Dodge Viper, la brute
Après un premier contact avec la nouvelle Dodge Viper sur le circuit de Virginia International Raceway et sur les routes du Québec l’an dernier, j’ai renoué avec elle puisque nous avons fait l’acquisition d’une Viper Coupé pour le Challenge Trioomph. C’est donc sur le Circuit Mont-Tremblant que s’est poursuivie l’évaluation de cette brute de 600 chevaux…
Seulement une centaine d’exemplaires de la nouvelle Viper ont été alloués au marché canadien pour la première an- née de production, et nous avons eu la chance d’être par- mi les heureux élus. C’est ainsi qu’une Viper Coupé rouge avec bandes argentées est venue remplacer notre Viper Coupé noire de la génération antérieure, le choix du modèle Coupé plutôt que Roadster s’imposant de lui-même pour des raisons évidentes de sécurité en vue de la conduite sur circuit.
Une pure et dure
Avant d’arriver sur la piste, il faut cependant emprunter les routes balisées où la conduite d’une Viper ne présente pas de problèmes majeurs, mais plutôt certains inconvénients. En effet, le côté pratique est loin d’être évident, la visibilité étant limitée et le conducteur devant apprivoiser la bête qui est totalement dépourvue des « anges gardiens » électroniques que l’on retrouve maintenant sur toutes les voitures haut de gamme. Lors de la refonte vers le modèle actuel, les ingénieurs ont choisi de respecter la vocation première de cette sportive hors norme et de ne pas la doter d’un système de traction asservie ou de contrôle électronique de la stabilité ; seul un système de freinage ABS est au programme. Pour cette nouvelle génération, l’embrayage de la Viper a été revu et il est maintenant composé de deux disques plutôt que d’un seul, ce qui demande moins d’effort de la part du conducteur et le rend également plus facile à doser.
Le niveau sonore dans l’habitacle fait en sorte que le confort est tout à fait relatif, et il y a fort à parier que si la ministre des Transports disposait d’une Viper comme voiture de fonction, elle ne pourrait s’assoupir en se faisant conduire…
Radicale au point de commander le respect
Vous l’aurez compris, la Viper n’a pas été conçue pour les douces balades à 100 km/h sur l’autoroute, avec un moteur qui tourne à seulement 1 250 tours/minute en sixième vitesse, mais plutôt pour s’exprimer pleinement dans l’environnement contrôlé et sécuritaire d’un circuit. Premier conseil : avant de prendre la piste, servez-vous un espresso bien tassé, histoire d’éveiller tous vos sens. Deuxième conseil : prenez le temps de bien réchauffer les pneus en louvoyant sur les lignes droites, puis de compléter leur montée en température par une série d’accélérations et de freinages toujours sur les lignes droites. Les mots-clés ici sont « lignes droites ». Si vous tentez ce genre de manoeuvres en virages alors que les pneus sont encore froids, la glissade ou le tête-à-queue risque de survenir sans avertissement. Il faut donc faire preuve d’une certaine autodiscipline avant d’exploiter son potentiel de performance.
Ce n’est qu’une fois cette première étape passée que vous serez prêt pour l’action. Le deuxième mot-clé qui doit guider votre pilotage de la Viper sur circuit est le mot anglais smooth, que l’on peut traduire par les termes français « progressif, graduel, fluide ». Au volant de la Viper, on n’écrase pas l’accélérateur à fond d’un coup brutal, mais on appuie fermement et progressivement sur l’accélérateur ; on ne freine pas violemment, mais on trouve le point de friction des freins avant d’appuyer avec force sur la pédale ; on ne donne pas de coup de volant brusque, mais on inscrit graduellement la voiture en virage. Ce n’est qu’en conduisant de cette façon que l’on peut atteindre le maximum de ce que la Viper a à offrir. Et maintenant, voici quelques chiffres qui vous permettront d’apprécier la Viper à sa juste valeur : la puissance est de 600 chevaux, la vitesse maximale est de 322 km/h (200 mi/h), et la Viper est capable d’atteindre 1,05 g d’accélération latérale en virages.
Lors d’une accélération franche, le bond en avant est tout simplement prodigieux, et la Viper vous donne l’impression d’avoir été littéralement catapultée vers le prochain virage. Sur circuit, le principal point faible de la Viper se trouve au niveau du freinage. Le système de freinage, mis au point par les experts de Brembo en Italie, ne pose aucun problème en conduite normale, mais comme les freins sont beaucoup plus sollicités sur circuit, leur efficacité diminue légèrement tour après tour, ce qui est normal, mais il devient alors difficile de bien sentir l’effort de freinage maximal avant l’intervention du système ABS, la pédale de frein ne donnant pas beaucoup de feedback.
Malgré ce point faible, piloter une Viper sur un circuit relève du pur délice. La Viper, c’est une sportive à l’américaine qui ne fait pas dans la dentelle. Elle est aux antipodes des sportives de haut calibre qui sont plus avancées sur le plan technique, et elle propose une notion plus simpliste de la performance pure avec son V10 qui est un véritable monstre de puissance. La Viper est radicale au point de commander le respect, et comme elle est produite en série limitée, elle possède un cachet d’exclusivité et un pouvoir d’attraction bien réel.
FEU VERT
Voiture exclusive
Moteur assez performant, merci !
Embrayage moins dur
Prix réaliste
FEU ROUGE
Pour pilote aguerri seulement
Freins justes
Habitacle étriqué
Confort très relatif