Volkswagen Jetta, à la recherche du temps perdu

Publié le 25 janvier 2006 dans 2006 par Gabriel Gélinas

La nouvelle Jetta a comme mission de renverser la vapeur et d’endiguer la perte de vitesse connue par Volkswagen, dont les ventes en Amérique du Nord ont chuté de plus de 18 pour cent dans les quatre premiers mois de 2005. Cette contre-performance s’ajoute à la perte de 1 milliard d’euros enregistrée sur les opérations de la marque allemande en Amérique du Nord en 2004, situation qui a été qualifiée de « catastrophe » par Bernd Pischetsrieder, président et chef de la direction du groupe Volkswagen.

C’est donc toute une mission qui attend la nouvelle Jetta qui jouit toujours d’une belle cote de popularité au Québec où la marque compte de nombreux fidèles, et ce, malgré son dossier mitigé en ce qui a trait à la fiabilité. Pour l’heure, la Jetta ne se décline qu’en berline, le lancement d’un modèle de type familial sport à traction intégrale, qui ne portera probablement pas le même nom, n’étant prévu qu’en 2007. Par ailleurs, Volkswagen prévoit lancer un total de neuf véhicules, dont certains seront des variantes ou des déclinaisons de modèles connus, dans les dix-huit prochains mois.

Assemblé à l’usine de Puebla au Mexique, le modèle de cinquième génération présente des dimensions qui ont considérablement augmenté en longueur, en largeur ainsi qu’en hauteur, et l’empattement a également progressé ce qui permet à la nouvelle Jetta de proposer plus de dégagement pour les jambes des passagers qui montent à l’arrière, bien qu’elle ne soit pas aussi spacieuse à cet endroit qu’une Mazda 3. Avec son nouveau gabarit, le nouveau modèle s’inscrit en concurrence directe avec les rivales établies, mais il rejoint également un plateau plus élargi attendu que sa mission consiste maintenant à affronter les Honda Accord et Toyota Camry. Le volume du coffre est aussi en hausse puisqu’il atteint presque la barre des 460 litres, ce qui est énorme, mais rehausse son côté pratique. Sur le plan technique, la Jetta de cinquième génération a été élaborée sur une plate-forme qui est plus rigide de 15 pour cent par rapport à celle utilisée pour l’ancien modèle. Cependant, cette rigidité accrue est accompagnée d’un poids qui est maintenant plus élevé d’environ 150 kilos, ce qui a une incidence directe sur l’agilité de la voiture, sans parler de la consommation de carburant, en hausse de 1,2 litre aux 100 kilomètres dans le cas du modèle animé par le nouveau moteur à essence de 5 cylindres, selon Transports Canada.

La motorisation de la Jetta a donc été modernisée en faisant appel à l’une des célèbres marques récemment intégrées dans le giron du groupe Volkswagen, puisque le désuet quatre cylindres de 2,0 litres fait désormais place à un moteur cinq cylindres dérivé de celui qui équipe la Lamborghini Gallardo. Avant de vous emballer à la seule pensée de disposer d’une Jetta armée d’un moteur de 250 chevaux (le V10 de la Gallardo en développe 500), précisons que la puissance du nouveau moteur cinq cylindres de 2,5 litres n’atteint que 150 chevaux et que les similitudes entre ces deux moteurs se limitent à la course et l’alésage qui sont identiques, de même qu’à la culasse de 20 soupapes à calage variable qui est faite en aluminium.

Comme le poids de la voiture est en hausse, les performances en accélération ne sont pas spectaculaires malgré le fait que le nouveau moteur développe 40 chevaux de plus que l’ancien. Cependant, la nouvelle Jetta est très agréable à conduire en raison de la souplesse de ce nouveau moteur dont la plage de couple est élargie par rapport à celle du moteur de l’ancien modèle. Au volant de la nouvelle Jetta, on perçoit moins l’agilité et la tenue de route sportive qui a fait la marque des générations précédentes puisque le comportement routier du modèle actuel s’approche plus de celui d’une berline compacte de luxe. En effet, lorsque l’on pousse un peu dans les virages, on atteint rapidement la limite de la monte pneumatique d’origine dont l’adhérence laisse un peu à désirer. La nouvelle Jetta est donc plus lourde, plus bourgeoise, et un peu moins sportive en raison notamment d’une direction qui communique moins directement les sensations de la route.

Ceux et celles qui sont à la recherche de performances plus relevées devront donc se rabattre sur les modèles animés par le moteur 4 cylindres de 2,0 litres avec turbocompresseur qui développe 200 chevaux, alors que les adeptes de l’économie de carburant sont toujours servis par le 4 cylindres turbodiésel de 1,9 litre dont la consommation est très frugale ce qui autorise une autonomie frisant les mille kilomètres sur la grand-route avec un seul plein.

Pour ce qui est du style, la nouvelle Jetta affiche une nouvelle calandre ornée d’une bande de chrome, ce qui lui donne une présence plus assurée, mais il est toutefois regrettable que les feux arrière ressemblent à ce point à ceux d’une Toyota Corolla. Du côté de l’habitacle et de la présentation intérieure, précisons que la qualité des matériaux et de l’assemblage est en hausse et que l’ergonomie ne prête pas flanc à la critique, les principales commandes et les indicateurs étant disposés logiquement. Aussi, une touche de luxe est ajoutée par les compteurs cerclés d’argent qui demeurent illuminés de bleu la nuit.

La nouvelle Jetta a beau posséder de nombreuses qualités, est-ce que ce sera suffisant pour convaincre les acheteurs de délaisser les valeurs sûres de la catégorie pour tenter l’aventure en Volkswagen ? Une chose est certaine, la Jetta de cinquième génération devra faire preuve d’un bilan de fiabilité sans tache, c’est donc une histoire à suivre.

Feu vert

Rigidité du châssis
Nouveau moteur de 150 chevaux
Voiture plus spacieuse
Volume du coffre

Feu rouge

Poids élevé
Pneus d’origine pas très performants
Fiabilité inconnue
Version familiale en 2007 seulement

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