Dodge Charger, porteuse de rêve et de cauchemar
Le nom Charger aura été de tous les combats chez Dodge. La première génération, apparue en 1966, n’avait pas remporté le succès escompté. La suivante (1968-1974), d’une beauté à émouvoir un agent du ministère du Revenu, fait encore l’envie des jeunes et moins jeunes. Par la suite, la Dodge Charger a pris du poids en devenant une voiture axée sur le luxe. L’impardonnable s’est produit avec l’apparition, en 1982, d’une Charger en tant que sous-série de la coquerelle Omni. Carroll Shelby a eu beau tenter de redorer le blason terni de la Charger, rien n’y fit. Il a fallu attendre 2006 pour que la Dodge Charger regagne son honneur.
Certes, les amoureux de la première heure ne lui ont toujours pas pardonné de désormais présenter quatre portières, mais il faut admettre que Chrysler n’a pas fait les choses à moitié. La Charger, en configuration de base, n’est pas une bombe. Mais remarquez qu’à la belle époque aussi, il était possible d’avoir cette voiture avec un triste six cylindres en ligne… Toujours est-il qu’aujourd’hui, la Charger de base (SE) est dotée d’un V6 de 2,7 litres qui a comme seul avantage de permettre à Dodge de proposer sa voiture sous les 20 000 $, au moment d’écrire ces lignes. Le V6 3,5 litres de la livrée SXT est nettement plus intéressant. Ses 250 chevaux et 250 livres-pied de couple suffisent à donner à la Charger des performances très correctes. De plus, il s’agit sans aucun doute du moteur le mieux adapté à cette berline intermédiaire. Il est associé à une transmission automatique à quatre rapports si la traction (roues avant motrices) est choisie et à une automatique à cinq rapports lorsque le rouage intégral est coché.
R/T, comme dans l'temps !
Vient ensuite le modèle R/T (proposé en modèles traction ou intégrale) avec un 5,7 litres Hemi qui adore laisser galoper ses 340 chevaux (350 dans la livrée R/T Daytona) appuyés par un couple des plus généreux. Les amateurs de performance saluent bien bas ce moteur, jamais essoufflé. Cependant, force est d’admettre que le surplus de puissance qu’il apporte ne semble pas avoir trouvé son égal dans les autres éléments de la voiture. Par exemple, la direction est aussi surassistée que dans la SXT, la transmission ne répond pas nécessairement plus rapidement et les suspensions se révèlent, de toute évidence, aussi peu rigides. Attention, nous ne voulons pas dire que la R/T est dénuée d’intérêt. C’est seulement que, comme « dans l’temps », la Charger R/T aime mieux les lignes droites aux pistes de course… Cependant, l’option Performance apporte plus de dynamisme.
Elle offre des roues de 20 pouces, des sièges plus enveloppants, des suspensions et une direction plus aguerries, une augmentation de 10 chevaux (Daytona), un échappement moins restrictif et, enfin, des rideaux et des coussins latéraux, sans doute en prévision de quelques… imprévus. Ce n’est pas encore une SRT8, mais pour s’amuser un peu et à moindres frais, cette option est fortement recommandée. La version SRT8, qui va à l’encontre de toutes les normes actuelles en matière de consommation, est une véritable sportive. Autant la R/T m’a déçue, autant la SRT8 mérite sa place dans la gamme Charger. Son immense Hemi 6,1 litres fait dans les 425 chevaux pour un couple de 420 livres-pied. Mais cette fois, le reste de la voiture peut suivre la mécanique. Par exemple, la transmission automatique à cinq rapports passe rapidement les vitesses, les suspensions de type compétition effectuent un excellent boulot tout en ne rendant pas la voiture inconfortable et les freins sont mordants à souhait.
Et le son du moteur est un régal, rien de moins. Il ne s’agit pas, évidemment, d’une voiture à mettre entre toutes les mains et la meilleure raison de s’en procurer une réside dans la valeur qu’elle prendra dans les années à venir. Et pour les longues traces noires aussi !
Agressive en dehors, douce en dedans
À l’intérieur, l’habitacle a été piqué à la Chrysler 300. Oh, il n’est pas laid, mais disons que pour l’originalité, on repassera. Dans une version aussi sportive que la SRT8, on s’attendrait à quelque chose de plus substantiel. Mais même la nouvelle Challenger, aux lignes au moins aussi brutales, reprend ce tableau de bord. Il y a des limites que les designers ne peuvent dépasser, sans doute à cause des coûts. Les sièges sont confortables, mais le support, surtout aux cuisses, est banal. Ceux de la SRT8, par contre, sont quasiment parfaits. Les sièges arrière sont plus ou moins faciles d’accès à cause des puits de roue très prononcés. Ils sont moelleux à souhait, mais ce type de confort ne plaît pas à tous. Le coffre présente des dimensions généreuses, son ouverture est grande, mais, dommage, son seuil de chargement est très élevé. Style oblige, la surface vitrée n’est pas des plus grandes et la visibilité vers l’arrière ou les trois quarts arrière est imparfaite.
En ce qui concerne la sécurité, Dodge fait un peu chiche en proposant seulement deux coussins gonflables pour les occupants avant. Les freins ABS sont offerts sans frais dans toutes les versions, sauf la SE où ils sont optionnels. Décevant. Même constat pour le système de contrôle de la traction (ESP). Redécevant. Dans un monde où chacun tente de devenir plus vert que le gazon du voisin, les Charger R/T et SRT8 ont plus ou moins leur place. Mais, heureusement, il restera toujours des amateurs qui ne se priveraient, pour rien au monde, de la sonorité d’un bon gros V8 américain, au risque de se faire lancer des tomates bio !
FEU VERT
Style agressif à souhait
Valeur future de la version SRT-8
V6 3,5 litres bien adapté
Habitacle confortable
Rouage intégral (AWD) offert
FEU ROUGE
Suspensions et direction peu sportives (sauf SRT8)
Finition quelquefois sommaire
Valeur de revente plus ou moins intéressante
Visibilité arrière pauvre