Acura TSX, Accord européenne, prise 2
C’est un secret de polichinelle : les constructeurs automobiles aiment bien présenter une nouvelle voiture comme étant un tout nouveau modèle à part entière, alors qu’il s’agit plutôt d’une refonte ou encore d’un modèle largement calqué sur une voiture développée pour un marché autre que l’Amérique du Nord. C’est un peu ce scénario qui se présente de nouveau avec la TSX de deuxième génération, qui demeure un clone de la Honda Accord européenne qui est lancée sur le marché outre-mer en même temps que la TSX l’est chez nous.
c'est donc une fois de plus un produit Honda rehaussé en équipement de série que la division Acura propose avec la TSX de deuxième génération qui a été dévoilée au Salon de l’auto de New York au printemps 2008. Cependant, cette filiation très étroite entre les marques Honda et Acura pourrait devenir chose du passé, selon les dirigeants de Honda, puisque les activités de recherche et de développement des deux marques seront désormais séparées et qu’un nouveau centre de développement exclusif à la marque Acura ouvrira en 2009 pour accueillir des ingénieurs dont le travail sera entièrement consacré au dévelop pement d’éventuels modèles de la division de luxe.
Le nouveau langage du design
Bien que les deux marques continueront sans doute de partager des éléments d’architecture communs qui seront peut-être considérablement modifiés, il est clair que l’élément design sera essentiel pour marquer visuellement la différence entre Honda et Acura chez le public. C’est pourquoi des sommes importantes ont été consacrées à la construction de studios de design à Tokyo et Los Angeles, où les concepteurs sont à élaborer la nouvelle signature visuelle de la division de luxe.
La TSX de deuxième génération marque un premier pas dans cette direction en adoptant des lignes plus ciselées avec des ailes élargies, de même qu’une nouvelle calandre surdimensionnée par rapport à celle de la TSX de première génération, lancée sur notre marché en 2004. Cette calandre et les nouveaux éléments de design seront d’ailleurs intégrés aux éventuels modèles de la marque afin de marquer un clivage évident au premier coup d’oeil entre les produits Honda et Acura. Le concept de design de la nouvelle TSX ressemble beaucoup à celui adopté récemment par la division Cadillac chez General Motors, où les lignes droites ciselées au couteau sont de mise.
L’autre constatation évidente que l’on peut faire au sujet de la nouvelle TSX, c’est que les dimensions du nouveau modèle sont beau- coup plus généreuses que celles de sa devancière. À preuve, la longueur de la voiture a progressé de 61 mm et sa largeur de 76 mm, alors que l’empattement a été allongé de 33 mm et que les voies ont été élargies de 66 mm. Le résultat est une voiture qui a un peu plus de présence de même qu’une habitabilité supérieure. Sous cette nouvelle carrosserie se cachent des éléments structurels considérablement modifiés puisque certains d’entre eux sont désormais fixés en place au moyen de soudures plutôt que de boulons. Ces transformations se traduisent également par un gain de poids important de 60 kg par rapport au modèle précédent.
Motorisation inchangée
Dans la refonte, la TSX a conservé l’un de ses éléments les plus probants, soit son moteur quatre cylindres de 2,4 litres qui est demeuré largement inchangé par rapport au modèle précédent, mis à part un taux de compression revu légèrement à la hausse, et des tubulures d’admission et d’échappement plus efficaces. Le couple maximal est donc passé de 167 à 172 livres-pied et la puissance se chiffre à 201 chevaux, soit 4 de moins que précédemment. Le gain mesuré en couple maximal ne produit cependant aucun effet sur les performances de la voiture qui demeurent semblables à celles du modèle précédent en raison du poids maintenant plus élevé de 60 kg.
