Dodge Challenger 2016: Au diable Équiterre, de dire la Hellcat

Publié le 1er janvier 2016 dans 2016 par Marc Lachapelle

Prière de ne pas inviter Steven Guilbeault au même party que la Hellcat, cette version de la Challenger dans laquelle ces rigolos d’ingénieurs ont installé un V8 surcompressé de 6,2 litres et 707 chevaux. Un coupé lourd et costaud, à l’allure parfaitement rétro, qui devient illico le muscle car le plus puissant de l’histoire, titre qu’il partage avec sa sœur, la berline Charger Hellcat, qui abrite le même moteur diabolique. Ces deux-là ont assurément quelque chose de scandaleux, d’inacceptable et d’irrésistible, tout à la fois. Aux antipodes des voitures plus légères, propres et frugales qui sont l’avenir obligé de l’automobile. Et pourtant, elles plaisent. Énormément.

Pour tout dire, la Challenger Hellcat est à une voiture électrique de ce qu’une assiette géante de côtes levées avec une montagne de frites est à une salade au tofu, sans vinaigrette : la célébration presque délirante de plaisirs que plusieurs voudraient voir abolis ou interdits. Y compris certains journalistes automobiles, croyez-le ou non. Une orgie de puissance et de couple produite par un gros V8 à une époque où les grands constructeurs créent de grandes sportives à groupe propulseur hybride avec de petits moteurs turbocompressés, pour vanter ensuite leur faible consommation.

À la demande populaire

Bien sûr que les jours de beaux monstres comme les sœurs Hellcat sont comptés et qu’ils disparaîtront plus tôt que tard, bannis pour non-respect des normes de consommation et d’émissions polluantes beaucoup plus sévères qui auront bientôt force de loi. Pour l’instant, toutefois, les Hellcat sont parfaitement conformes aux règles en vigueur. Sauf que le constructeur a dû cesser de prendre les commandes au printemps dernier à cause d’une demande beaucoup plus forte que ce qui était prévu. Les travailleurs de l’usine de Brampton, en Ontario, faisaient des heures supplémentaires pour produire les milliers de voitures déjà vendues et ils en ont pour quelques mois de rattrapage. 

On peut difficilement trouver mieux comme illustration de la loi de l’offre et de la demande. Alors que nos gouvernements et ceux de plusieurs pays versent de généreuses ristournes pour encourager la vente de voitures écolo, c’est tout le contraire avec les Hellcat. Certains concessionnaires les vendent même beaucoup plus cher que le prix suggéré...

La bête a de bonnes manières

Le plus fascinant est de constater qu’en dépit de ses cotes de puissance et de couple hallucinantes, la Challenger Hellcat n’a rien d’un monstre incontrôlable ou dangereux. Il s’agit, au contraire, d’un gros coupé dans la pure tradition américaine qui sait très bien se tenir, surtout si on laisse toutes les aides à la conduite modernes dont il est pourvu faire leur boulot. Et là encore. Les ingénieurs ont particulièrement fait un excellent travail avec les suspensions. La Hellcat affiche un bel aplomb sur la route, avec un roulement qui n’est jamais sec ni trop mou, malgré un poids trop élevé. L’habitacle a pris un sérieux coup de jeune avec les retouches apportées l’an dernier. La finition est plus soignée, les affichages nets et l’interface Uconnect plutôt surchargée, mais toujours fort efficace. De bons points aussi pour de nouveaux sièges mieux sculptés.

La boîte de vitesses manuelle Tremec à 6 rapports est robuste, une très bonne chose, et exige une main ferme. Rien d’étonnant. On peut aussi opter pour une automatique à 8 rapports. Quelle que soit la boîte choisie, il est ardu de reproduire les chronos d’accélération annoncés, même avec le mode départ-canon intégré. Les 650 lb-pi de couple font patiner les roues arrière trop facilement. Pour freiner vos ardeurs, par contre, la Hellcat a de grands disques de 390 mm pincés par des étriers Brembo à six pistons à l’avant et des disques de 350 mm à l’arrière, avec des étriers à quatre pistons. 

Le plus ironique est de constater que la popularité inouïe de la Hellcat jette de l’ombre sur d’autres versions pourtant très puissantes et performantes de la Challenger. Les SRT 392 et R/T Scat Pack, surtout, avec leur V8 HEMI atmosphérique de 6,4 litres et 485 chevaux. Ou alors les versions Shaker, inspirées des Challenger classiques. Bon nombre d’acheteurs seraient sans doute parfaitement heureux au volant d’une Challenger R/T propulsée par le V8 de 5,7 litres et 375 chevaux ou avec le V6 de 3,6 litres et 305 chevaux des SXT. Le style est souvent aussi important que le muscle, dans cette catégorie. Sinon plus. Parions que Dodge aura l’idée de créer des modèles dont la silhouette s’inspirera de la Hellcat, mais dont le moteur sera plus sage et le prix plus abordable.

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