Le transport automobile a-t-il atteint son apogée?

Publié le 28 janvier 2016 dans Dossiers et conseils par Marc-André Gauthier

Chaque matin, des millions d’automobilistes dans le monde restent coincés dans le trafic en se rendant au boulot. On ne le réalise peut-être pas, mais le temps qu’ils perdent dans la circulation a des répercussions économiques importantes.

Les plus récentes études, datant de 2006, évaluent entre 3,1 et 4,6 milliards de dollars les dommages économiques du trafic au Canada.

Comment obtenons-nous ces chiffres?  

Le calcul est plutôt complexe, ce qui explique la disparité entre les deux valeurs précédentes. En fait, on calcule la quantité de carburant gaspillée par les voitures qui font du surplace, puis la pollution liée à ce carburant, et surtout, on calcule le temps perdu des gens. On considère qu’une personne prise dans le trafic consacre moins de temps avec sa famille, avec ses amis, et à ses activités. Ces derniers éléments se traduisent en des dépenses pour diverses activités qui n’auront pas lieu, d’où un manque à gagner pour l’économie canadienne.

Pour contrer la circulation, les autorités locales ont recours à des solutions technologiques, comme implanter des feux de circulation intelligents, ou bien encore des panneaux afficheurs un peu partout pour avertir les automobilistes des entraves qui les guettent, et des meilleures alternatives, le cas échéant. 

Dans la région de Montréal, le gouvernement de la Province de Québec a mis en place une station de radio dédiée à la circulation routière, où des « chroniqueurs » se relaient, 24 heures sur 24, pour dresser le portrait de la situation sur les principales routes entourant la métropole.

Un problème de plomberie

En vérité, la solution ne passera pas par la technologie. On pourrait rendre la circulation la plus fluide possible grâce à la technologie, diminuer le trafic causé par des erreurs humaines à l’aide de « voitures autonomes », mais à la fin, ces solutions ne contrôleraient que le débit d’eau dans un tuyau, et non la largeur du tuyau lui-même...

À moins de pouvoir augmenter la capacité brute de nos routes, chose qui n’est même pas sur la table, la circulation ne risque pas de s’améliorer de sitôt.

J’ai eu la chance de m’entretenir avec Marilène Bergeron, chargée de projet — transport écologique chez Équiterre, un organisme luttant pour une société plus écologique, équitable et égalitaire —, et ses constats sont fort intelligents.

Pour Mme Bergeron, la solution à la congestion routière passe par une réorganisation de notre fonctionnement. Elle rappelle, avec justesse, que les ensembles résidentiels qui ont été érigés en banlieue au cours des dernières décennies ont été réalisés avec le déplacement automobile au centre de la question.

On y voit de larges avenues, mais très peu de places pour le transport en commun. 

L’attrait de l’automobile, et l’adaptabilité de l’homme 

Ainsi, Mme Bergeron propose, en toute sagesse, de pénaliser davantage les automobilistes pour les encourager à prendre le transport en commun, la meilleure manière, selon elle, de réduire la circulation. À condition que l’offre de transport en commun soit bonifiée, bien entendu. 

Cela dit, l’automobile semble avoir plus d’attrait que le transport en commun. Au cours des dernières années, en dépit d’un prix à la pompe particulièrement élevé, et d’une importante congestion routière, les milliers de gens se rendant au travail tous les jours ont, tout même, majoritairement préféré la voiture. 

L’automobile confère une liberté certaine, au sens où elle ne contraint pas à des horaires, et s’avère un choix plus douillet, puisqu’elle procure une intimité que le transport à commun ne peut reproduire, dans sa définition même. 

Si certains ont une vision catastrophiste, d’autres, au contraire, voient en l’homme une créature qui s’adapte facilement à de nouvelles conditions. Devant tout le trafic pour rentrer à Montréal, plusieurs ont adapté leurs horaires pour l’éviter en bonne partie, au point où le trafic autour de la métropole est à peu près stable depuis quelques années, en dépit d’un nombre de véhicules toujours croissant dans la province.

S’il doit y avoir une conclusion à ce texte, disons simplement que le trafic est un problème causé par débit trop fort dans un tuyau trop petit, que la solution passe par une réduction de ce débit, puisque l’agrandissement des tuyaux n’est pas dans les projets, et qu’au travers de ça, l’automobile continue de demeurer attrayante. 

Comme une professeure de littérature m’a déjà dit, « il ne faut pas chercher une morale à chaque histoire ».

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