Infiniti QX30 2017 : la victoire en tête

Publié le 21 juillet 2016 dans Premiers contacts par Mathieu St-Pierre

SEATTLE (Washington) – La démultiplication des modèles par écusson, ce que l’on appelle badge engineering en anglais, a tout sauf décimé les trois grands constructeurs nord-américains. Prendre une Chevrolet Cavalier et y apposer un ornement de Cadillac sur le capot il y quelque 30 ans était une grosse erreur, au point où GM ramasse toujours les pots cassés aujourd’hui. Les marques japonaises et européennes ont aussi tenté leur chance à ce jeu, et ils ont appris quelques leçons eux aussi.

Bien que la pratique existe encore, l’exercice a évolué et peut s’avérer une mesure efficace pour réduire les coûts de développement. En fait, ici, elle n’a jamais été mieux exploitée.

Comme preuve, le nouvel Infiniti QX30 2017. En 2011, l’alliance Nissan-Renault a signé une entente avec Daimler (Mercedes-Benz), ce dernier leur fournissant une plateforme sur laquelle les ingénieurs et les stylistes de Nissan construiraient un véhicule à leur propre image. On aurait pu considérer cette mesure risquée il y a quelques années, Infiniti a prouvé qu’elle peut être faite, et bien faite.

Le nouveau QX30 s’amène dans la catégorie des multisegments compacts de luxe au moment où cette dernière connaît une popularité en hausse fulgurante. Les consommateurs se distancent des berlines traditionnelles pour se rapprocher de véhicules cinq portes à hayon, dotés d’une garde au sol surélevée, beaucoup plus polyvalents et intelligents. Le QX30 agence un style élégant avec une conduite sportive et un habitacle luxueux.

Je crois que ce changement de cap pourrait être le plus brillant de la décennie.

Sauce Infiniti

Qu’est-ce que c’est, au juste? Eh bien, Infiniti constitue la marque allemande japonaise, ce qui veut dire qu’elle a réussi à équilibrer le raffinement avec la sportivité sans toutefois négliger de luxe. Cette dose supplémentaire de conduite dynamique par rapport à Lexus et Acura représente ce qui démarque ce constructeur.

Le véhicule donateur, le Mercedes-Benz GLA, est déjà très raffiné. Toutefois, Infiniti a réussi à élever cet attribut d’un cran, et de bien le ficeler en même temps. En fait, c’est un accomplissement plutôt impressionnant.

Mécaniquement, les deux sont presque identiques. Le quatre cylindres turbo de 2,0 litres développe 208 chevaux et un couple généreux de 258 lb-pi. Une boîte automatisée à sept rapports avec double embrayage achemine la puissance aux roues avant ou aux quatre roues. Les ingénieurs d’Infiniti ont apporté quelques changements à la boîte, mais seul un essai côte à côte divulguera vraiment ces différences. Peu importe, l’automatique est vive, mais peu aussi rapide d’exécution que la boîte S tronic chez Audi, par exemple.

Le 2,0 litres turbo déverse son couple maximal de 1 200 à 4 000 tr/min. Cette plage juteuse de muscle rend le QX30 agréable à conduire en ville. Laissée en mode Normal, la boîte passe ses rapports de façon imperceptible alors que l’accélérateur demeure réactif. En mode Sport, les rapports sont retenus plus longtemps et la pédale de droite devient un peu plus nerveuse. Tous les QX30 disposent de sélecteurs montés au volant, un bel ajout, mais non essentiels dans ce véhicule. Ils s’agencent tout de même très bien avec la personnalité de ce VUS compact.

Tout cela est amusant, mais on note un léger manque de muscle entre 4 000 et 5 500 tr/min, tout près de sa puissance maximale, qui devient plus évident en conduite sportive. La version essayée, dotée du rouage intégral, était loin d’être rapide, mais assez vive pour avoir du plaisir sur des routes sinueuses à l’ouest de Seattle.

Un des meilleurs aspects du QX30 demeure sa qualité de roulement et de tenue de route. Infiniti a également révisé les suspensions avant à jambes MacPherson et arrière indépendante multibras, reprises directement du GLA, et les résultats sont superbes.

