Bentley Continental/GT/GTC/Flying Spur, toujours les mêmes...
Alors que le marché des camionnettes, camions et VUS plonge dangereusement, alors que les ventes des petites autos économiques augmentent à vue d’oeil, il existe un marché qui, au lieu de souffrir et stagner comme on serait en droit de le croire continue sa progression fulgurante. Il s’agit, vous l’aurez deviné, du marché des voitures de grand luxe. Remarquez qu’au plus fort de la Grande Crise qui avait suivi le krach boursier d’octobre 1929, Cadillac avait survécu grâce à la présence, dans sa gamme, d’une série ultra prestigieuse mue par un V16 ! Plus ça change…
Si aux yeux des mortels que nous sommes, les marques BMW, Mercedes-Benz ou Lexus représentent le pinacle de l’automobile, il existe des gens très fortunés qui seraient très embarrassés de voir une de ces indigentes marques dans leur cour. Pour ces clients de prestige, il y a heureusement d’autres choix qui se nomment Bugatti, Bentley, Ferrari, Maybach ou Rolls-Royce.
Renaissance
Prenons, au hasard, l’exemple de Bentley. Il y a moins de dix ans, cette marque était appelée à mourir, faute de modèles intéressants. Puis, elle a été rachetée par Volkswagen qui a fourni les fonds nécessaires à sa remise à flots. Bentley présente maintenant six modèles dans deux séries distinctes. Il faut dire que l’émergence de marchés autrefois pauvres vient donner un bon coup de main à Bentley. Par exemple, elle vient d’ouvrir une troisième concession en Russie ! En 2007, le marché chinois a littéralement explosé, aidant l’entreprise de Crowe, en Angleterre, à dépasser les 10 000 ventes annuelles, du jamais vu.
En 2004, Bentley présentait sa Continental GT, un coupé sport extrêmement performant. Sans tarder, la version berline de ce coupé est apparue : la Continental Flying Spur. Enfin, l’année dernière, Bentley dévoilait le cabriolet, la GTC. L’an dernier également, nous pouvions admirer, au Salon de Los Angeles, une Continental GT Speed, une version plus puissante (comme si la GT tout court ne l’était pas suffisamment !). Et cette année, la distinction Speed s’accroche à la Flying Spur.
Avec son W12 double turbo de 6,0 litres de 552 chevaux et 479 livrespied de couple disponible dès 1 600 tours/minute, la Continental GT accélère comme un missile. La transmission automatique à six rapports passe toute la cavalerie aux quatre roues par l’intermédiaire d’un rouage intégral. Juste au souvenir des accélérations et reprises, jamais brutales mais incroyablement efficaces, j’en ai la chair de poule. On retrouve avec plaisir une mécanique identique dans la Flying Spur et dans la GTC.
Ça manquait un peu de punch...
Bentley propose en plus une version Speed sur ses modèles GT et Flying Spur. Il s’agit du même moteur et de la même cylindrée mais poussé à 600 chevaux et 553 livres-pied de couple. Le 0-100 s’effectue en moins de 5 secondes, ce qui est un exploit compte tenu du poids très élevé de la voiture. On parle de 2350 kilos, soit à peu près le même poids qu’un Ford F-150 ! La consommation, bien entendu, suit la même courbe… Le coût d’achat aussi puisqu’il ajoute en gros 20 000 $ à un prix qui frôle déjà l’indécence. Mais l’étiquette Speed apporte bien plus qu’un moteur plus puissant. Les suspensions sont plus fermes et abaissées de quelque dix millimètres, la direction répond plus vite et des Pirelli P Zéro Rosso de 20” remplacent les vulgaires 19” des autres versions. Aussi, le châssis a été revu. Selon Bentley, environ 40 % des propriétaires de GT et Flying Spur opteront pour les modèles Speed.
Des trois configurations (coupé, berline et cabriolet), le coupé s’avère le mieux équilibré. Son châssis est solide et sa ligne est des plus agréables. Il est certain que la visibilité trois quarts arrière est loin d’être excellente, mais qui regarde en arrière avec une telle voiture ! La berline Flying Spur nous a déçus. Les 32 centimètres qui ont été ajoutés à la GT pour en faire une berline affectent la solidité du châssis. Enfin, la GTC, d’une beauté à faire pâlir n’importe quelle starlette d’Hollywood, demeure la plus désirable des trois. Peu importe le modèle et la version, l’habitacle affiche un confort indescriptible. Un responsable de l’entreprise nous a d’ailleurs déjà avoué que le département de recherche et développement s’inspirait des sièges des camions (Mack, Freightliner, vous voyez le genre) pour concevoir ceux des Bentley. Les boiseries, les cuirs et les rares plastiques ont été choisis avec une minutie quasiment maniaque.
L’assemblage est fait main et si ça enchante les propriétaires de Bentley, il est à espérer qu’ils n’inspecteront pas de trop près la carrosserie et l’habitacle dont la finition laisse à désirer… Dans la voiture, les bruits de la route et de la mécanique sont tout simplement inexistants, ce qui enlève une bonne partie du charme des accélérations. Sans doute est-ce pour mieux entendre les 1 100 watts par les quinze haut-parleurs de la chaîne audio Naim ! Conduire une de ces Bentley, peu importe qu’il s’agisse d’une version Speed ou non, devient rapidement une expérience qui amène le journaliste toujours cassé au bord de la paranoïa. Se retrouver quasiment tous les jours à la pompe à essence pour remplir le réservoir de 90 litres de super, nous fait parfois envier le propriétaire de la Chevrolet Aveo dont le plein ne coûte que 53,22 $ !
FEU VERT
Prestige inégalé
Puissance fantastique
Confort fabuleux
Version Speed exclusive
Beauté enivrante
FEU ROUGE
Prix indécents
L’environnement, c’est quoi ça ?
Consommation outrageuse
Poids exagéré
Places arrière pénibles (sauf Flying Spur)