Jaguar XF, enfin une berline moderne !

Publié le 1er octobre 2008 dans 2009 par Denis Duquet

Tout est finalement classé et la compagnie Jaguar est dorénavant la propriété du constructeur indien Tata. Il ne faut pas se laisser influencer par le nom du nouveau propriétaire, qui en français nous est quelque peu risible. Cette compagnie est dotée d’une excellente santé financière et saura certainement mieux investir dans la compagnie britannique que ne le faisait Ford depuis quelques années. Et ce passage n’a pas empêché les stylistes et ingénieurs de nous concocter une voiture fort intéressante.

La Jaguar XF se démarque de la Type S, de factures très rétro, qu’elle est appelée à remplacer. Il faut donc rendre hommage à ceux qui ont conçu la nouvelle berline XF. Grâce à eux, le constructeur de Coventry est entré tout de go dans le 21e siècle avec une berline sport dont la silhouette, l’habitacle et les performances sont de nature à inquiéter la concurrence, même germanique avec ses produits tant prisés.

Toute une mécanique !

Depuis plusieurs années maintenant, les Jag sont propulsées par un magnifique moteur V8 de 4,2 litres, dont la conception mécanique n’a rien à envier à la concurrence. Celui-ci est offert en deux variantes. La version atmosphérique produit 300 chevaux tandis que la version munie d’un compresseur en affiche 120 de plus. Les deux sont couplés à une boîte automatique à six rapports qui répond à un bouton de commande fort original. Et puisque ce moteur est utilisé depuis quelques années, les problèmes de jeunesse ont été réglés ; il semble du moins avoir prouvé sa valeur au fil des années.

Il ne faut pas oublier non plus que les ingénieurs de Coventry ont consacré beaucoup d’efforts afin de réduire le poids non suspendu. Ceci explique pourquoi la plupart des éléments de la suspension sont en aluminium tandis que la plate-forme est constituée d’acier très rigide, dont l’alliage le rend également léger. En fait, les ingénieurs ont fait appel à plus de 25 alliages différents pour la plate-forme et la carrosserie. Par exemple, les piliers du toit sont en boron, un acier ultrarigideultra rigide, afin d’offrir plus de solidité et de pouvoir ainsi en réduire les dimensions pour une meilleure visibilité. Pour revenir à la suspension, le modèle Supercharged est doté de série de la suspension adaptative CATS, qui s’ajuste automatiquement, c’est-à-dire en une fraction de seconde, aux conditions de la chaussée et au type de conduite.

Bref, par rapport à ses concurrentes, la nouvelle XF ne concède aucun avantage sur les plans technique et mécanique. Certains d’entre vous auront deviné que ce groupe propulseur est similaire à celui de la XK. Rien de surprenant, puisque la XF est la version quatre portes du coupé.

Regards vers le futur

Chez Jaguar, il semblait obligatoire pour tous les stylistes de s’inspirer du passé pour dessiner une nouvelle voiture, la Type S étant sans doute l’exemple le plus probant. La XF, pour sa part, n’a rien en commun avec les modèles du passé. Mieux encore, ce nouveau félin est le plus élégant de la famille. Bien malin qui peut trouver des similitudes avec la XK au chapitre du style, bien que cette berline soit dérivée du coupé. Les designers ont réussi à bien intégrer une ligne de toit arrière fuyante afin d’accentuer le caractère sportif de la XF, tandis que la grille de calandre au motif agressif vient rehausser cette impression. Détail intéressant, le jaguar bondissant, ou leaper dans le jargon de Jag, est passé à l’arrière où il garnit le rebord du couvercle du coffre.

Si la silhouette est très sexy, le changement le plus radical se trouve dans l’habitacle. Par le passé, les planches de bord de ce constructeur étaient inspirées des vieux clubs privés aux murs garnis de boiseries sombres et dont le mobilier privilégiait la sellerie de cuir. Curieusement, ces mêmes éléments reviennent, mais on n’a pas l’impression qu’ils sont aussi omniprésents. Selon Ian Callum, le responsable du design chez Jaguar, cette Jag propose une plus grande surface de boiseries, mais leur répartition est nettement mieux réussie. La planche de bord en aluminium brossé et les commandes de conception moderne sont bien agencées. Le bois est présent, mais c’est plus élégant et plus discret que dans la Type S. Une autre tradition chez Jaguar était de concevoir des commandes qui semblaient s’inspirer d’appareils ménagers britanniques anachroniques et énigmatiques. Là aussi, on a renié le passé.

Mieux encore, les responsables de la chose à Coventry ont réussi à développer un écran tactile d’utilisation simple et des commandes pour la plupart assez intuitives. Toutefois, le clou de l’habitacle est cette console centrale qui abrite un bouton de démarrage multifonction qui sert également de bouton de passage des rapports. Je vous en reparle plus loin.

Toute une routière !

Alors, la silhouette est racée, la mécanique prometteuse, reste à savoir si cette berline aux aspirations sportives est capable de nous combler sur la route. Inutile de tergiverser, aussi bien vous avouer la XF est une voiture aussi agréable à conduire que le coupé XK, mais avec un caractère plus pratique. La tenue en virage est neutre, le feedback de la route juste parfait, tandis que la suspension est bien calibrée pour une berline sport. Les imperfections de la route sont ressenties, mais elles sont quand même bien filtrées par une suspension dont la géométrie m’a semblé efficace. La différence entre la version régulière et le modèle Supercharged, en fait d’accélération, est de une seconde dans le cas du 0-100 km/h et de 1,1 seconde pour le ¼ de mille, le modèle plus puissant effectuant le trajet en 13,8 secondes.

Le comportement routier et les performances du moteur permettent à cette britannique de mériter aisément le titre de berline sport. Soulignons que la position de conduite est bonne tandis que le support latéral des sièges avant se situe dans la moyenne pour la catégorie. Par contre, il est important de mentionner que les places arrière sont un peu déficientes au chapitre du dégagement pour la tête. Mais après tout, il s’agit d’une voiture sport quatre portes. Cette nouvelle venue mérite un verdict positif, aussi bien en raison de son agrément de conduite que pour sa silhouette et son habitacle très modernes. Et pour rendre la voiture plus concurrentielle sur le marché, le prix de détail suggéré est très alléchant. Avant de terminer, je tiens à vous faire part de mon inquiétude quant au mécanisme de lancement du moteur et de passage des rapports, une commande constituée d’un gros bouton situé sur la console centrale.

Il suffit d’appuyer sur ce bouton pour que le moteur V8 s’anime, tandis que le bouton de sélection des rapports s’élève comme par magie et que du même coup, les buses de ventilation s’ouvrent automatiquement. Notons en passant que des palettes montées sur le volant permettent aux conducteurs qui le désirent de participer au passage des rapports. C’est un système ingénieux, astucieux et pratique d’utilisation. Par contre, sa fiabilité m’inquiète. Il faut se souvenir que ce bouton magique nous est proposé par Jaguar, un constructeur qui a connu beaucoup de difficultés à régler des problèmes électriques élémentaires. Seul le temps nous dira si Jaguar a également rompu avec le passé à ce chapitre.

FEU VERT

Silhouette du tonnerre
Choix de moteurs
Performances sportives
Habitacle moderne
Tenue de route

FEU ROUGE

Fiabilité inconnue
Places arrière moyennes
Valeur de revente incertaine
Écran ACL oblitéré par le soleil
Cadrans d’affichage difficiles à lire

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