Toyota 4Runner, traditionnellement moderne
La gamme de VUS de Toyota est plutôt particulière. Le 4Runner, par exemple, vient s’insérer entre l’ennuyeux mais adulé Highlander et l’immense Sequoia. Il y a aussi le petit et mignon Rav4. Du côté de Lexus, la marque de prestige de Toyota, on retrouve le GX 470 qui est fortement inspiré du 4Runner, le très classe RX 330 sans oublier le LX 470 qui n’est rien d’autre qu’un Toyota Land Cruiser plus luxueux. Le Land Cruiser n’est d’ailleurs offert qu’aux États-Unis. Toute cette nomenclature pour situer un peu le portrait aux tendances abstraites pour qui n’est pas familier avec cette gamme de produits.
Le 4Runner ne donne pas nécessairement dans la dentelle même si sa carrosserie, très imposante, fait preuve d’une certaine finesse. Les lignes sont sobres et ne seront pas démodées pas demain matin. C’est surtout au niveau de la motorisation que les choses se précipitent. Deux moteurs sont proposés. Un V6 de 4,0 litres, qui libère 245 chevaux et un couple de 283 livres-pied de couple, se retrouve d’office dans les versions de base (en fait, la nomenclature de la gamme 4Runner n’est guère compliquée : à la base il y a le SR5 V6 puis le LTD V6. Pour les versions V8, on retrouve les mêmes dénominations sauf qu’on change le 6 pour un 8 !) Associé à une transmission automatique à cinq rapports, ce V6, de conception moderne, répond présent à la moindre sollicitation de l’accélérateur. Sa consommation est, bien entendu, moindre que celle du V8 et si vous n’avez pas à tirer souvent une charge, il s’avère sans doute le choix le plus judicieux. Quant au V8 de 4,7 litres, son excellent couple à bas régime (330 livres/pied à 3 400 tours/minute) et sa puissance de 270 chevaux l’autorisent à remorquer jusqu’à 2 268 kilos (5 000 livres). Mais c’est surtout sa souplesse qui impressionne. Jamais on ne le sent fatigué de déménager les 2 700 kilos du 4Runner et les accélérations et reprises, sans établir de nouvelles marques, sont franchement étonnantes. Une médaille ayant toujours deux côtés, précisons que nous n’avons pu faire mieux que 16,1 litres aux cent kilomètres en moyenne lors de notre essai, et ce, malgré une transmission automatique à cinq rapports bien étagée.
Du côté rouage d’entraînement, le 4Runner est équipé pour veiller tard. Construit sur un châssis à longerons comme les camionnettes, il propose, comme ces dernières, une suspension arrière à essieu rigide. Qu’il s’agisse des versions V6 ou V8, les aides électroniques sont nombreuses (commande d’assistance en descente et de démarrage en pente et régulateur de traction) et des plaques de métal protègent le dessous du véhicule. Les V6 reçoivent un rouage intégral tandis que les V8 profitent d’un vrai mode quatre roues motrices permanent dérivé de celui du Sequoia. Un bouton au tableau de bord permet de choisir le rapport du boîtier de transfert. Notre V8 LTD bénéficiait de la suspension pneumatique « sportive » X-REAS qui permet de soulever ou d’abaisser l’arrière du véhicule. Une petite virée dans un sentier boueux nous a permis de constater que ses prestations en dehors de la route ne sont pas de la frime, mais aussi qu’il aurait de la difficulté à suivre un Land Rover ou un Jeep. Pour des travaux légers ou moyens (c’est-à-dire plus que ce dont le commun des mortels a vraiment besoin !), le 4Runner ne donne pas sa place. Sur la route, le comportement du 4Runner est à l’image de sa carrosserie, c’est-à-dire bien peu inspirant ! Certes, le confort est relevé malgré la présence d’un essieu rigide à l’arrière et l’habitacle fait preuve d’un silence quasiment religieux peu importe les conditions. Mais d’un autre côté, la direction plutôt vague et bien peu communicatrice vient gommer toute sensation.
Sur une route asphaltée en mauvais état (il faut chercher longtemps mais ça se trouve…), les suspensions ne sautillent pas impunément. Dans les courbes, par contre, ça se gâte un peu ! La caisse penche beaucoup et le système de contrôle de stabilité intervient assez tôt, quoique de façon transparente. Heureusement, car les sièges n’offrent à peu près aucun support latéral, vous obligeant ainsi à vous cramponner au volant ou aux poignées de soutien pour ne pas trop glisser. Lors de freinages d’urgence, les freins n’ont pas démontré de talents particuliers. Même qu’ils semblent toujours peiner à stopper le véhicule. Mais n’ayez crainte, on finit par s’habituer à cette sensation atypique, pas dangereuse pour deux sous.
Comme sur tout produit Toyota, la qualité de la finition est tout simplement extraordinaire, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Dans l’habitacle, les plastiques sont de qualité, les espaces de rangement sont nombreux et toutes les commandes sont à portée de la main. Dommage que celles du système de chauffage/climatisation soient aussi difficiles à comprendre que le plus-que-parfait du subjonctif ! Dans un autre ordre d’idées, les tiges servant à faire descendre le pneu de secours sont absolument inutilisables. Le 4Runner se fait cependant pardonner par des petites gâteries comme la vitre électrique du hayon, des places arrière très accueillantes et un espace de chargement à la fois imposant et ingénieux avec sa tablette amovible qui permet de créer ainsi deux niveaux.
La réputation enviable du 4Runner n’est pas surfaite. Les gens apprécient l’excellent compromis route/4X4 qu’il procure tandis que sa fiabilité n’a d’égal que son confort. Il n’est certes pas donné mais il vaut certainement le moindre dollar investi.
Feu vert
Confort appréciable
Moteur V8 souple
Rouage 4X4 efficace
Fiabilité légendaire
Lignes sobres
Feu rouge
Consommation exagérée (V8)
Direction peu communicative
Sportivité à peu près nulle
Certaines commandes complexes
Hayon difficile à refermer