Jaguar S-Type, le style et c'est tout

Publié le 25 janvier 2007 dans 2007 par Gabriel Gélinas

Le lancement de la toute récente XK a beau raviver l’intérêt envers cette célèbre marque britannique, il n’en demeure pas moins que Jaguar vit actuellement dans la tourmente, son bailleur de fonds, qui est le géant américain Ford, étant aux prises avec d’importantes difficultés financières. Cet aspect pour le moins troublant s’ajoute au fait que les ventes de Jaguar sont en baisse et que certains de ses modèles sont en sérieuse perte de vitesse face à une concurrence toujours plus affûtée.

Lancée en 1999, puis rafraîchie en 2005, la S-Type affiche maintenant un âge avancé et elle n’est plus en mesure de faire face aux ténors de la catégorie que sont les européennes BMW Série 5, Mercedes-Benz de Classe E et Audi A6, ainsi que les japonaises Lexus GS, Infiniti M et Acura RL qui sont toutes plus récentes et surtout plus avancées sur le plan technique. Ce retard important dans le renouvellement de la S-Type est dû aux difficultés précitées, ainsi que par l’incertitude qui plane actuellement sur l’avenir de la marque. En effet, l’édition du 2 août 2006 du Wall Street Journal nous apprenait que le géant américain Ford entreprenait une révision stratégique complète de ses opérations qui pourrait mener à la vente de certaines de ses marques et de ses divisions ou qui pourrait entraîner des alliances avec d’autres marques. Du côté du Premier Automotive Group de Ford, les ventes vont bien chez Volvo, la marque Land Rover connaît un certain succès avec ses plus récents modèles, mais on continue de perdre beaucoup d’argent chez Jaguar. Déjà l’an dernier, on avait amorcé chez Ford une réflexion profonde sur la direction que devrait adopter Jaguar pour l’avenir, en précisant que l’une des options serait de réduire la taille de la compagnie en délaissant les modèles d’entrée de gamme que sont les X-Type et S-Type pour se concentrer sur le développement des berlines et coupés de luxe que sont les XJ et XK. Voilà donc le portrait de la situation tel qu’il se présente au moment d’écrire ces lignes.

Élégance classique ou look démodé ?

Le choix d’une S-Type relève donc d’une approche plus émotive que cartésienne de la part des acheteurs, dont certains sont encore et toujours séduits par l’élégant classicisme de la marque. De plus, j’ai noté que les Jaguar sont plus populaires auprès des femmes que des hommes, certaines d’entre elles tombant rapidement sous le charme de ces anglaises très stylées qui sont immédiatement reconnaissables et identifiables à leurs yeux. Bref, plus que jamais c’est une question d’attirance pour le look de la marque, jugé intemporel par certains et démodé par d’autres. Prière de choisir votre camp.

Le volume d’espace de l’habitacle étant réduit par rapport à la concurrence, on peut qualifier l’ambiance qui règne à bord d’intimiste ou encore on peut trouver que l’on se sent à l’étroit, dépendamment du point de vue où l’on se place. Une chose est certaine, conducteur et passager avant trouveront que la très large console centrale empiète sur l’espace pour les jambes, alors que les passagers arrière trouveront l’accès à bord difficile et le dégagement pour la tête plutôt juste en raison de la ligne de toit. Pour le reste, notons que l’ergonomie est plutôt déficiente, certaines commandes étant éloignées du conducteur, et que l’allure générale de la planche de bord ne respire pas tellement le luxe avec la présence d’une multitude de boutons de plastique empruntés à des modèles Ford...

Deux moteurs sont au programme, soit un V6 de 3,0 litres qui développe 235 chevaux et qui s’avère plutôt juste compte tenu du poids de la S-Type. Il faut plutôt opter pour le moteur V8 de 4,2 litres qui développe 300 chevaux, et qui semble être la motorisation la mieux adaptée à la voiture. Peu importe le moteur choisi, il faudra composer avec la grille de sélection en forme de « J » de la boîte automatique à six rapports qui est typique de la marque, mais qui rend le maniement du levier plus délicat en conduite sportive lorsque l’on souhaite commander manuellement le passage des rapports. Et c’est justement en conduite plus sportive ou tout simplement inspirée que la S-Type affiche un comportement qui l’est nettement moins. Les freins manquent d’endurance, la direction est floue et la voiture a tendance au roulis en virage, bref, elle n’aime pas beaucoup être brusquée. En contrepartie, la S-Type est très silencieuse et conviendra certainement à une clientèle qui n’a pas l’intention de s’amuser au volant.

La version sport

Quant à la S-Type R qui est animée par une version suralimentée par compresseur volumétrique du V8 de 4,2 litres produisant 400 chevaux, précisons qu’elle est moins rapide en accélération et moins agile en tenue de route que la plus grande berline XJR qui dispose du même moteur, mais qui est plus légère car réalisée en aluminium. Il serait pourtant logique de penser que la S-Type R devrait être plus agile et rapide en vertu de ses dimensions réduites face à la XJR, mais c’est tout le contraire qui se produit et c’est la différence de poids qui en est la cause. De plus, le châssis de la S-Type manque de rigidité et cette lacune devient plus évidente au volant de la version plus performante.

« On n’arrête pas le progrès » comme le veut le dicton, et malheureusement pour Jaguar, la S-Type n’a pas suivi le défilé. Son évolution a été presque inexistante et c’est pourquoi elle a perdu beaucoup de terrain face à la concurrence. On attend donc le prochain chapitre...

feu vert

Silhouette réussie
Moteur V8 de 4,2 litres
Confort à l’avant

feu rouge

Fiabilité incertaine
Manque de puissance du V6
Poids élevé
Direction floue

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