Infiniti M35/M35X/M45, brillantes et méconnues
La chance et la réussite n’ont jamais souri à Infiniti dans la catégorie des grandes voitures de prestige, mais la marque de luxe de Nissan a trouvé la bonne recette en créant une famille de berlines de luxe intermédiaires à la fois racées, agiles, confortables, performantes et fiables. À sa quatrième année, la série des berlines M présente un éventail de modèles mieux armés que jamais pour affronter une concurrence aguerrie. Leurs qualités indiscutables suffiront-elles à les sortir enfin de l’ombre face à leurs rivales griffées ?
Infiniti a d’abord eu la bonne idée de poser la deuxième génération de ses berlines M sur une version de l’excellente plate-forme FM qui sous-tendait déjà, entre autres, les berlines G35 et G35x, des voitures bien nées, performantes, solides et douées en comportement routier. L’empattement s’est allongé de 50 mm et les voies avant et arrière sont plus larges de 29 mm. La carrosserie des berlines M est également plus longue que celle de la G35 de 153 mm et plus haute de 45 mm. Tout cela a suffi à les hisser parmi les berlines de luxe intermédiaires avec les Série 5 de BMW en ligne de mire, de toute évidence.
Rouages exceptionnels
Pour la motorisation, on a pris une version de l’omniprésent V6 de 3,5 litres pour créer la M35 et une version du V8 de 4,5 litres qui propulsait la M45 précédente pour équiper la nouvelle. La série M compta dès le départ un modèle à rouage intégral, la M35x, qui fut rejointe l’an dernier par la M45x, dont le rouage intégral allait permettre de mieux maîtriser et exploiter les 325 chevaux du V8 en toute saison et dans toutes les conditions. La M35x est moins puissante et moins chère que la M45 mais elle n’a certes rien d’un pis-aller. Au contraire, le Guide de l’auto en a fait sa version préférée dès la première année. Ce sera d’autant plus vrai pour la version 2009 qui profite d’un nouveau V6 plus puissant. Le V6 de type VQ35HR produit 303 chevaux soit 28 de plus que le précédent pour une cylindrée identique de 3,5 litres. La M35x savait déjà sprinter de 0 à 100 km/h en moins de 8 secondes. Elle y gagnera sans doute encore quelques dixièmes mais elle ne pourra encore rivaliser avec la M45 qui le boucle en 6 secondes et des poussières, même si son V8 n’affiche que 19 chevaux de plus. C’est le couple qui fait la différence.
Dans les deux cas, la boîte automatique à cinq rapports est irréprochable, sans doute parmi les meilleures toutes catégories confondues, à l’heure actuelle. Le sélecteur est à la fois très court et très précis. Son parcours est droit, parce qu’il n’y a nul besoin d’un tracé en zigzag quand une boîte automatique possède un mode manuel. Et celui des berlines M est sans doute le meilleur qui soit, puisqu’il ajuste parfaitement, en une fraction de seconde, le régime du moteur chaque fois qu’on rétrograde d’un rapport, comme le ferait un pilote expert en jouant du pédalier avec une boîte manuelle. Infiniti fut la première à offrir un tel dispositif sur les berlines M et plusieurs constructeurs l’ont imitée depuis, sans la surpasser.
Machines sans complexes
En fait, tous les éléments du poste de conduite de ces voitures; le siège, le volant, les contrôles et le sélecteur mentionné plus haut, ont manifestement été conçus et raffinés par des ingénieurs et concepteurs qui savent et qui aiment vraiment conduire. C’est un compliment qu’on a longtemps dû réserver à BMW, mais ils ne sont plus les seuls maîtres de l’ergonomie de conduite. Et je ne parle pas ici de l’exécrable commande multifonctionnelle iDrive. Les M35 et M45 sont équipées, elles aussi, d’une grosse molette de contrôle montée sur une portion inclinée du tableau de bord. Elle est cependant entourée de touches assez logiques et clairement identifiées pour rendre le tout acceptablement efficace et sûr à manipuler en conduite. Mais ça fait quand même une joyeuse collection de boutons ! Les voitures de luxe japonaises paraissent souvent lisses, aseptisées et plutôt dénuées de caractère.
Ce n’est certes pas le cas pour la M45 dont les réactions, le comportement et les contrôles sont ceux d’une bête mécanique. Ne vous méprenez pas : la plus chère des berlines Infiniti est tout à fait civilisée et raffinée. C’est seulement qu’elle ne dissimule jamais qu’elle est une machine, pas un appareil ménager et encore moins un ordi sur roues. On entend même parfois, dans la M45, un petit chuintement d’engrenages qui fera sourire celui qui aime encore la mécanique en cet âge de plastique et de puces électroniques. En cela, comme pour bien autre chose, cette Infiniti puissante et sans complexe évoque les meilleures mécaniques allemandes où le métal n’est jamais loin de la surface et les sonorités mécaniques jamais complètement étouffées. Assurément, les M45 et M35 sont les plus germaniques des berlines japonaises tout en offrant la fiabilité et la qualité de fabrication exemplaires des berlines Infiniti, dont elles sont les meilleures ambassadrices.
Cette année, par exemple, leurs carrosseries sont toutes enrobées d’une peinture anti égratignures dont Infiniti est la pionnière. Cela dit, il faudra plus qu’un succès de critique et d’excellentes cotes de fiabilité pour assurer leur survie et leur progression. Il faut simplement souhaiter qu’elles cessent d’être des secrets trop bien gardés. Mais pour ça, il faudra sans doute un remodelage inspiré.
FEU VERT
M45 performante et sportive
M35x sûre et agile
Fiabilité reconnue
FEU ROUGE
Surabondance de boutons
Silhouette anonyme
Similiboiseries peu convaincantes