Lamborghini Aventador 2016: Une bête domptable

Publié le 1er janvier 2016 dans 2016 par David Booth

Parlons chiffres. Car ceux qui se rapportent à l’Aventador LP 750-4 Superveloce ont de quoi impressionner. Prenons la puissance, par exemple : 750 chevaux, soit 50 de plus que la LP 700-4. Le poids? Ce nouveau modèle, qui trône au sommet de la gamme de Lamborghini, a perdu 50 kilos. L’accélération? Oh, la, la... incroyable! Moins de 2,8 secondes pour passer de 0 à 100 km/h. Et si vous ajoutez 5,8 secondes, vous atteignez la barre des 200 km/h. La vitesse de pointe? Folle : 350 km/h!

Mais il y a un chiffre encore plus impressionnant que tous ceux-là : 6:59.73. C’est le temps au tour de la nouvelle LP 750-4 sur le célèbre circuit de Nürburgring, en Allemagne. Même pour un supercar, il s’agit là d’un temps extrêmement rapide. Une seule autre véritable voiture de tourisme – une Porsche 918 Spyder équipée de l’ensemble compétition Weissach – a déjà réalisé un tour plus rapide. 

Sur une plus petite piste, comme le Circuit de Barcelona-Catalunya, la vélocité de la nouvelle LP 750-4 étonne à chaque virage et à chaque section droite Même solidement appuyé au fond du siège, les forces g vous bousculent férocement, et quand l’aiguille du compte-tours passe 7 000 tr/min, on arrive à peine à atteindre les palettes au volant pour passer le rapport suivant. Peu importe à quel point on se prépare à vivre cette expérience, l’accélération fulgurante du V12 surprend chaque fois qu’on enclenche le troisième rapport à 8 500 tr/min.

Une bête domptable

Ce qui distingue l’Aventador des autres supervoitures, par contre, c’est que les surprises ne se métamorphosent pas en catastrophes. En fait, comme toutes les très bonnes automobiles (conventionnelles ou supercar), cette grosse Lamborghini a le don de vous transformer en un pilote meilleur que vous ne l’êtes vraiment. Alors que d’autres supervoitures à moteur central vous réprimandent sévèrement lorsque votre enthousiasme dépasse votre talent, l’Aventador opte pour une discussion posée. Elle pardonnera avec autant de grâce vos enfoncements trop intempestifs du pied droit que vos coups de volant trop optimistes, même à haute vitesse. Si vous devez faire quelque chose de fou au volant d’une machine de 750 chevaux, c’est celle-là qu’il faut choisir. 

Maurizio Reggiani, l’ingénieur en chef de Lamborghini, explique que ce contrôle supérieur provient du nouveau système de rouage intégral Haldex régi par ordinateur. Bien sûr, la nouvelle suspension à amortisseurs magnétorhéologiques, la direction à assistance variable et le gain de 170 % en appui aérodynamique y sont aussi pour quelque chose. Mais c’est surtout le fait que le système détermine exactement le niveau de couple à appliquer à chaque roue qui rend la conduite tellement plus facile, ajoute Reggiani, et c’est également ce qui explique que la Superveloce a gagné 25 secondes au tour – c’est énorme – par rapport à la LP 700-4 sur le Nürburgring.

Cela dit, certaines surprises demeurent. Par exemple, Lamborghini a décidé d’appliquer plus de couple aux roues arrière (jusqu’à 90 %) en mode de conduite routière Sport qu’en mode Corsa pour circuit (80 %). La raison, précise la firme, c’est que personne, pas même les pilotes de course, ne veut se retrouver avec 750 chevaux débridés aux roues arrière quand on roule aux limites de l’adhérence sur une piste de course.

Toujours pas de turbos

Là où la Superveloce exhibe un tempérament plus spectaculaire, toutefois, c’est sous le capot. Les moteurs turbo, plus sages, sont en vogue dans les supercar, et même Ferrari a succombé à la tentation. De son côté, Lamborghini reste résolument attachée à son V12 à aspiration naturelle. L’engin de 6,5 litres produit maintenant sa puissance maximale à 8 400 tr/min et il émet un son plus intense que jamais. Quand on laisse ce moteur s’emballer, on peut revivre un peu l’époque où Ferruccio Lamborghini et Enzo Ferrari régnaient sur la planète automobile.

Les LP 700-4 et LP 700-4 Roadster n’ont pas à rougir non plus, avec seulement quelques chevaux de moins, un rouage intégral, la même boîte de vitesses à sept rapports avec double embrayage et un temps de chrono 0-100 de 2,9 secondes.

En fait, ce qui rend la LP 750-4 si sensationnelle, c’est la façon dont elle mène le spectacle. Elle est passionnée, mais elle livre les effets saisissants avec une certaine retenue. Pour éviter le métal froissé (et les os cassés), le châssis est d’une sagesse et d’une efficacité redoutables. Mais le moteur aux accents symphoniques, lui, se laisse aller furieusement et sans modération. C’est la rencontre de l’excès et du contrôle dans une irrésistible supervoiture italienne. Suffit de débourser les quelques 535 000 $.

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