Nissan Maxima 2009, est-ce trop tard?

Publié le 10 mars 2009 dans Essais par Antoine Joubert

En 2004, Nissan aura fait l'erreur fatidique de transformer complètement sa berline Maxima en la dirigeant vers une tangente trop sportive. Le sport prédominant sur le luxe allait alors à l'encontre des aspirations passées de la voiture, qui avaient fait son succès. Et même si la Maxima avait jusqu'à ce jour toujours été appréciée pour ses qualités dynamiques, il n'en demeure pas moins que les acheteurs s'y intéressaient d'abord pour ses qualités de confort et de luxe.

L'erreur effectuée il y a cinq aura donc eu pour effet d'engendrer une chute drastique des ventes de la Maxima, et ce, de l'ordre d'environ 50% par rapport à l'année antérieure. De plus, avec une Altima de plus en plus puissante et spacieuse, ainsi qu'avec une Infiniti G35 nettement plus sportive, cette berline supposément sportive s'est soudainement retrouvée entre deux chaises.

Cinq ans plus tard, Nissan - qui est entièrement conscient du problème - tente de faire revivre le modèle qui aura été dans les années quatre-vingt-dix, l'un des plus populaires de toute sa gamme. Hélas, le marché a changé et la Maxima s'y prête moins bien. Il aurait fallu pour reprendre sa position d'antan qu'elle révolutionne ou du moins qu'elle innove, mais hélas, ce n'est pas le cas.

Personnellement, je crois mordicus qu'un simple changement de nomenclature ou de gamme aurait permis à cette voiture de véritablement retrouver la voie du succès. En la positionnant par exemple chez Infiniti avec une appellation alphanumérique, cette voiture aurait très bien pu rivaliser avec des berlines comme la Lexus ES, la sportive Infiniti G37 rivalisant plutôt avec la Lexus IS. Et de cette façon, elle aurait pu attirer l'attention de ceux (et ils sont nombreux…) qui ne jurent que par les marques de luxe. D'ailleurs, si on se souvient bien, Infiniti a commercialisé jusqu'en 2004 la berline I, qui était directement dérivée de la Maxima. Trop chère, trop peu distincte et arborant un logo qui, à l'époque, n'avait pas encore ses lettres de noblesse, cette voiture est disparue presque sans laisser de traces. Sauf que là, c'est tout le contraire qui se produirait…

Comme la Toyota Avalon ou la Hyundai Azera, la Maxima de nouvelle cuvée est donc condamnée à l'insuccès, et ce, même si elle constitue un pas de géant par rapport à celle qu'elle remplace.

Un secret qui sera bien gardé…

Cette Maxima ne fait en revanche que prouver que de belles et bonnes voitures peuvent être vouées à l'échec. Car les quelques centaines de kilomètres parcourus au volant de cette septième génération de la Maxima ont franchement été d'un pur bonheur. Évidemment, la tempête de neige qui s'est abattue sur les Laurentides au moment où j'en prenais possession aura eu pour effet de minimiser mon plaisir au volant, mais j'ai en revanche pu découvrir que ses qualités hivernales étaient, pour une traction, loin d'être vilaines.

Première constatation en faisant connaissance avec cette Maxima : elle est belle, très belle. Elle a, au grand bonheur de tous, perdu ses allures de Pontiac Grand Prix japonaise récupérant son caractère à la fois noble et sportif d'antan. Son capot tout en courbe et ses ailes élargies lui donnent fière allure, alors que les phares en forme de boomerang ont pour effet de démarquer la voiture de ses rivales. Et Dieu merci, elle n'est désormais plus dotée de ce stupide panneau de toit SkyView, qui ne faisait qu'ajouter du poids de façon inutile.

