Volvo S80 2016: L'art de cacher son âge

Publié le 1er janvier 2016 dans 2016 par Jean-François Guay

À moins que vous soyez l'un des rares automobilistes à s'être procuré une S80 flambant neuve au cours de la dernière année, il est fort probable que votre jugement envers cette Volvo soit influencé par vos vieilles perceptions. Or, même si la S80 semble avoir peu changé depuis l'introduction de la deuxième génération en 2007, diverses composantes ont évolué depuis que cette Volvo est passée dans le giron du constructeur chinois Geely en 2010. La dernière innovation est d'ordre mécanique et s'appelle Drive-E. Eh non, il ne s'agit pas d'une motorisation électrique ni d'une hybride à cause de son « E », mais d'un moteur quatre cylindres à essence. Volvo réserve plutôt l'appellation T8 à sa nouvelle technologie hybride rechargeable, ce qui semble faire référence à une motorisation V8. Comme quoi, le nom d'un produit est parfois trompeur...

À part la berline S60, la S80 est la seule autre voiture survivante de l'ère suédoise depuis que les S40, V50, C30 et C70 sont passées une après l'autre dans le tordeur chinois. Si la S80 semble laissée pour compte depuis quelques années, c'est parce que sa remplaçante arrivera bientôt. Selon les dernières rumeurs, ce concept (ou nouveau modèle) pointera sa grille dans les prochains salons automobiles. Pour l'instant, on sait que cette héritière portera le nom de S90 et qu'elle s’inscrira dans la nouvelle nomenclature des véhicules Volvo. Sans surprise, elle adoptera le code stylistique développé par le récent XC90, à savoir sa calandre à bandes verticales et ses phares imprégnés du faisceau lumineux du marteau Mjöllnir de Thor. Un beau clin d'œil que Volvo fait au dieu du tonnerre de la mythologie scandinave. À quand le bouclier du Capitaine America chez Ford ou GM?

Décor démodé

En attendant la relève, la S80 s'est donné comme objectif de survivre dans le segment contingenté des berlines de luxe. Consciente qu'elle n'a plus la même force d'attraction qu'autrefois pour rivaliser avec les ténors de la catégorie que sont les BMW Série 5 et Mercedes-Benz Classe E, la S80 mise désormais sur des tarifs et une consommation de carburant à la baisse, et son exclusivité pour conquérir des acheteurs.

Il y a deux ans, les stylistes ont redessiné la calandre, les phares et les pare-chocs afin de la rendre aussi jeune que les S60 et XC60, lesquelles avaient reçu un traitement similaire à l'époque. Cette chirurgie esthétique avait été précédée d'un léger restylage de l'habitacle. Au fil des ans, la console centrale « flottante »  typique de Volvo et les sièges de la S80 ont bien vieilli, tout comme le gros boudin du volant à trois branches et le levier de vitesses. En contrepartie, on dénote que la forme rectiligne du tableau de bord, le design de certaines commandes et de l'écran de navigation paraissent d’une autre époque. Pour embellir le décor fade de cette suédoise, le truc n'est pas de passer chez IKEA, mais d'opter pour une sellerie en cuir et des garnitures dont la couleur et la texture contrasteront avec la timidité de la planche de bord.

Les passagers prennent place dans un environnement feutré grâce au confort des baquets et de la banquette, lesquels se classent toujours parmi les meilleurs de l'industrie. Si les places avant sont dégagées et faciles d'accès, les passagers arrière trouveront l'espace un peu juste pour les pieds et la tête.

Greffe de cœur

Dans l'espoir de redonner un second souffle à sa grande berline, Volvo a joué le tout pour le tout l'an dernier en remplaçant le six cylindres de 3,2 litres par un quatre cylindres turbo de 2,0 litres. Développant 240 chevaux et un couple de 258 livres-pied, ce moteur à injection directe avec boîte automatique à huit rapports est confiné à la version T5 Drive-E à traction. Pour profiter du rouage intégral, il faut choisir la version T6 AWD avec son six cylindres turbo de 3,0 litres et sa boîte automatique à six rapports.

Il est dommage que le 2,0 litres ne puisse être couplé à la transmission intégrale, car une S80 sans la présence de ce mécanisme est un fort mauvais calcul. On le répète, le marché est ultra concurrentiel et une berline de la trempe de la S80, d'autant plus qu'elle est associée à la Suède — un pays de neige —, se doit d'offrir un rouage intégral de série.

Sur la route, la S80 assure une conduite sans surprise, quoique la suspension trépigne de temps à autre. Le roulis est réduit à sa plus simple expression, de même que les bruits éoliens et de roulement. Le dosage de la direction est toutefois trop souple et le long rayon de braquage de la T6 AWD (un mètre de plus que la T5) la pénalise sur un parcours urbain.

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