La hauteur de caisse du QX30 de base est typique d’un petit multisegment. Toutefois, celle de la version Sport a été abaissée de 15 mm, alors que celle de la version intégrale bénéficie d’une garde au sol de 30 mm supplémentaires. Malgré cette hausse, le QX30 à transmission intégrale s’est acquittée des routes sinueuses mentionnées plus tôt avec une précision et un aplomb étonnants. La tenue de route est bien équilibrée, avec à peine la présence de sous-virage et un roulis de caisse minime. Sérieusement, l’Infiniti QX30 2017 se conduit plus comme une voiture compacte sportive qu’un VUS équivalent. La direction électronique est bien dosée et une sensation et un retour des informations raisonnables.

Le rouage intégral favorise les roues avant et peut acheminer jusqu’à 50% du couple aux roues arrière. Ce type de système est très répandu, et devrait compter pour environ 85% des ventes du QX30 au Canada, avec raison.

Élégance distinctive

Un simple coup d’œil vous attirera probablement davantage vers le QX30. Cet Infiniti a du caractère, beaucoup plus que le Mercedes, alors que la marque de luxe de Nissan ne se gêne pas pour lancer des plis et des lignes fuyantes sur la carrosserie de ses produits.

La calandre signature à double arche est jolie et puissante, alors que les piliers C torsadés sont uniques. Selon la déclinaison, des variations dans le design de la partie avant existent, tout comme les jantes en alliage. Curieusement, l’empattement est inchangé par rapport à celui du GLA, mais le QX30 est marginalement plus long et plus large. Deux éléments qui jouent gros dans le look plus solidement planté au sol de l’Infiniti.

L’habitacle est à l’étroit, idéal pour quatre passagers. L’influence de Mercedes est évidente au chapitre des commandes et du volant, mais Infiniti a réussi de s’en approprier. Le style du tableau de bord est très contemporain et le tout est bien assemblé.

L’écran tactile de sept pouces peut aussi être manipulé en utilisant la molette Infiniti, l’affichage permettant de régler le système de navigation, les communications et la chaîne audio. Les sièges, recouverts de série de cuir Nappa, sont très confortables et la position de conduite est excellente. Un autre point positif, c’est l’aire de chargement, l’un des plus spacieux de sa catégorie avec un volume de 544 litres.

Un seul obstacle

Le nouvel Infiniti QX30 2017 est armé jusqu’aux dents de raisons pour le considérer parmi les modèles établis comme l’Audi Q3, le BMW X1 et, bien sûr, le Mercedes-Benz GLA.

Selon Infiniti, le QX30 devrait finir par représenter 16% des ventes totales de la marque. Si l’on considère que l’expérience de conduite est nettement plus divertissante que ce à quoi on s’attendait, et le fait que le segment des VUM compacts est le plus hot de l’heure, je crois que cette proportion sera plus grande.

Tout dépendra du prix, qui n’a pas encore été officialisé. Si la différence entre le QX30 et la GLA est assez significative, Infiniti ne pourra suffire à la demande. Ça, c’est leur victoire.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Infiniti QX30 2017
Version à l'essai AWD
Fourchette de prix n.d.
Prix du modèle à l'essai n.d.
Garantie de base 4 ans/10 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 6 ans/110 000 km
Consommation (ville/route/observée) 8,7 / 5,5 / n.d. L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Audi Q3, BMW X1, GMC Terrain, Mercedes-Benz GLA, Volkswagen Tiguan
Points forts
  • Joli style
  • Tenue de route impressionnante
  • Moteur peu énergivore
  • Beaucoup de technologies modernes
Points faibles
  • Siège arrière limité à deux occupants
  • Le prix joue en faveur ou contre un bon véhicule
  • Creux dans la courbe de puissance entre 4 000 et 5 500 tr/min
  • Peut devenir bruyant à vitesse d’autoroute
Fiche d'appréciation
Consommation 3.5/5 Les cotes ne sont pas encore disponibles, mais on s’attend à ce qu’elles soient dans la moyenne.
Confort 4.0/5 Excellents sièges, confort de roulement plus qu’acceptable
Performances 3.5/5 Le poids additionnel du rouage intégral vole le moteur turbo de 2,0 litres d’un peu de sa vigueur, mais le couple à bas régime est idéal pour la conduite urbaine.
Système multimédia 4.0/5 Un écran tactile de série, beaucoup d’options de connectivité et un bon système de navigation.
Agrément de conduite 4.0/5 Tenue de route impressionnante, direction amusante et bons freins. La boîte de vitesses est fringante aussi.
Appréciation générale 4.5/5 Du jour au lendemain, ce segment ajoute un sérieux prétendant pour le titre du meilleur du groupe. Si Nissan joue bien ses cartes au chapitre du prix, il peut très bien remporter cette victoire.
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