À bord, on y retrouve un nouveau volant fort joli, une planche de bord plus ergonomique et, surtout, moins déroutante, ainsi qu'une qualité d'assemblage et de finition en nette progression. En fait, on se sent à bord presque comme dans une Infiniti. Il ne manque que l'horloge analogique et quelques touches de boiserie véritable…

Par rapport à la berline G37, la Maxima se démarque par l'espace et le confort qu'elle offre. Le dégagement est supérieur à tous les niveaux, les sièges sont un peu moins fermes et les espaces de rangement sont plus nombreux. Heureusement, le conducteur ne perd rien  au change en matière de position de conduite, puisque tous les éléments sont en place pour que tous y trouvent une position parfaite. La Maxima propose également un équipement de très haut niveau, comprenant même des éléments non offerts chez Infiniti. Pensons aux sièges arrière chauffants, au volant chauffant ou encore au toit ouvrant panoramique.

20 chevaux…et 200 kilos de plus!

La Maxima reprend le même moteur V6 que l'Altima, auquel on a insufflé 20 chevaux supplémentaires. Toutefois, comme le poids de la voiture est supérieur d'environ 200 kilos, pas besoin de vous dire que les performances ne sont pas plus relevées. Mais franchement, personne ne se plaindra, puisque la Maxima est tout de même très performante. Elle fait appel à la boîte automatique à variation continue la plus efficace du marché, ainsi qu'à un moteur souple et nerveux qui se compare honorablement à tous ses rivaux. Il en résulte d'ailleurs un sprint de 0 à 100 km/h s'effectuant en 6,4 secondes, ce qui est tout à l'honneur d'une voiture aussi massive.

Très agréable à conduire, la Maxima me plaît beaucoup. Mais elle me semble cependant un brin trop sportive pour la clientèle visée. Sa suspension ferme et ses roues de 18 ou 19 pouces ont pour effet de faire sentir plutôt vivement les imperfections de la route, tout en nous donnant un sentiment de légèreté qui n'est pas nécessairement souhaitable. Dynamiquement, la voiture est franchement supérieure à l'ensemble de ses rivales, surtout si l'on considère l'élimination presque totale de l'effet de couple. Elle colle bien dans les virages, affiche une tenue de cap impeccable et répond rapidement et avec précision aux commandes du conducteur. Toutefois, le confort sur route pourrait être amélioré, soit par l'ajout d'une suspension réglable ou par la diminution de la taille des roues.

Bref, la Maxima est une voiture qui doit vivre avec les défauts de ses qualités. Trop sportive, elle se rapproche de trop près de l'Infiniti G37, tout en faisant rebrousser chemin à une clientèle en quête d'espace, de luxe et de confort. Et comme ces jours-ci, Nissan n'est pas en position pour se permettre à nouveau des échecs commerciaux, je crois qu'il faut rapidement corriger la situation pour ne pas que cette Maxima sombre définitivement dans l'oubli.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Nissan Maxima 2009
Version à l'essai 3.5 SV
Fourchette de prix 37 900 $ – 43 450 $
Prix du modèle à l'essai 42 535 $
Garantie de base 3 ans/60 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 10,8 / 7,7 / 11,4 L/100km
Options Ensemble sport (2 050$), Ensemble technologie (2 450$), Peinture métallisée (135$)
Modèles concurrents Acura TL, Buick Lucerne, Chrysler 300, Kia Amanti, Lexus ES, Lincoln MKZ, Saab 9-5, Toyota Avalon
Points forts
  • Ligne superbe
  • Performances relevées
  • Équipement de haut niveau
  • Belles aptitudes routières
Points faibles
  • Suspension trop ferme
  • Positionnement du produit inadéquat
  • Facture digne d'une Infiniti
Fiche d'appréciation
Consommation 3.5/5 Tout à fait correct, compte tenu de la puissance et du poids du véhicule.
Valeur subjective 3.0/5 La Maxima fait payer un peu cher sa différenciation de l'Altima.
Esthétique 4.5/5 Personnellement, j'adore. Mais je sais que les avis sont partagés.
Confort 3.5/5 Côté habitacle, rien à dire. Mais la suspension est trop ferme pour que la Maxima puisse honorablement se comparer à une Hyundai Genesis.
Performances 4.5/5 À tous les niveaux, la Maxima impressionne. Seule l'absence d'une traction intégrale joue contre elle.
Appréciation générale 3.5/5 La voiture est intéressante, mais entre une Altima moins chère et une G37 encore plus sportive, elle se perd un peu.
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