Dodge Charger 1969 General Lee, la seule raison d'aimer la série et le film!

Publié le 6 juillet 2017 dans Voitures anciennes par Alain Morin

Le cinéma et la télévision exercent un attrait considérable, autant de la part des auditeurs que des annonceurs qui veulent rejoindre lesdits auditeurs. Et comme ces médias sont des alliés de longue date de l’automobile (Laurel et Hardy, Charlie Chaplin et Harold Lloyd ont détruit quelques Ford modèle T!), il est normal que la tradition se perpétue. Un rapide retour en arrière nous rappelle que dès les débuts du cinéma, Henry Ford avait déjà compris le principe du placement de produit. D’autres ne tarderont pas à en faire autant. Et ce qui était vrai en 1915 l’est encore en 2017. Sinon, pourquoi ressortir la Coccinelle du film « The Love Bug » des boules à mites? Et quelle belle publicité pour Dodge, qui, en 2006, heureux hasard, venait tout juste de lancer une nouvelle Charger au moment où le film « Sheriff, fais-moi peur » relançait la carrière de la Charger General Lee! Justement, parlons-en de cette Charger…

Les films ou les émissions de poursuite automobile souffrent généralement d’un scénario déficient. Dans le cas de Dukes of Hazzard, le scénario n’était pas déficient… il était nul! Pourtant, chaque vendredi soir, nombre de québécois étaient rivés à leur téléviseur pour regarder une Dodge Charger 1969 accomplir les sauts les plus incroyables, plier en deux lors de l’atterrissage et repartir en trombe comme si rien ne s’était passé. Nombre de québécois en profitaient aussi pour admirer la belle Catherine Bach (Daisy)… Mais ça c’est une autre histoire!

Histoires à dormir debout

La série, qui a été à l’antenne entre 1979 et 1985, raconte l’histoire de deux cousins, Bo et Luke Duke, habitant le comté de Hazzard, quelque part aux confins de la Georgie. Les deux hommes, interprétés par Tom Wopat et John Schneider respectivement, ont la fâcheuse tendance de déjouer les plans du maire corrompu et du shérif le plus idiot qui soit. Ce qui leur vaut d’être constamment accusés des méfaits des deux indignes dignitaires. Et pour s’extirper de ces situations rocambolesques, rien de mieux qu’une bonne poursuite automobile!

Curieusement, le choix d’un Dodge Charger avait pratiquement été pris à la légère par l’équipe de production. Le scénario ne faisait mention que d’un « muscle car » et du nom de cette voiture, « General Lee » Le général Lee (Robert Edward Lee, 1807-1870), tout le monde le sait, est un héros du sud des États-Unis même s’il avait dû capituler, le 9 avril 1865, aux mains du général Ulysses Simpson Grant, annonçant ainsi la fin de la guerre de Sécession. Pour revenir à nos moutons (ou à notre Charger!), précisons que ce sont le scénariste et le producteur de l’émission qui demandèrent au responsable des transports du studio de leur présenter une voiture qui corresponde à leurs très larges critères. Le Dodge Charger R/T recommandé faisait parfaitement l’affaire. La couleur orange a été choisie simplement parce qu’elle était voyante et le fameux « 01 » qui orne les portières n’était là que pour donner un look stock-car à la bagnole (on sait combien le stock car est populaire dans les états du sud des États-Unis). Le drapeau des États Confédérés qu’on retrouve sur le toit répond, encore une fois, à ce besoin d’identification très sudiste.

Amenez-en des Charger!

On s’en doute bien, tourner une série mettant en vedette une voiture qui vole plus souvent qu’elle roule demande plus qu’une unité… Aussi incroyable que cela puisse paraître, un seul Charger R/T 1969 est maintenu dans un parfait état. Il sert pour les plans rapprochés et pour les séquences qui n’exigent pas de cascades. Cette voiture possède cependant son lot de doublures! Durant la série, pas moins de 300 Charger seront détruits. Les voitures sont achetées de Dodge et sont parquées dans un stationnement dès que les modifications leur ont été apportées pour ressembler le plus possible au General Lee original. La plupart de ces Charger n’ont servi qu’une fois pour une cascade (lorsqu’il faut retourner la séquence, on en prend simplement un autre) Ensuite, les pièces encore potables de ces véhicules détruits sont transférés à d’autres Charger en attente d’un saut. Selon une loi de la logique, plus il y a d’épisodes tournés, moins de Charger sont disponibles. Vers la fin de la série, des membres de l’équipe de tournage doivent donc aller dans des stationnements de centres commerciaux pour acheter des Charger « privés »! On se retrouve ainsi avec des modèles ’68 et ’70 qui sont modifiés pour ressembler au General Lee original. Et on peut facilement imaginer qu’à peu près tous les moteurs ont équipé ces voitures. L’unité spéciale (le seul en parfait état) a droit à un V8 440 Magnum et transmission automatique.

Les transformations apportées aux Charger pour leur permettre d’effectuer de beaux sauts sont assez simples. Tout d’abord, on installe un carburateur Holley 650 Double Pumper et on modifie la culasse pour améliorer les performances du moteur. Les amortisseurs sont remplacés par des éléments « heavy duty ». Pour les scènes « aériennes », on soude les portes et on ajoute 500 ou 1 000 livres dans le coffre arrière selon la longueur du saut, empêchant ainsi l’avant de la voiture de plonger trop rapidement.

Le film de 2005

La sortie du film « Shérif, fais-moi peur » (quel titre insipide) mettant en vedette la toujours superbe Jessica Simpson dans le rôle de Daisy, a ramène tous les feux de la rampe sur l’éclatant Charger R/T 1969 General Lee de Martin Gonthier de Chambly. D’ailleurs, ce dernier n’avait pas hésité à faire de la promotion pour la sortie du film. Acheté en juillet 1998, le Charger de couleur mauve (Plum Crazy) n’avait pas besoin d’une restauration complète. Dès l’achat, Gonthier savait que sa voiture ressemblerait un jour au General Lee. Ironiquement, lors de la restauration du Charger, son propriétaire ne savait pas qu’un film, tiré de la série, allait bientôt sortir sur les écrans. Le hasard, quelquefois, fait bien les choses!

Le Charger R/T de Martin Gonthier possède un moteur de 383 pouces cubes à carburateur quatre corps. La principale différence entre cette voiture et le véritable General Lee se situe à l’intérieur. L’habitacle du General est beige tandis que celui-ci est noir. Aussi, alors que les portes des voitures utilisées pour la télé sont soudées (question d’ajouter de la rigidité à l’ensemble), celles du Charger de Gonthier sont fonctionnelles. Outre ces détails, nous avons affaire à un clone du General Lee!

Un peu d'histoire

Lancé en 1966 sous la configuration fastback, le Charger n’a pas connu le succès prévu. Il faudra attendre 1968 et un Charger modifié du tout au tout pour que les ventes décollent vraiment. Il s’agit, alors, d’une des plus belles voitures jamais produites à Détroit. En 1969, la grille avant est révisée ainsi que les feux arrière. Sur les 85 680 Charger vendus en ’69, 19 298 sont des R/T. Oublions les 542 unités vendues avec un pauvre six cylindres « penché » de 225 pouces cubes. Mais il faut absolument compter 500 Charger 500 et 503 Charger Daytona. Ces 1 003 unités ont été construites pour fins d’homologations en NASCAR.

Malgré la rareté des Charger 500 et les spectaculaires Daytona, il n’en demeure pas moins que c’est le General Lee que les gens du monde entier connaissent le mieux!

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