Dodge Journey, presque réussi

Publié le 1er octobre 2008 dans 2009 par Alain Morin

Dans un marché où chacun tente de tirer son épingle du jeu et où certains constructeurs jouent leur avenir tous les jours, proposer un produit qui soit parfaitement adapté aux besoins des consommateurs devient impératif. Il y a près de 20 ans, l’arrivée de la Dodge Caravan, l’Autobeaucoup, prouvait qu’on pouvait, en s’insérant entre deux catégories, en créer une nouvelle. Bien des manufacturiers ont compris l’astuce et n’ont cessé de créer des véhicules se plaçant entre deux créneaux, ce qui fait qu’il y a de plus en plus de catégories et de moins en moins de concurrents dans chacune de ces catégories.

L'automne dernier, Dodge profitait du Salon de l’auto de Francfort pour dévoiler ce qui allait devenir, quelques mois plus tard, le Journey, un multisegment à mi- chemin entre la fourgonnette traditionnelle et la familiale. Si on compare les fiches techniques, le Journey se situe, au niveau des dimensions générales, exactement entre la Grand Caravan et la Mazda5. En fait, ses dimensions sont à peu près identiques à celles du Ford Taurus X mais, comme nous le verrons plus tard, ses véritables rivales sont plutôt les multisegments Mazda5 et Kia Rondo. Les voies du marketing sont parfois très impénétrables…

Question de réduction des coûts, on a pris le châssis et les organes méca niques du duo Dodge Avenger et Chrysler Sebring et on les a adaptés pour une utilisation plus utilitaire. Pour les besoins de la cause, les ingénieurs ont allongé non seulement l’empattement mais aussi toutes les dimensions extérieures, question de pouvoir insérer une troisième rangée de sièges.

Quatre ou six cylindres

Au Canada, le Dodge Journey se décline en quatre versions, soit SE, SE Plus, SXT et R/T. Les deux premières versions sont mues par un quatre cylindres de 2,4 litres de 173 chevaux et 166 livres-pied de couple tan- dis que les deux autres reçoivent un V6 de 3,5 litres de 235 chevaux et 232 livres-pied de couple. De plus, les versions SXT et R/T peuvent être commandées avec un rouage intégral. Sinon, il s’agit d’une traction (roues avant motrices). Les modèles à quatre cylindres sont dotés d’une transmission automatique à quatre rapports et les autres à une boîte, automatique elle aussi, à six rapports.

Ce Dodge n’est pas ce que nous pourrions considérer comme un poids plume… Par exemple, la version quatre cylindres pèse tout de même plus de 1 700 kilos. Avec un moteur de 173 chevaux, il est facile de comprendre que le Journey n’a rien pour entamer une carrière dans le drag. Puisqu’il est possible, avec cette version, d’avoir trois rangées de sièges, nous n’osons imaginer la pénibilité des accélérations lorsqu’il transporte sept personnes et leurs bagages. Sans doute pour compenser le manque de puissance à bas régime, la transmission à quatre rapports de notre véhicule d’essai tardait à changer les rapports, montant allègrement à plus de 4 000 tours/minute avant d’enclencher le rapport supérieur, et ce, en accélération normale. Aussi, on ne retrouve aucune surmultipliée sur cette transmission. Malgré tout, nous avons réussi à maintenir une moyenne de 11,6 litres aux cent kilomètres, ce qui est très bien compte tenu du poids de la voiture, mais qui est encore audelà de la consommation de la Mazda5.

Après avoir fait l’essai du quatre cylindres, nous avons mis la main sur un modèle R/T à moteur V6 3,5 litres. Les performances s’avèrent certes plus intéressantes mais il n’y a toujours pas raison de s’exciter le poil des jambes. La transmission à six rapports permet de conserver le rythme du moteur à un niveau plus bas (1 800 tours/minute à 100 km/h comparativement à 2 250 pour le 2,4 litres), mais elle a la fâcheuse manie, du moins sur notre voiture d’essai, de constamment passer du quatrième au cinquième rapport dès la première côte venue. Pour remédier à ce problème, il faut placer la transmission sur le mode manuel. Pour une fois qu’un mode manuel sur une automatique peut servir à quelque chose… Autrement, son comportement est sans reproches. Puisque nous avons fait environ 85 % de notre semaine sur les autoroutes (un événement à Mont-Tremblant et de la parenté en Estrie, ça fait beaucoup d’autoroutes !), nous avons réussi à obtenir une consommation moyenne de 12,1 litres aux cent, ce que confirme au millilitre près, l’ordinateur de bord. À première vue, ça semble peu, mais dès qu’on roule en ville ou qu’on accélère avec le moindrement d’insouciance, la consommation augmente indécemment.

