BMW X5 M 2016: Mon étrange dépendance

Publié le 17 décembre 2015 dans Essais par Alain Morin

Avez-vous vu cette télé-réalité où certains mangent des sacs en plastique et d’autres dorment avec leur séchoir à cheveux? L'émission n'en a jamais parlé mais je sais que quelques-uns tripent sur les VUS surpuissants et coûtant plus de 100 000 $.

Pour mieux comprendre cette étrange dépendance, je me suis porté volontaire pour faire l’essai d’un BMW X5 M, un VUS intermédiaire de luxe, version sportive, que dis-je ultrasportive, du célèbre X5. Après ça, on viendra dire que je n'ai jamais rien fait pour améliorer la société.

Le X5 M relègue le X5 dans l’ombre, lui qui, dans sa version indigente xDrive35i, ne propose qu’un six cylindres de 300 chevaux. Oh, il y a bien le xDrive50i dont le V8 4,4 litres développe un maigre 445 chevaux. En passant par les ateliers de la division M, le département sport de BMW, le X5 en ressort avec le même 4,4 litres mais gonflé à 567 chevaux et 553 livres-pied de couple. Malgré les 2 385 kilos qu’il a à traîner, les accélérations sont énergiques, c’est le moins qu’on puisse dire!

La nuance la plus marquante entre un X5 et un X5 M se situe sous le pare-chocs avant alors que les prises d’air sont beaucoup plus imposantes sur ce dernier. La partie inférieure arrière est également différente et la version M se distingue par ses échappements ronds quadruples. Outre un volant différent et quelques badges M, l’habitacle est similaire. Évidemment, les changements les plus importants portent sur des détails comme le prix, la consommation d’essence, les coûts d’entretien, etc. Mais pour être franc, les autres VUS de même acabit (Range Rover Sport SVR, Porsche Cayenne Turbo S et Mercedes-AMG GLE S 4 Matic) entraînent tous des déboursés faramineux.

Dépendance auditive

Dès que le bouton Start/Stop est enfoncé, le roucoulement de l’échappement apaise toute appréhension que pourrait avoir l’amateur de véhicules puissants. De toute évidence, on ne joue pas dans la catégorie des quatre cylindres! Le X5 M accélère prestement, comme s’il était un poids plume, engageant un superbe grondement du moteur. Malheureusement, une fois rendu à la vitesse de croisière, ce grondement se tait, la faute incombant aux tonnes de matériels insonores cachés ici et là.

Dépendance à l'adrénaline

Le X5M accélère prestement. Puis, on refait l’exercice en mode Sport. Oh que ça déménage! C’est à se demander comment une telle masse peut avancer aussi vite. La boîte de vitesse à huit rapports, si elle était très rapide en mode normal, se surpasse et semble avoir avalé des vitamines. Les changements sont vifs et se passent au bon moment, même lorsque l’on tente de la prendre en défaut.

Ensuite, on refait l’exercice en mode Sport +, cette fois. Le 0-100 est l’affaire de 4,5 secondes (selon mes mesures - BMW annonce 4,2 et c’est réalisable) tandis qu’une accélération entre 80 et 120 km/h ne prend que 3,4 secondes. Les deux turbos ne souffrent d’aucun délai et l’accélérateur, contrairement à beaucoup de produits allemands, est facile à doser. Les freins sont tout simplement fantastiques et stoppent cette montagne sur roues en 37,7 mètres, une donnée qui s’approche de celle d’une M3, beaucoup plus légère. Lors d’un arrêt d’urgence, cependant, la pédale gagnerait à être un peu plus dure.

Malgré ces essais de performance et plusieurs coups d’accélérateurs impromptus ayant pour seul but le plaisir auditif, notre X5 M n’a consommé « que » 13,9 l/100 km. En regard aux performances et au poids, cette consommation est presque émouvante de sobriété. On parle d’essence super, évidemment!

Dépendance aux courbes

La suspension pneumatique est ajustable, bien entendu. À son niveau le plus sportif, lire le plus ferme, elle devient rapidement inconfortable, surtout si la chaussée est bosselée. À ce moment, les immenses pneus (des 285/35ZR21 à l’avant et 325/30ZR21 à l’arrière) suivent fidèlement le moindre cheveu tombé sur la chaussée. À bien y penser, ils font la même chose, même quand la suspension est en mode Confort. La direction est un modèle de précision pour un véhicule aussi lourd et l’on se prend vite pour un pilote de course. Dans les courbes, ce VUS sur les stéroïdes ne penche pratiquement pas et se place au millième de millimètre, surtout en mode Sport +. Mentionnons enfin que le rayon de braquage est grand mais pas exagérément compte tenu de la largeur des pneus. Toutefois, ce véhicule est nettement plus à l’aise dans les grandes courbes rapides d’un circuit que dans un slalom serré.

L’habitacle de « notre » X5 M était recouvert d’un cuir rouge pour le moins voyant. Ceux qui aiment « flasher » ont adoré! Plus important, les sièges avant supportent parfaitement les cuisses et retiennent bien les corps en virage. Certains semblent les trouver trop fermes mais pas moi.

Dépendance tout court

Le système iDrive a beau avoir été passablement amélioré au fil des ans, il est encore trop compliqué à mon goût. La simple action de lui faire mémoriser une station de radio est une épreuve complexe. Aussi, et ça n’a pas rapport avec le iDrive, mettre le véhicule sur la position « Park » demande un petit cours avant de quitter le concessionnaire. J’ai dû appeler un collègue pour y arriver!

Depuis que cet essai a eu lieu (début novembre 2015), je mange des sacs en plastique, j’ai mis le feu à mon matelas deux fois parce que j'avais oublié d'éteindre mon séchoir à cheveux et quand je repère un BMW X5 M (un X6 M, la version coupé du X5 M, peut aussi faire l’affaire) dans un stationnement, je vais lui faire un gros câlin. Ah, tiens, j’ai un message sur mon cellulaire. Je dois rappeler une recherchiste de Canal Vie…

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai BMW X5 2016
Version à l'essai M
Fourchette de prix 66 000 $ – 105 900 $
Prix du modèle à l'essai 105 900 $
Garantie de base 4 ans/80 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 4 ans/80 000 km
Consommation (ville/route/observée) 16,6 / 12,1 / 13,9 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Audi Q7
Points forts
  • Un des rares vrais VUS sport
  • Puissance phénoménale
  • Tenue de route superlative
  • Consommation élevée mais elle pourrait être pire
  • Plaisir de conduite très relevé
Points faibles
  • Coûts d'achat, d'entretien, de pièces, d'assurances, d'essence faramineux
  • Sonorité du moteur quelque peu étouffée
  • Suspensions fermes
  • Système iDrive encore énigmatique
  • Véhicule qui peut développer une forte dépendance au plaisir.
Fiche d'appréciation
Consommation 3.5/5 Assez curieusement, elle n'est pas "si pire" que ça en conduite normale. Évidemment, si on veut jouer les Lewis Hamilton, c'est une autre histoire.
Confort 3.5/5 Les suspensions sont dures mais les sièges compensent
Performances 4.5/5 Yeah!
Système multimédia 2.0/5 Plusieurs personnes n'ont rien contre le système iDrive et auraient sans doute accordé 3 ou 4 étoiles. À vous d'en faire l'essai avant d'acheter un véhicule BMW.
Agrément de conduite 4.5/5 Difficile de croire que cette grosse boîte peut procurer autant de plaisir!
Appréciation générale 4.0/5 Oh que j'ai aimé ce véhicule. Un peu trop extrême pour la vie de tous les jours, cependant.
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