Ce moteur est toujours jumelé à la très bonne boîte manuelle à six vitesses, dont les rapports sont bien étagés et qui est commandée par un levier dont la course est à la fois courte et précise, ce qui rend le changement de vitesse très satisfaisant en conduite sportive. Une boîte automatique à cinq rapports avec paliers de changement de vitesse au volant est également offerte, tout comme sur le modèle précédent d’ailleurs. Les suspensions ont été revues, et la nouvelle TSX fait maintenant appel à l’avant à de doubles leviers triangulés, dont la géométrie a été élaborée en fonction des dimensions accrues du nouveau modèle, alors qu’une suspension multibras montée sur un sous-châssis fait le travail à l’arrière. Sur la route, on s’aperçoit rapidement que le comportement de la voiture est toujours vif et que ses réactions sont rapides, grâce notamment à une direction à assistance électrique qui est à la fois précise et directe.
En fait, ce que l’on peut dire du comportement routier, c’est que la TSX offre une très bonne tenue de route… pour une voiture à traction. Et voilà justement le principal handicap de cette voiture qui entend faire la lutte aux rivales établies de la catégorie des berlines sport où toutes les concurrentes directes sont des voitures à propulsion ou à traction intégrale. Ces deux configurations sont nettement supérieures à la simple traction pour ce qui est des qualités dynamiques et de l’agrément ressenti en conduite sportive. La nouvelle TSX réagit bien et l’on ne ressent pas d’effet de couple dans le volant lors des accélérations franches, mais on ne ressent pas non plus ce sentiment d’être aussi bien lié à la route que lorsqu’on est au volant d’une BMW de Série 3 ou d’une Audi A4. Le moteur a beau donner dans les hauts régimes et la boîte manuelle être très agréable à manier, on sent toutefois que la TSX ne peut offrir que le maximum de ce qu’elle peut donner compte tenu des limites imposées par sa configuration de traction, alors que les rivales allemandes rehaussent la barre d’un cran pour ce qui est des qualités dynamiques.
La vie à bord est cependant très agréable pour plusieurs raisons. D’abord, la voiture est plus spacieuse que précédemment, mais surtout, la TSX est une voiture remarquablement bien équipée à la base, et qui le devient encore plus lorsqu’on opte pour l’un ou l’autre (ou les deux) des groupes d’options proposés. Par exemple, il suffit de commander le groupe d’options « Premium » pour obtenir des sièges en cuir à commande électrique avec deux mémoires côté conducteur, la radio satellite XM, une connectivité USB pour lecteur MP3 et des phares à haute intensité.
Et le diesel?
La Honda Accord européenne étant livrable avec un moteur diesel quatre cylindres de 2,2 litres qui est à la fine pointe de la technique avec injecteurs piézoélectriques, recirculation des gaz d’échappement et filtre à particules, à quand une TSX à motorisation diesel chez nous ? Pas de réponse directe à cette question pour l’instant de la part de Honda Canada, qui se contente de dire que l’un de leurs modèles à moteur quatre cylindres sera éventuellement offert avec une motorisation diesel. La possibilité de greffer un rouage intégral à la TSX n’a pas été retenue, car, selon les ingénieurs responsables du développement de ce modèle, cela nuirait aux qualités dynamiques de la voiture. À cela, j’ajouterais que comme la puissance maximale du moteur actuel n’est atteinte qu’au régime très élevé de 7 000 tours/minute, et que le couple maximal est obtenu entre 4 300 et 4 000 tours/minute, le quatre cylindres de 2,4 litres ne serait pas très compatible avec un rouage intégral.
En résumé, la TSX de deuxième génération est plus spacieuse que sa devancière et elle demeure bien équipée, offrant un excellent rapport qualité/prix. Cependant, elle ne bénificie pas de la propulsion ou d’un rouage intégral, comme certaines de ses rivales. Si l’agrément de conduite est au sommet de vos priorités, le choix d’une BMW ou d’une Audi s’impose, mais si le budget est une considération et que vous n’êtes pas mordu à ce point de la conduite sportive à tout prix, une TSX pourrait facilement vous combler.
FEU VERT
Moteur pointu
Boîte manuelle précise
Qualité de finition
Habitabilité améliorée
FEU ROUGE
Sportivité limitée par traction avant
Pneumatiques moyens
Style discutable