Volkswagen Golf GTI 2016 contre Rabbit GTI 1983 : gènes dominants

Publié le 2 juin 2016 dans Matchs comparatifs par Frédérick Boucher-Gaulin

Dans le domaine cinématographique, il est toujours difficile de créer le prochain opus d'une série à succès (demandez à J.J. Abrams, qui vient de réaliser le dernier Star Wars...) : les fans vous recracheront la moindre erreur au visage, et même si vous avez tous les ingrédients sous la main — les acteurs originaux, un scénariste adulé par la critique, des scènes à couper le souffle —, il suffit d'un rien pour que votre beau projet soit déchiré en lambeaux par la critique.

C'est la même histoire dans l'automobile : lorsqu'une marque doit moderniser un de ses véhicules les plus admirés, c'est toujours complexe : bien que les décideurs sachent exactement ce qui a rendu le modèle original si populaire, il faut beaucoup de minutie pour ne pas détruire une lignée légendaire.

Quelle meilleure façon y a-t-il d'évaluer une voiture neuve qu'en la plaçant face à son ancêtre?

Arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère

La Volkswagen Golf GTI 2016 pourrait se passer de présentation : basée sur la septième génération de la Golf, cette bagnole sportive est motorisée par un quatre cylindres de 2,0 litres. Grâce à la magie de la turbocompression, celui-ci développe 210 chevaux et un couple de 258 livres-pied.

Cette voiture est caractérisée par son châssis impeccablement calibré, sa qualité d'assemblage remarquable et sa balance parfaite entre usage quotidien et plaisir de conduite. Mon modèle d'essai était équipé de pratiquement toutes les options disponibles, ce qui incluait la boîte automatique DSG (1 400 $). Puisqu'il s'agissait du modèle Performance, il dispose de 10 chevaux de plus, pour un total de 220.

Son aïeule, peinte d'un argent aussi anonyme que discret, est une Rabbit GTI de 1983. Elle était à l'origine propulsée par un quatre cylindres de 1,8 litre, 8 soupapes et 74 chevaux. Elle était spartiate, ne contenant aucune caractéristique susceptible de l'alourdir : pas de vitres électriques ni de verrouillage central ici!

Pourquoi dis-je « à l'origine »? C'est que, comme beaucoup de Volkswagen, celle-ci a eu la chance de tomber sur un propriétaire passionné.

Photo: Frédérick Boucher-Gaulin

Modifier sa voiture est une partie intégrante de l'expérience Volkswagen : d’après plusieurs, la marque de Wolfsburg ne fait que leur vendre un canevas blanc. C'est à eux de personnaliser leur auto selon leurs goûts et envies.

C'est donc maintenant un 2,0 litres provenant d'une Audi TT 225 qui ronronne sous le capot. Grâce à quelques améliorations, celui-ci développe environ 285 chevaux, ce qui est plus que suffisant pour déplacer une voiture de 885 kilos! La transmission, également issue d’une TT, a été renforcie avec la mécanique interne d'une boîte de VR6, mieux capable de gérer l'ajout de puissance. La Rabbit est ensuite rabaissée de 2,5 pouces, et repose maintenant sur de splendides roues BBS de 15 pouces. Pour ralentir la bête, on a opté pour des freins de 11 pouces à l'avant (provenant d'une Corrado) et des étriers à quatre pistons serrant des disques d'aluminium à l'arrière.

L'habitacle est encore très dépouillé, mais héberge maintenant des bancs avant de GTI 1991, une planche de bord de Rabbit décapotable et la banquette arrière d'une berline. Il y a beaucoup d'autres petits ajouts, mais les énumérer ici doublerait la longueur de ce texte... Le gars qui possède cette Rabbit la possède depuis 22 ans, et comme beaucoup de projets, elle n'est jamais vraiment terminée.

Passé modernisé ou présent futuriste?