Si le quatre cylindres ne peut remorquer plus de 450 kilos (1 000 livres), le V6, lui, peut tirer jusqu’à 1 600 kilos (3 500 livres) lorsqu’équipé en conséquence.

Coins ronds

Au niveau de la conduite, encore là, on ne peut guère crier au génie. Le comportement routier est correct mais le châssis pourrait être plus rigide. À preuve, les nombreux bruits de caisse, souvent appelés rattles, qui ont parsemé nos deux essais, particulièrement dans la version V6. Les suspensions, MacPherson à l’avant et multibras à l’arrière, sont souples et incontestablement plus axées vers le confort que vers la sportivité, même dans la version R/T alors que Dodge leur donne l’étiquette « performance ». En virage, on dénote un important roulis, surtout avec le moteur V6, plus lourd. Sur ce dernier modèle, il aurait été préférable d’installer des pneus de bonne qualité plutôt que les très ordinaires Kumho Solus de 19 pouces qui criaient à en fendre l’âme dès la première courbe venue.

L’accès à bord n’est pas des plus réussis puisque le siège est placé assez loin du bord. Il faut donc s’étirer la jambe plus que de raison. Au moins, une fois assis, la position de conduite se trouve facilement grâce à une direction ajustable en hauteur et en profondeur et la visibilité n’est pas vilaine du tout sauf vers l’avant où les piliers A sont très larges et peuvent bloquer la vue, surtout en ville. Les sièges sont confortables et sont dotés d’accoudoirs, parfaits pour les longs voyages. Le conducteur fait face à un tableau de bord dont le design surprend par son style rétro et les espaces de rangement sont nombreux et bien disposés. La plupart des matériaux affichent une qualité honorable sans tomber dans l’excellence. Là où ça se corse, c’est au niveau de la qualité de la finition.

Haut degré de perfectionnement ?

On accède aux sièges de la deuxième rangée grâce à des portes qui ouvrent à 90 degrés, une trouvaille très appréciée. Les dossiers de ces sièges s’abaissent de façon 40/20/40, c’est-à-dire qu’il est possible d’abaisser la place centrale indépendamment des deux autres. Leur confort est convenable malgré la dureté du matériel et l’espace dévolu aux jambes et à la tête se révèle très correct. Quant aux places de la troisième rangée, si le véhicule en est équipé, elles s’avèrent facilement accessibles puisque les sièges de la deuxième rangée s’avancent passablement, mais elles ne doivent être considérées que pour de très courtes distances. Une fois les rangées de sièges relevées, l’espace pour les bagages est bien mince, seulement 302 litres, soit beaucoup moins que le Ford Taurus X mais bien davantage que la Mazda5. Par contre, lorsque les deux rangées de sièges sont baissées, les 1 915 litres sont fort appréciés. Il est même possible de rabattre le dossier du siège avant droit vers l’avant pour transporter des objets mesurant jusqu’à 2,75 mètres de longueur.

Ce même siège cache, sous son assise, un bac de rangement. Il y en a d’autres, logés sous les pieds des passagers de la deuxième rangée, qu’il est possible de remplir de glace pour conserver les cannettes ou les bouteilles de boissons gazeuses au frais. Par contre, il n’y a pas de cache-bagages, même en option. Quiconque recherche un véhicule cinq ou sept passagers ne doit pas ignorer le Dodge Journey. Comme mentionné plus tôt, ses dimensions le rapprochent d’un Ford Taurus X dont le prix est nettement supérieur. En fait de prix, il fait match presque égal avec les Mazda5 et surtout Kia Rondo, moins logeables mais bien plus agiles et infiniment mieux finies. Le Journey n’est pas un mauvais véhicule mais il est loin de répondre aux goûts des amateurs de conduite inspirée.

FEU VERT

Lignes agréables
Dimensions correctes
Nombreux espaces de rangement
Suspensions confortables

FEU ROUGE

Moteurs mal adaptés
Consommation exagérée (V6)
Freins peu convaincants
Fiabilité à confirmer
Finition lamentable

Share on FacebookShare on TwitterShare by email
Partager

ℹ️ En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies telle que décrite dans notre Politique de confidentialité. ×