Ferrari FF 2016: Le quatre par quatre de la résistance

Publié le 1er janvier 2016 dans 2016 par Marc Lachapelle

Ferrari est la seule marque de prestige qui n’ait pas succombé à la tentation d’encombrer les routes et sentiers de cette planète d’un autre utilitaire sport pour gonfler ses profits. Maranello jure qu’on ne verra jamais sortir de ses usines un rival frappé du légendaire écusson jaune à l’étalon cabré pour les Bentley Bentayga, Porsche Cayenne et autres Jaguar F-Pace de ce monde. Ce qui n’empêche aucunement ces petits malins de produire, depuis cinq ans, une quatre roues motrices avec un grand hayon qui offre assez d’espace pour transporter quatre adultes, avec armes et bagages, en tout luxe et tout confort!

Cinq ans déjà, en effet, pour celle dont les initiales FF signifient simplement Ferrari Four, pour ses quatre places et ses quatre roues motrices. La FF succédait à la 612 Scaglietti qui avait elle-même pris le relais de la belle 456. Comme ses deux devancières et tant d’autres Ferrari parmi les plus précieuses et célèbres, la FF est propulsée par un V12 installé à l’avant, sous un capot incroyablement long.

Elle fut la première à recevoir ce moteur tout aluminium de 6,3 litres dont les rangées de cylindres sont espacées à 65 degrés, pour des harmoniques à peu près parfaites. Chacune de ses culasses est évidemment coiffée d’une paire d’arbres à cames et ses 48 soupapes s’ouvrent sur des cylindres alimentés par injection directe. On retrouve maintenant des versions plus poussées de ce V12 dans la F12berlinetta et la délirante LaFerrari. Celui de la FF produit un modeste 652 chevaux que Ferrari s’apprêterait à gonfler légèrement, tout en réduisant la consommation qui se chiffre actuellement à 15,4 l/100 km, selon les normes européennes. Malgré les bienfaits de la coupure automatique à l’arrêt.

Suffisait d’y penser

Chose certaine, la FF a permis aux voitures grand tourisme de Ferrari d’accéder à un autre créneau et d’explorer de nouveaux territoires, au propre et au figuré, grâce à un rouage à quatre roues motrices inédit. Un système à la fois simple, ingénieux et original qui permet d’éliminer l’arbre de transmission et le différentiel pour les roues avant. Ce qui réduit d’un trait le poids du rouage de 50 %. Les ingénieurs de Ferrari ont branché quelques engrenages sur le vilebrequin à l’avant du moteur, dans un boitier qui fait seulement 170 mm. Ils y ont ensuite relié deux embrayages multidisques en bain d’huile pour les roues avant. 

Chacune reçoit donc exactement le couple nécessaire, en accélération et en virage, selon l’adhérence disponible, sur les quatre premiers rapports de la boîte de vitesse à double embrayage qui en compte sept en tout. Le reste du temps, la FF se comporte comme une propulsion, ce qui convient parfaitement à un grand coupé dont 53 % du poids est placé sur les roues arrière. Il ne s’agit donc pas d’un rouage intégral mais d’un système qui permet à la FF de se débrouiller sur toutes les surfaces imaginables. De la glace vive à l’asphalte sec. Le tout, géré par des systèmes électroniques ultrarapides et raffinés que Ferrari a développés en F1 et que l’on commande avec cette molette magique, le manettino que l’on retrouve sur le volant. Comme sur les sportives de la marque. Suffit de choisir le mode de conduite voulu. Approprié ou pas. Que la fête commence!

Des airs de famille?

Côté style, la FF ressemble indéniablement à la 612 Scaglietti ou la F12berlinetta, mais seulement de l’avant. On prépare d’ailleurs quelques retouches à sa grande calandre pour la rafraîchir. Son profil est certainement unique, pour une Ferrari, avec une ligne de toit qui décline doucement vers une partie arrière tronquée sur laquelle se pose un grand hayon vitré. Dessinée chez Pininfarina, le complice de toujours, la plus costaude et polyvalente des Ferrari s’inspire de la longue tradition du shooting brake anglais, interprétée avec l’élégance et la grâce habituelles des créations du grand carrossier turinois.

L’habitacle est présenté et fini avec une opulence réjouissante, quand on considère le prix demandé. Les sièges sont bardés de cuir épais et le tableau de bord est un mélange tout à fait réussi de style et de fonctionnalité pure, avec des cadrans magnifiques et des commandes simples et bien placées. La FF est plus qu’une 2+2 puisque les places arrière peuvent accueillir un adulte de 6’1’’ (1 m 85) dans un confort acceptable. On peut également faire passer le volume du coffre de 450 à 800 litres en repliant les dossiers arrière.

Vous aurez compris que cette Ferrari FF n’est rien de moins que le hatchback absolu et un pied de nez magistral à l’engouement planétaire pour les utilitaires de tout acabit. On ne peut qu’attendre la suite avec délectation. 

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