Les mauvaises langues diront qu'il est inutile de comparer ces deux véhicules; la Rabbit étant carrément distincte de son état originel, elle ne représente pas exactement l'expérience de conduite de l'époque.

C'est vrai, mais ces deux Volkswagen partagent un point commun : elles sont toutes deux conçues pour plaire aux amateurs de conduite et sont descendantes d'une longue lignée de hatchback légendaire. C'est l'âme des deux voitures qui m'intéresse.

Prendre place dans une GTI 2016 n'est pas radicalement différent de ce à quoi une Golf ordinaire vous aura habitué : il y a un peu plus de support latéral provenant des sièges, mais c'est à peu près tout. Le volant tombe bien sous la main, et il y a suffisamment de réglage pour qu'on se mette à l'aise. Constat différent dans la Rabbit : le banc ne bouge pas, et le volant n'a aucun ajustement.

Là où la Golf 2016 démarre silencieusement, la Rabbit s'ébroue dans un grondement sourd, gracieuseté d'un échappement de 2,5 pouces se déversant dans un embout de 3 pouces. Démarrer avec la GTI est très (trop?) simple : on place le levier de vitesses en position D et on laisse l'ordinateur manier l'embrayage et les rapports. Dans la 1983, il faut enfoncer le lourd embrayage, pousser fermement le levier en première et moduler l'accélérateur avec parcimonie : le disque d'embrayage en céramique a un point de friction très mince, et le volant moteur allégé ne tolère pas d'erreurs.

Une fois lancée, la Golf moderne est silencieuse et confortable, se fondant dans la circulation. C'est une tout autre expérience dans la Rabbit : la suspension rabaissée est sans pitié sur votre colonne vertébrale, le son de l'engin qui monte en révolution est guttural et le turbo fait entendre sa présence car en relâchant l'accélérateur, on a droit à une décharge de surpression très audible!

Malgré toutes ses modifications, la GTI 1983 a conservé sa direction originale : celle-ci est non-assistée, il faut donc tenir très fermement le volant lorsque ledit turbo entre en action. Ceux qui se plaignent que la Mazdaspeed3 était incontrôlable en raison de son effet de couple devraient tenter de maintenir une fusée de près de 300 chevaux sans aucune aide hydraulique, histoire de remettre les choses en contexte... Cette direction fait en sorte que la communication entre le pilote et sa voiture est totale : on ressent chaque fissure, chaque changement de surface à travers le volant.

Mentionnons pour terminer que les performances de la GTI 2016 sont impressionnantes, mais elles sont pâles comparées à la Rabbit : lors d'une courte course d'accélération, la Golf a réussi à s'élancer un peu plus rapidement grâce à son mode départ-canon. Cependant, dès que la vieille Volkswagen a trouvé suffisamment d’adhérence (quelque part au milieu du second rapport) s'en fut fini de la nouvelle : la Rabbit s'est propulsée devant moi dans un tonnerre assourdissant, et j'ai vu ses feux arrière disparaître rapidement.

Photo: Frédérick Boucher-Gaulin

Il ne fait aucun doute que la Golf GTI moderne est beaucoup mieux adaptée à la conduite de tous les jours : elle offre plus d'espace, est plus sécuritaire, mieux finie, plus confortable... Elle est cependant très puissante, mais demeure facile à prendre en main : pour un néophyte, elle sera plus rapide. Par contre, après avoir passé du temps derrière le volant de cette Rabbit GTI 1983, conduire la 2016 n'était plus aussi plaisant : au fil du temps, les autos ont perdu ce côté plus direct, ce lien mécanique qui unissait un pilote à son bolide...

La solution idéale? Louez une GTI neuve tous les trois ans, et utilisez-là été comme hiver, beau temps mauvais temps... Mais gardez-vous une vieille GTI au garage, qui vous rappellera que malgré tout le chemin parcouru en 30 ans, certains gènes se sont transmis de génération en génération...

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