Hyundai Equus 2016: Ça force l'admiration
Au beau milieu de la chaussée, dans une craquelure de l’asphalte, un pissenlit. Tout petit, tout rabougri, qui vacille au gré des voitures qui passent. Le lendemain, il est encore là, plus étiolé mais toujours en vie. Le surlendemain aussi. Puis la journée d’après…
Au beau milieu du Guide de l’auto, entre l’Elantra et la Genesis, une Equus. Qui vacille au gré des pages tournées rapidement, sans s’arrêter sur elle. Elle était là l’an passé. Elle y est cette année. Elle y sera peut-être l’an prochain… Des fois, il faut simplement cesser de prédire la mort et admirer la force de ceux qui se battent pour leur survie.
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L’Equus, c’est le ballon d’essai de Hyundai dans le créneau des voitures de prestige. Et voitures de prestige, ça veut dire Audi, Mercedes-Benz, BMW, Cadillac, Lexus… Quand on a commencé, il y a à peine 30 ans en vendant une voiture qui ne se démarquait que par son prix très bas et une qualité atroce (c’était la Pony), la partie n’était pas gagnée d’avance pour la marque coréenne. Que non!
La voiture, pourtant, est loin d’être mauvaise. Kia en a même tiré une version, la K900. Un tantinet revue pour 2014, la Hyundai Equus affiche une partie avant qui n’est pas sans rappeler une Mercedes-Benz Classe S d’il y a dix ans. L’habitacle est plus distinctif et arbore un tableau de bord classique à souhait, mais bien dessiné, recouvert de beaux cuirs et de boiseries chic. Si les sièges avant font preuve d’un grand confort, que dire de ceux à l’arrière qui rappellent quasiment ceux d’une Maybach.
Deux tonnes d’équipement
La liste de l’équipement standard impressionne : suspension avec contrôle en continu de l’amortissement, sièges avant chauffants et ventilés et sièges arrière chauffants, chaîne audio ambiophonique, écran central de 9,2 pouces, tout ce que l’on peut imaginer de connectivité, tapis de première qualité, climatiseur triple zone, régulateur de vitesse adaptatif, avertisseur de changement de voie, écran solaire rétractable pour la lunette arrière, etc. Ça c’était pour la livrée Signature.
La version Ultimate en rajoute une couche : sièges arrière ventilés, système d’infodivertissement aux places arrière, instrumentation du conducteur avec écran ACL de 12,3 pouces, caméra 360 degrés, écrans aux places arrière reliés au système de divertissement, ouverture et fermeture du coffre électrique… Fait à noter, il n’y a aucune option. Tout au plus quelques accessoires vendus en concession. Ce qui avait fait la réputation des Coréens dans les années 80 — et assuré en quelque sorte leur survie en Amérique —, c’était le rapport équipement / prix. Trente ans plus tard et dans le haut de gamme, c’est encore vrai.
On se concentre sur le moteur
Faisant osciller la balance au-delà de 2 100 kilos, la Hyundai Equus a besoin d’un gros moteur pour assurer des déplacements dignes d’une voiture haut de gamme. Là non plus, la marque au H aplati n’a pas lésiné. Avez-vous remarqué qu’on ne le voit que sur le coffre? Ailleurs, les designers ont préféré mettre une sorte d’oiseau prenant son envol, ou atterrissant, c’est selon. Mais nous nous éloignons du sujet de ce paragraphe, le moteur. Il s’agit d’un V8 de 5,0 litres à injection directe et d’une puissance tout à fait acceptable, soit 429 chevaux. Sa sonorité en accélération vive est tout aussi acceptable bien qu’elle soit étouffée par des centaines de kilos de matériel insonore. La boîte de vitesses est une automatique, est-il besoin de le préciser, à huit rapports. Les roues motrices sont situées à l’arrière. Un rouage intégral aurait été bienvenu, mais il aurait fait monter le prix. L’Equus étant déjà à peu près impossible à vendre, s’il fallait augmenter son prix… D’ailleurs, pour encourager un tant soit peu les acheteurs indécis, Hyundai propose un service personnalisé qui comprend un essai routier à domicile puis, une fois l’achat complété, qui vient chercher votre Equus pour les entretiens réguliers sans frais pour 3 ans ou 60 000 km.
Avec des ventes ultraconfidentielles, il aurait été tout à fait excusable que l’Equus nous quitte cette année. Ce n’est pas le cas. Les dirigeants de Hyundai ne sont pas fous et la patience est leur grande vertu. La première incursion dans le haut de gamme n’a pas fonctionné? Je ne serais pas surpris que ça ait été prévu. La deuxième pourrait être plus sérieuse. La troisième arrachera des larmes à Audi, Mercedes-Benz, BMW, Cadillac, Lexus. On s’en reparle dans 10 ans…