Infiniti Q70 2016: Être ou ne pas être

Publié le 1er janvier 2016 dans 2016 par Gabriel Gélinas

L’Infiniti Q70 fait partie de ce petit groupe de voitures dont la diffusion est à ce point confidentielle chez nous que l’on ne remarquerait absolument pas leur disparition du paysage automobile. Avec 128 unités vendues au Canada en 2014, dont 19 au Québec, apercevoir une Q70 sur la route est un événement aussi rarissime que de croiser une super-sportive exotique comme la Audi R8 sur son chemin.

Pourtant, la Q70 n’est pas dépourvue d’attraits. Restylée l’an dernier, elle partage maintenant un air de famille avec la Q50 grâce à ses blocs optiques redessinés et une calandre en nid d’abeilles. La gamme est aussi variée que complète, avec une version hybride qui n’est cependant proposée qu’en propulsion, des modèles sport dotés de la transmission intégrale, et même une version à empattement allongé qui a d’abord été développée pour répondre à la demande des acheteurs en Chine, où la clientèle fortunée préfère se faire conduire que de prendre le volant.

La dotation de série est très complète, la voiture se classe parmi les meilleures en ce qui a trait à la protection des passagers en cas d’impact, la Q70 est truffée des systèmes d’aide électronique à la conduite si chers à la marque japonaise, et le confort est souverain. Alors, quel est le problème?

Conduite fade et aseptisée

Le problème, à mon humble avis, c’est que la Q70 manque cruellement de personnalité et de cachet qu’elle ne fait qu’exister dans l’ombre de ses rivales directes. Lorsque la marque Infiniti a été lancée en Amérique du Nord, sa toute première voiture était la Q45, laquelle a rapidement mérité des éloges pour son comportement routier très typé et qui a été qualifiée à l’époque de « BMW japonaise ». Pendant plusieurs années, on pouvait d’ailleurs à juste titre considérer que si Lexus avait Mercedes-Benz dans sa mire, Infiniti avait BMW dans son collimateur.

Mais aujourd’hui, lorsqu’on prend le volant de la Q70, on ne ressent absolument pas les mêmes sensations qu’en roulant à bord d’une Série 5. Alors que la bavaroise vous fait sentir la route au travers de ses suspensions finement calibrées et de sa direction ultraprécise, la japonaise se contente de vous en isoler par son insonorisation et par son comportement routier clairement axé sur le confort des passagers.

D’accord, les motorisations V6, V6 hybride et V8 sont puissantes et les accélérations peuvent s’avérer toniques, mais ça se limite vraiment à ça pour ce qui est de la dynamique. Il est possible de personnaliser le comportement de la voiture grâce à un sélecteur de modes de conduite comprenant les modes Normal, Sport, Eco et Neige. Toutefois, il faut savoir que ceux-ci ne paramètrent que la sensibilité de l'accélérateur et le passage des sept rapports de la boîte automatique, mais pas la direction ni la suspension.

Bref, ça décolle en ligne droite, mais le plaisir de conduire s’arrête là, même dans le cas du modèle essayé, la version Sport avec freins surdimensionnés et calibrations plus fermes des liaisons au sol. Quant au modèle à motorisation hybride, précisons que son prix est beaucoup plus élevé et que la présence de la batterie servant à alimenter le moteur électrique réduit considérablement le volume d’espace du coffre.

Silence! On roule…

Si l’on fait abstraction des accélérations à plein régime, alors que le V6 de 3,7 litres donne sa pleine mesure, le niveau sonore perçu dans l’habitacle est assez faible pour rendre la vie à bord très agréable. La finition soignée et la qualité des matériaux utilisés dans l’habitacle contribuent à cette impression de luxe et de confort que l’on ressent en prenant place derrière le volant qui se prend bien en main.

L’écran couleur de 7 pouces trônant au sommet et au centre de la planche de bord est facile à lire, tout comme les cadrans analogiques du bloc d’instruments mais, même si le clavier incliné du système multimédia ajoute une touche d’originalité à l’ensemble, la présentation intérieure de la Q70 se contente d’émuler plutôt que d’innover.

Somme toute, la Q70 c’est un peu mi-figue, mi-raisin. Elle est compétente, confortable et silencieuse, mais elle n’arrive tout simplement pas à se démarquer du peloton. C’est ce qui explique pourquoi elle continuera d’évoluer dans un certain anonymat malgré son échelle de prix attrayante par rapport à sa concurrence directe.

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