Dodge Challenger, Cerberus aurait dit non !
L’aboutissement d’un rêve, telle est la façon de décrire la toute nouvelle Challenger selon les dirigeants de la marque. Cette voiture qui au départ, ne constituait qu’une folle idée, a été présentée en 2006 comme prototype, et ce, sans aucune intention de commercialisation future. Il ne s’agit que d’une traite que s’étaient payée les stylistes du constructeur, et rien d’autre. Mais voilà, l’enthousiasme du public américain et la fébrilité des amateurs de produits SRT ont fait en sorte qu’on a donné le feu vert à la production de la Challenger.
Vous pouvez cependant être certain d’une chose, les nouveaux propriétaires de la firme Chrysler (Cerberus), qui ont acquis la compagnie après l’approbation de la production de la Challenger, n’auraient probablement pas approuvé ce projet. On ne souhaite pour l’instant qu’une seule chose : remettre l’entreprise sur la voie de la rentabilité. Et entre vous et moi, ce n’est pas avec un modèle comme la Challenger qu’on y arrivera.
Néanmoins, si la Challenger est aujourd’hui réalité, c’est parce que son développement s’est avéré peu coûteux. En effet, elle reprend l’ensemble des éléments mécaniques et structuraux des modèles LX (300 et Charger). Le défi pour les stylistes et les ingénieurs aura donc été d’adapter à cette plate-forme une nouvelle carrosserie reprenant une bonne partie des traits caractéristiques du modèle d’antan. Est-ce que l’exercice est réussi ? Oh oui, sans hésitation ! Mais il faut garder dans l’optique que cette voiture s’adresse à une clientèle de moins en moins grande et qui n’a pas de véritables besoins spécifiques en matière de transport.
On s’est battu pour avoir l’un des premiers exemplaires comme jamais auparavant, ce qui démontre l’attrait de la voiture. Qui a hérité du premier exemplaire ? Les propriétaires du prestigieux encan Barrett Jackson, qui mettront la voiture aux enchères pour remettre les profits à des oeuvres de charité.
Plusieurs versions
D’abord, on retrouve au catalogue les versions SE et SXT à moteur V6, la version R/T à moteur V8 HEMI et la fameuse SRT8, axée sur la haute performance. Question d’économie, l’ensemble des versions reçoit la même grille de calandre, le même capot avec prises d’air intégrées et le même traitement des feux arrière. Par conséquent, on bénéficie d’une ligne musclée et agressive avec n’importe laquelle des versions. Je me permettrai d’ailleurs de souligner que la ligne de cette voiture est incroyablement réussie et qu’elle parvient efficacement à s’afficher comme moderne, malgré son clin d’oeil évident au modèle d’antan. Étonnement, son coefficient aérodynamique n’est pas si mal, puisqu’il se chiffre à 0,35.
Une manière facile de différencier les versions ? La première (SE) n’a pas de feux antibrouillards contrairement à la seconde (SXT) qui n’a pas d’aileron arrière, et la troisième (R/T) possède un aileron de couleur inversement à la quatrième (SRT8) qui revêt un aileron noir mât. Quelques caractéristiques, comme le volet de carburant en aluminium poli et les feux à haute intensité, sont cependant exclusives aux versions R/T et SRT8. Le connaisseur pourra aussi distinguer la mécanique de la voiture par des sorties d’échappement qui lui sont propres.
Vous dire que l’habitacle impressionne serait exagéré. Il ne faut pas être très exigeant côté décorations, il faut aimer le gris et le noir et l’omniprésence du plastique. En fait, le seul élément qui soit digne de mention concerne les superbes sièges de la version SRT8, évidemment empruntés au Charger du même nom. Cet habitacle est tout de même bien ficelé et qu’il est en mesure d’accueillir quatre adultes en tout confort. Un cinquième occupant peut même s’assoir sans trop de problèmes. Côté coffre, vous bénéficierez d’un volume considérable mais d’une ouverture limitée.
Le muscle d’antan… et plus encore !
