Nissan Rogue Warrior : une démonstration de force

Publié le 11 mars 2016 dans Premiers contacts par Marc-André Gauthier

Finalement, nous avons pu mettre la main sur le Nissan Rogue Warrior, le VUS qui avait fait beaucoup parler de lui au Salon de l’auto de Montréal. S’il avait tant fait parler, c’est parce qu’il n'a pas de roues, mais plutôt des chenilles, comme sur un char d’assaut!

Suffit-il de mettre ce genre d’accessoire sur un véhicule pour en faire un véritable tout-terrain? Plusieurs ont mis en doute la capacité de la boîte automatique CVT, d’origine, à entraîner le mécanisme, et on ne parle même pas du quatre cylindres de 2,5 litres de 175 chevaux.

Nissan Canada, qui est derrière cette idée, a d’entrée de jeu spécifié que ce véhicule ne verrait jamais le jour. Rendons à César ce qui appartient à César, d’un point de vue purement marketing, le Rogue Warrior a fait le tour du monde. 

Mais outre les opérations de relation publique, le Rogue Warrior fonctionne, roule, et — comme nous l’avons vu dans la vidéo promotionnelle — serait même capable d’escalader une pente de ski. 

Confiant, Nissan Canada a invité quelques journalistes pour faire l’essai de ce véhicule, dans les mêmes conditions. Nous étions de ces privilégiés, et c’est ainsi que nous avons pris la route du Saguenay pour le voir de nos propres yeux.

Adieu VUS!

La première chose qui m’a frappé au volant du Nissan Rogue Warrior n’a rien de positif. 

Il convient, avant toute chose, d’énumérer les modifications qui ont été faites sur le VUS.

Il fut préparé par la MIA Motorsport, basée à Saint-Eustache, qui prépare, entre autres, les petites Micra que l’on aperçoit dans la coupe Nissan Micra. 

Les roues conventionnelles sont remplacées par des chenilles fabriquées par American Track Truck. On parle de 15 000 $ pour quatre systèmes de chenilles. 

Même si plusieurs compagnies en produisent, MIA a choisi ces chenilles en particulier parce qu’elles étaient parmi les plus légères, et elles offraient l’un des meilleurs dégagements pour la neige. 

La suspension a été surélevée de deux pouces, dans le but de fournir le dégagement nécessaire aux chenilles, et plusieurs éléments de la carrosserie ont été limés pour dégager de l’espace. Pour finir, le rayon de braquage a été limité à même la crémaillère, afin de s’assurer que les chenilles ne viennent pas faire de dommages dans le compartiment à moteur.

Alors, les premiers trente mètres franchis au volant du Rogue Warrior sont spéciaux. D’abord, on ne peut tourner le volant que si le Nissan est en mouvement, sans quoi on risque d’endommager la direction assistée, qui n’a pas été conçue pour combattre l’énorme traction des chenilles.

La nouvelle suspension est très ferme, et de ce fait on perd toute notion de confort. Chaque petite imperfection de la surface sur laquelle on circule est retransmise aux occupants du véhicule, voire amplifiée. Quand on sait que l’on achète un VUS en partie pour le confort, on se rend compte que le « véhicule utilitaire sport » est devenu un « VU », tout simplement.  

Démonstration de force

Toutefois, il convient de dire que la mission du Nissan Rogue Warrior n’a jamais été d’être confortable durant le trajet pour visiter votre oncle qui vit seul dans la toundra... 

La conduite demeure similaire à celle d’une voiture conventionnelle. On met la transmission sur « D », on appuie sur l’accélérateur, et l’on pointe où on veut aller avec le volant. 

Dire que rien n’arrête le Rogue Warrior est un euphémisme. Jamais il ne s’est enlisé, et ce, même sur des sentiers de ski de fond qui n’avaient pas été déneigés depuis longtemps. Notez qu’au Saguenay, il y a beaucoup plus de neige que dans la région métropolitaine cette année.

Conduire dans de la neige, c’est une chose, mais combattre la gravité?

Le test le plus ambitieux fut d’escalader la pente de ski. Les gens ne le réalisent peut-être pas, mais c’est très à pic. 

Pour réussir l’exercice, on prend son élan, on appuie à fond, et on prie!

Les premiers mètres se passent bien, mais rapidement, le moteur tombe à 2 500 tr/min, puis 2 000 tr/min. Chaque seconde, on a l’impression que le véhicule va s’immobiliser, que le moteur va s’éteindre tant il semble se lamenter, mais non. Le Rogue, propulsé par ses 175 chevaux, monte la pente tranquillement, comme un char d’assaut. 

La CVT, là-dedans, se comporte à merveille. Pensez à une motoneige. L’avantage d’une CVT, dans ce genre de situation, est qu’elle sera toujours au bon rapport, en ayant une infinité à sa disposition, et comme elle ne se désengage jamais, contrairement aux autres types de boîtes de vitesses, elle assure une puissance interrompue. 

Après plusieurs ascensions consécutives, le Rogue a eu chaud, rendant l’exercice impossible pour quelques dizaines de minutes, le temps de le refroidir.

Bien entendu, il n’a jamais été pensé pour être une voiture hors route, on le sait bien. Mais qu’un VUS du genre puisse monter une pente de ski avec comme seules modifications un kit de chenilles et une suspension plus haute démontre bien la qualité de la mécanique du véhicule d’origine.

 Je ne referai jamais plus l’essai du Nissan Rogue Warrior, puisqu’il s’agit d’un caprice, une idée folle, idée qui ne verra jamais le jour, et qui terminera sa vie quelque part dans un entrepôt, ou dans le garage d’un des gros actionnaires de la marque.

Toutefois, je suis reparti de mon périple avec beaucoup plus de respect pour le Rogue. Il avait de grosses bottes à enfiler, et il l’a fait à merveille. 

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