Lamborghini Murcielago, de la LP640 à la Reventon

Publié le 1er octobre 2008 dans 2009 par Gabriel Gélinas

Les constructeurs de sportives de haut calibre sont passés maîtres dans l’art de décliner successivement de nouvelles variantes de modèles établis, afin de toujours faire la manchette et de soutenir l’enthousiasme pour la marque auprès des clients et des amateurs. C’est tout à fait le cas avec Lamborghini, qui a récemment développé une version encore plus performante de la Murciélago LP640. Elle s’appelle Reventon et n’a été construite qu’à vingt exemplaires…

Comme le veut la tradition établie chez le constructeur italien de Sant’Agata, cette nouvelle voiture est nommée en l’honneur d’un taureau, Reventon étant le nom d’un célèbre taureau noir qui a marqué l’histoire de la corrida en Espagne au cours des années trente. À un million d’euros par voiture, le prix n’est pas banal, et malgré cela, tous les vingt exemplaires de la Reventon ont déjà trouvé preneur, onze de ces voitures ayant été livrées aux États-Unis, sept en Europe, une au Japon et une à Dubai.

Un avion furtif sur quatre roues

La Reventon a été construite sur la base de la Murciélago LP640, mais elle se distingue par un style encore plus frappant qui semble avoir été inspiré d’un avion furtif avec des lignes taillées au couteau et des angles très prononcés. Tout comme la LP640, la carrosserie de la Reventon est réalisée en CFC, un composite de carbone à la fois rigide et très léger. Mais la dernière-née de Lamborghini se démarque par l’adoption de prises d’air surdimensionnées à l’avant de même que par ses roues en alliage avec des ailettes en fibre de carbone fixées aux rayons, qui permettent de refroidir plus efficacement les freins en composite de céramique. De plus, la Reventon n’a été créée qu’en une seule couleur, un vert gris plutôt opaque. L’inspiration futuriste de la carrosserie trouve son écho dans l’habitacle, avec une planche de bord réalisée en cuir cousu à la main et dans laquelle on retrouve l’instrumentation numérique composée de trois écrans à cristaux liquides logés dans un bloc d’aluminium protégé par de la fibre de car- bone. Côté motorisation, la Reventon reçoit la crème des moteurs conçus pour la LP640, les ingénieurs passant les V12 de 6,5 litres au banc d’essai pour sélectionner les plus performants d’entre eux et les réserver à la Reventon.

Le circuit Mont-Tremblant en LP640

Les lettres LP signifient longitudinale posteriore et font référence à la disposition du moteur, alors que le nombre 640 affiche la puissance développée par cette version du V12, dont la cylindrée est de 6,5 litres, qui reçoit un dispositif de calage variable des soupapes. Dès la sortie des puits, le V12 s’exprime avec une sonorité basse et profonde et la poussée vers l’avant est phénoménale, la LP640 étant équipée de la traction intégrale tout comme la Murciélago, ce qui lui donne une motricité exceptionnelle. La boîte de vitesses est commandée par un levier dont le maniement est assez précis, mais qui demande un peu d’effort de la part du conducteur au passage des rapports.

Au freinage pour les « esses », on sent que le poids de la LP640 est tout de même élevé (plus de 1 600 kg), et les freins mis au point par Brembo font leur travail pour ralentir efficacement la voiture. Dès que l’on réaccélère à la sortie des « esses », le V12 se remet à hurler sa joie, alors que l’on file vers l’enchaînement du virage six et du redoutable virage sept, qui est aveugle et dont le dévers devient négatif à partir du point de corde jusqu’à la sortie. C’est dans ce virage que l’on peut voir si une voiture est bien équilibrée, ce qui est le cas avec la LP640, la présence d’éléments du rouage intégral à l’avant de la voiture permettant justement d’équilibrer les masses. À la sortie du virage huit, on attaque la ligne droite arrière du circuit, qui n’en est pas vraiment une puisqu’on y retrouve un léger virage à gauche qui est cependant pris à fond. C’est dans ce plus rapide secteur du circuit que j’ai constaté que le surcroît de puissance de la LP640, par rapport à la simple Murciélago, se trouve dans les hauts régimes. 

À 8 000 tours/minute, le son du moteur est extrêmement présent dans l’habitacle, ce qui donne l’impression que l’on roule encore plus vite. L’expérience est carrément envoûtante. La LP640 se décline également en une version roadster, équipée d’un toit dont la conception est tellement simpliste que l’acheteur est prévenu de ne pas rouler à plus de 160 km/h lorsqu’il en place parce qu’il pourrait tout simplement partir au vent… Lorsque le toit est retiré et remisé dans le coffre, il est encore plus facile d’apprécier la sonorité particulière du V12 quand celui-ci dépasse la barre des 5 000 tours/ minute. Véritable brute, la LP640 a de la gueule et du coeur, et elle permet à Lamborghini de prolonger la durée de vie de la Murciélago en attendant l’arrivée de sa remplaçante, qui devrait se pointer au début de la prochaine décennie.  

FEU VERT

Ultra exclusive (Reventon)
Sonorité envoûtante du V12
Voiture équilibrée
Puissance phénoménale

FEU ROUGE

Toit du roadster mal adapté
Levier de vitesses dur
Assise très basse
Prix stratosphérique

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