocre
Fiabilité inconnue