Lincoln MKS 2016: Un patrimoine mal aimé

Publié le 1er janvier 2016 dans 2016 par Jean-François Guay

Lorsque la MKS a pris la relève de la Lincoln Town Car, on savait que le mandat de cette grande berline ne serait pas de tout repos. Malgré toutes les critiques acerbes à son endroit, la Town Car faisait partie du patrimoine de l'Oncle Sam au même titre que la dinde de la Thanksgiving, les pancakes et le bourbon. Et ne remplace pas qui veut un tel monument au sein de la société américaine. 

Lors de son introduction, la MKS faisait rêver les amateurs de voitures américaines. Plusieurs croyaient que c'était le retour du balancier après toutes ces années de vaches maigres face aux luxueuses berlines allemandes et japonaises. Mais non. La MKS a plutôt trouvé sur son chemin des modèles comme les Buick LaCrosse et Chrysler 300. Même si le vaisseau amiral de Lincoln ne manque pas d'attraits, le style de la carrosserie n'a jamais soulevé les passions malgré le bon vouloir du styliste Max Wolff — anciennement chez Cadillac. Il y a trois ans, les modifications apportées à la calandre ont redonné un second souffle à la MKS. Mais ces retouches sont apparues trop peu, trop tard. Inverser une tendance n'est jamais facile dans un créneau aussi conservateur que celui des grandes berlines de luxe.

Une vraie américaine

Outre sa gamme de prix attrayante, la MKS mise sur un confort hôtelier et un équipement technologique relevé. On trouve évidemment le dispositif SYNC avec MyLincoln Touch, un régulateur de vitesse adaptatif, un avertisseur de collision, un système d'alerte pour angle mort avec un avertisseur de circulation transversale à l'arrière, un mécanisme de stationnement autonome et un dispositif de maintien sur la route lorsque le véhicule dévie de sa trajectoire.

Mais au-delà de ses systèmes d'aide à la conduite, la MKS mise davantage sur le fait qu'elle est une voiture typiquement américaine pour conquérir des nouveaux acheteurs — lesquels ne se bousculent pas aux portes des concessionnaires. Fidèle à ses origines, la voiture abrite un habitacle et une instrumentation sobres, tandis que les matériaux utilisés sont de bonne facture. Sans flafla, les commandes sont faciles d'accès et à comprendre. Par contre, les contrôles de la ventilation et de l'audio qui se manipulent par l'effleurement des doigts sont imprécis et exigent la dextérité d'un violoniste.

Mais s'il y a une facette où la MKS fait honneur à son ancêtre Town Car, c'est au chapitre de l'espace intérieur. Il s'agit d'une véritable limousine et l’on se plaît à prendre place sur la banquette arrière pour se faire conduire. Cette Lincoln est insonorisée comme un abri antiatomique et le silence de roulement ferait pâlir de jalousie bon nombre de voitures allemandes. La suspension utilise un amortissement contrôlé en continu dont une série de capteurs qui surveillent constamment (jusqu'à 500 fois par seconde) les mouvements de la carrosserie, du volant et des freins pour le plus grand confort des occupants.

Sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, les sièges sont rembourrés comme ceux d'une Lincoln! Ni trop mous, ni trop fermes. Selon les groupes d'options, les sièges avant et arrière sont chauffants. Pour réduire la fatigue des muscles et améliorer la circulation sanguine, il est possible d'opter pour une fonction de massage. Une caractéristique que l'on trouve habituellement dans des voitures plus dispendieuses.

Mécanique et ambition

Lors de sa dernière refonte, les motoristes ont pris soin de supprimer la version de base à traction, une configuration qui n’avait pas sa place depuis que le rouage intégral est devenu l'apanage des voitures de luxe.

Sous le capot, on trouve des motorisations éprouvées. Le moteur d'entrée de gamme est un V6 de 3,7 litres lequel délivre 304 chevaux. La version EcoBoost est animée par un V6 biturbo à injection directe de 3,5 litres et 365 chevaux. Même si le moteur EcoBoost paraît séduisant, la puissance du 3,7 litres suffit amplement. Mais, s'il y a un organe mécanique qui ne soutient pas la comparaison avec la concurrence, c'est bien la boîte automatique à six vitesses. Malgré sa fiabilité, elle est le parent pauvre de la catégorie par rapport aux boîtes à sept ou huit rapports des constructeurs allemands et japonais.

Pour la petite histoire, on se rappellera que la marque de luxe de Ford a produit la voiture du président des États-Unis de 1939 à 1993. En concevant la MKS, il est clair que Lincoln n'avait pas l'ambition de reprendre son titre de fournisseur officiel de la Maison-Blanche. À moins que la Continental Concept qui a été présentée au dernier Salon de New York n'aboutisse à la chaîne d'assemblage, il serait surprenant qu'une Lincoln remplace la Cadillac One. 

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