BMW X6, 2 000 kilos de sport

Publié le 1er octobre 2008 dans 2009 par Gabriel Gélinas

BMW n’en est pas à sa première controverse pour ce qui est du style de ses voitures. Rappelez-vous la Série 7 de 2002 qui avait enflammé les débats en raison du look très différent de ce à quoi BMW nous avait habitués au fil des ans. Malgré la tourmente, la Série 7 a été bien accueillie par la clientèle et l’on se demande maintenant si ce scénario se répètera dans le cas du X6, qui affiche lui aussi un look hors norme et un concept inédit, ou si le X6 connaîtra plutôt un échec retentissant en représentant en quelque sorte la réponse à la question que personne n’a posée

Avec le X6, BMW entend créer un sous-créneau, en proposant un nouveau véhicule qui reprend la plate-forme du X5. Le X6 sera donc un VUS aux allures de coupé, qui ne sera pas produit à très grande échelle, l’objectif initial étant d’en fabriquer 40 000 par année, dont plus de la moitié trouveront preneurs aux États-Unis. Selon BMW, ce nouveau venu s’adresse à ceux qui sont à la recherche à la fois d’une voiture sport et d’un véhicule de grande taille, mais qui ne veulent pas acheter deux véhicules distincts. Le X6 a donc été conçu afin de combler les attentes de ce type très particulier d’acheteur.

Le style: un HIT ou un FLOP?

Premier élément de discussion : le style, élément-clé qui se révèlera probablement déterminant dans le succès ou la déroute du X6. Soyez assuré que si le X6 est bien accueilli, les autres constructeurs ne tarderont pas à développer des véhicules au concept similaire. Par contre, si le X6 est un échec, l’aventure n’aura pas coûté bien cher à BMW, puisqu’il reprend plusieurs éléments du X5. Avec sa partie avant au design très agressif et sa ligne de toit très arquée, la signature visuelle du X6 est pour le moins déroutante. Personnellement, je dois avouer que je ne suis pas tombé sous le charme, mais j’admets que cela reste une question très subjective, alors libre à vous de le décrire comme un Pontiac Aztek de luxe ou comme la nouvelle tendance branchée. Chose certaine, personne ne restera indifférent au X6.

Pour ce qui est des considérations pratiques, précisons que le style du X6 joue également sur ce plan, et que le nouveau venu est largement déficient par rapport au X5 ou aux autres véhicules concurrents. À preuve, le X6 ne compte que quatre places et non pas cinq, puisqu’une console sépare les deux places arrière. De plus, le dégagement pour la tête est limité à 946 mm pour les passagers de cette deuxième rangée, alors qu’il est de 973 mm à l’avant. La forme de la lunette, conjuguée à celle des piliers C, fait en sorte que la visibilité vers l’arrière est compromise, ce qui rend l’usage de la caméra de recul presque obligatoire lors des manoeuvres de stationnement. Quant à l’espace cargo, il faut composer avec un seuil de coffre beaucoup plus élevé que celui de la plupart des VUS, ce qui vous oblige à lever le chargement à une hauteur de 0,825 mètre pour le faire entrer dans un X6 chaussé de jantes et pneus de 20 pouces.

Enfin, le volume de chargement comme tel varie de 570 litres (en configuration 4 places) à 1450 litres (avec les dossiers des sièges arrière repliés), ce qui est largement inférieur au volume de chargement d’une BMW Série 5 Touring. À la lecture de ce qui précède, vous avez compris que le X6 n’est donc pas le véhicule idéal pour faire les courses en famille, ce que les concepteurs de BMW concèdent volontiers en précisant que ce n’est pas sa vocation première. En montant à bord, on constate que la présentation intérieure du X6 est presque en tous points semblable à celle du X5. La finition est soignée, les matériaux sont de qualité, les sièges sont confortables et, comme ils sont articulés de plusieurs façons, la position de conduite idéale est facilement obtenue.