Soyez sans crainte, la nouvelle Challenger ne propose plus ce désolant six cylindres en ligne (le fameux Méo Penché) qui équipait les versions de base dans les années soixante-dix. Aujourd’hui, on utilise sur les versions SE et SXT un V6 de 3,5 litres développant 250 chevaux, lequel livre des performances somme toute raisonnables. Évidemment, le rapport poids/puissance de ces versions ne permet pas de semer la terreur dans votre voisinage, mais vous obtiendrez néanmoins un rendement fort honorable. Pour faire véritablement honneur à la voiture, je vous dirais toutefois qu’un moteur HEMI s’impose. Non seulement ce dernier rehausse-t-il l’agrément de conduite, mais il lègue aussi à la voiture une surdose de cette personnalité qui a engendré l’engouement entourant ce modèle. Modifié pour 2009, le moteur HEMI de 5,7 litres (appelé Eagle HEMI) est désormais doté d’un système de calage variable des soupapes, de la désactivation des cylindres et de la mise hors fonction lors de la décélération.
Il en résulte ainsi de meilleures performances et une économie d’essence accrue (plus ou moins 13 litres aux 100 kilomètres). Naturellement, la version SRT8 et ses 425 chevaux est celle qui décoiffe le plus. Amateurs de chiffres, il faut compter 5,0 secondes pour franchir le 0-100 km/h, pour ensuite atteindre une vitesse de pointe de 275 km/h ! Et ces chiffres sont valables autant avec la version à boîte automatique qu’avec la manuelle. Oh, vous ne saviez pas pour la manuelle ? Eh bien oui, on y a finalement droit ! Yé !
Cette boîte développée par Tremec et qui est aussi utilisée sur la Dodge Viper n’est disponible que sur les versions à moteur V8 (R/T et SRT8). Elle améliore légèrement les performances de la voiture, permettant de mieux exploiter la puissance du moteur, mais brille surtout par l’agrément additionnel qu’elle procure au conducteur. Amateurs de performance, c’est la boîte qu’il vous faut. Qui plus est, elle s’accompagne d’un système antirecul qui facilite le démarrage en pente.
Une vraie voiture sport ?
La Challenger utilise une plateforme modifiée du Charger, tout simplement raccourcie de quatre pouces. Sa suspension a aussi été revue en fermeté, histoire d’offrir une conduite un tantinet plus dynamique. Ne soyez toutefois pas surpris si le comportement de la voiture vous semble quasi similaire à celui du Charger. Dodge a beau tenter nous convaincre qu’il s’agit d’une rivale directe de la Mustang, il n’en demeure pas moins que la Challenger est une voiture beaucoup plus grosse et lourde que le pony car de Ford. Ainsi, vous composerez avec un important roulis en virage, une maniabilité moyenne et un sentiment de contrôle qui ne s’apparente pas à celui d’une voiture sport. D’ailleurs, faut-il la considérer comme telle ? Chez Dodge, on nous dit que oui. Mais pour ma part, je vous répondrais négativement, exception faite de la version SRT8.
Alors là, c’est différent. On bénéficie ici de jantes de 20 pouces avec pneus de performances, d’une suspension raffermie avec amortisseurs Bilstein, d’un système de freinage Brembo très performant et de sièges qui vous tiennent vraiment en place. Ajoutez à cela une puissance hallucinante et une boîte manuelle des plus agréables, et vous obtenez finalement les éléments pour faire de ce coupé une véritable voiture de sport. Évidemment, l’attrait de cette voiture réside aussi dans sa facture, tout à fait alléchante. Vendue à partir de 24 995 $, elle s’assure d’attirer toute la clientèle susceptible de s’y intéresser. Reste maintenant à savoir si cette dernière sera suffisamment nombreuse pour que la Challenger ne termine pas sa carrière de la même façon que la Thunderbird ou… que la Magnum !
FEU VERT
Ligne sensationnelle
Performances relevées (R/T, SRT8)
Confort honorable
Boîte manuelle disponible
Facture intéressante
FEU ROUGE
Consommation très élevée (SRT8)
Options plutôt nombreuses
Comportement peu sportif (sauf SRT8)
Visibilité réduite (3/4 arrière)