Deux motorisations turbocompressées

Pour le X6 xDrive35i, BMW a choisi une motorisation déjà connue, soit le six cylindres en ligne de 3,0 litres turbocompressé qui livre 300 chevaux et 300 livres-pied de couple, le même moteur que l’on retrouve sous le capot des Série 1, 3 et 5. Pour plusieurs, ce six cylindres suffira amplement à la tâche grâce au fait que le couple maximal est atteint dès la barre des 1 400 tours/minute et que le chrono du X6 xDrive35i est de 6,7 secondes pour le sprint de 0- 100 km/h, ce qui est très respectable pour un véhicule de ce gabarit. Les ingénieurs de BMW ont également choisi de greffer deux turbocompresseurs au V8 de 4,4 litres. Cet ajout permet au moteur de développer 400 chevaux ainsi qu’un impressionnant couple de 450 livres-pied. Heureusement que ce X6 xDrive50i dispose du rouage intégral, sans quoi il serait très facile, avec autant de couple et de puissance, de faire s’évaporer en fumée les énormes pneus arrière au départ.

Le son de ce V8 turbo est tout simplement fabuleux et ses performances le sont tout autant, puisque le chrono du 0-100 km/h est réduit à 5,4 secondes. On se croirait presque à bord d’une authentique sportive tellement les accélérations initiales sont féroces, au point de nous faire oublier que le X6 pèse plus de deux tonnes.

Un comportement routier presque exemplaire

BMW réussit bien à la fois ses motorisations ainsi que les qualités dynamiques de ses véhicules, et le X6 ne fait pas exception à cette règle, au contraire. Sur la piste d’essai de Michelin à Laurens en Caroline du Sud, j’ai été surpris par la facilité déconcertante avec laquelle le X6 xDrive50i attaquait les virages ; il a fait preuve d’un aplomb presque parfait. Pour le X6, les ingénieurs de BMW ont mis au point le système DPC (Dynamic Performance Control) qui agit sur le différentiel arrière en transférant une motricité accrue à la roue extérieure en virages, afin d’améliorer la tenue de route et de réduire partiellement le sous-virage à très haute vitesse.

L’intervention du système DPC s’est révélée particulièrement utile lors d’un parcours sur piste détrempée sur laquelle le X6 pouvait négocier des virages serrés avec beaucoup de vitesse, de même que sur une piste sèche où il était facile de négocier de grandes courbes rapides à près de 150 km/h, ce qui représente tout un exploit pour un VUS de ce poids. Au fil des kilomètres parcourus sur les routes de la Caroline du Sud, ainsi qu’à la suite des tours de piste effectués au centre de recherche et de développement de Michelin à Laurens, il m’est venu à l’esprit que la solution idéale serait de pouvoir commander un X5 équipé du V8 turbo et du système DPC. De cette façon, on obtiendrait des performances et un dynamisme relevés d’un cran tout en profitant d’un véhicule plus pratique et plus polyvalent que le X6.

Le X6 xDrive50i est donc extrêmement performant en accélération, en reprises ainsi qu’en tenue de route, mais la conduite de tous les jours sur des routes moins que parfaites apporte son lot d’inconfort, les suspensions fermes ainsi que les pneus surdimensionnés de 20 pouces étant à blâmer pour la rudesse du X6 sur routes dégradées. Avec ses motorisations turbocompressées performantes et son système DPC qui est très avancé sur le plan technique, il est indéniable que le X6 peut rivaliser avec le Porsche Cayenne et qu’il éclipse le Range Rover Sport pour ce qui est de la tenue de route.

Pourtant, la question que l’on doit se poser est la suivante : Combien d’acheteurs de VUS sont à la recherche d’un véhicule qui soit aussi performant, et combien d’entre eux feront un plein usage de ce potentiel très élevé de performance en indisposant leurs passagers ? Aussi, combien d’acheteurs sont prêts à faire des sacrifices pour ce qui est du confort et des considérations pratiques, deux éléments que l’on retrouve sur la plupart des VUS et qui sont sérieusement compromis dans le cas du X6 ?

Voilà des questions qui demeurent en suspens. Pour ma part, bien que j’aie été impressionné par les qualités dynamiques du X6, je n’ai toujours pas compris l’attrait de ce véhicule au look franchement bizarre. En fin de compte, si vous voulez conduire un véhicule qui a l’allure et les performances d’une voiture sport, achetez-vous donc une voiture sport… Vous profiterez alors de performances relevées avec une consommation plus raisonnable et des émissions polluantes moins élevées que celles d’un VUS de plus de deux tonnes… 

FEU VERT

Moteurs performants
Tenue de route surprenante
Direction précise
Qualité de finition

FEU ROUGE

Style controversé
Volume de chargement limité
Quatre places seulement
Suspensions très fermes

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