J’ai conduit un Jeep Willys 1944 et j’en ai eu des frissons

Publié le 9 septembre 2016 dans Voitures anciennes par Frédéric Mercier - Autonet

Je roule sur une petite route d’Ontario, les cheveux au vent. Je ne vais pas très vite, mais j’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Je suis à bord d’un Jeep Willys 1944.

Ce véhicule, c’est plus qu’un véhicule. C’est un morceau d’histoire, une grande partie de ce qui a forgé l’Amérique moderne. Un symbole, voilà ce que c’est. Ce véhicule-là, je ne pensais jamais le conduire un jour. Et me voilà derrière son volant. J’ai mal aux joues tellement je souris.

Ils sont rares, les véhicules qui ont réellement réussi à changer le cours de l’Histoire. En participant à la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, c’est exactement ce que le Willys a fait.

On en voit dans les films et dans les documentaires, mais les Willys des années 40 encore en bon état sont à peu près inexistants maintenant. Dans le cadre des célébrations entourant son 75e anniversaire, Jeep a tout de même réussi à en dénicher un.

Et j’ai pu le conduire!

Bon, je n’ai pas pu aller très loin. Et surtout, je n’ai pas pu aller jouer dans la boue avec. C’est que le vieux Willys a 72 ans! Il fallait rester tout doux. Et sur l’asphalte.

Qu’à cela ne tienne, à bord du Willys 1944, j’ai vécu une expérience qui se rapproche du pèlerinage!

En m’assoyant dans le vieux 4x4, je n’ai pas seulement pris place à bord d’un vieux Jeep. Je me suis assis au même endroit où des milliers de militaires se sont assis, prêts à risquer leur vie pour défendre leur pays et leurs valeurs.

Photo: Frédéric Mercier

Un peu d’histoire

À l’été de 1940, l’armée américaine lance un appel d’offres auprès de constructeurs automobiles pour construire un véhicule militaire léger. On voulait alors remplacer le vieillissant Ford Model T. C’est la compagnie Willys-Overland qui décroche le contrat.

L’année suivante, le véhicule militaire que l’on connaît désormais sous le nom Jeep voyait le jour. Et ça tombe bien, parce que la même année, les États-Unis entraient en guerre après l’attaque des Japonais contre Pearl Harbor.

Jusqu’en 1945, le Willys servit donc de cheval de guerre aux soldats américains envoyés au combat. Sa robustesse et ses capacités hors route devinrent rapidement légendaires, si bien qu’une fois la guerre terminée, une version civile du véhicule militaire fut commercialisée.

Le reste appartient à l’Histoire.

Vous l’aurez compris, prendre le volant du Willys a une signification toute particulière pour un amateur d’histoire et d’automobile comme moi.

Pas pour tout le monde

Premier constat en montant à bord : le Willys n’est pas fait pour tous les gabarits. Avec son gros volant et ses sièges pas du tout ajustables, il ne faut pas être trop gros ni trop grand pour pouvoir s’y faufiler.

Personnellement, je n’ai pas eu de difficulté. Mais un collègue que je m’abstiendrai de nommer a tout simplement dû renoncer à l’idée d’aller faire un tour, incapable de prendre place derrière le volant.

Le tableau de bord est la définition même de tout ce qu’il y a de plus simpliste. Quelques petits cadrans pour communiquer les informations les plus importantes, et c’est à peu près tout.

Autre constat : il n’y a pas de clé! À bord du Willys, il suffit de peser sur un bouton pour mettre le petit moteur à quatre cylindres de 60 chevaux en marche. Quand on y pense, c’est plutôt logique. Les militaires étaient assez occupés comme ça. Ils n’avaient certainement pas besoin de se mettre à chercher leurs clés en plein combat…

Photo: Frédéric Mercier

Conduire l’Histoire

Vient le temps de prendre la route. Le point de friction de la pédale d’embrayage est un peu difficile à comprendre au début, mais on s’y habitue rapidement. On passe de la première à la deuxième, puis on finit par filer en troisième. Ne cherchez pas la quatrième vitesse, il n’y en a pas.

Me voilà qui roule à 40 km/h, peut-être 50, à bord de ce véhicule militaire tout droit sorti d’une autre époque. Je ne sais pas exactement, le tachymètre était brisé. C’est un 1944, donnez-lui une chance.

Soudainement, je ne suis plus Frédéric Mercier. Je ne suis plus journaliste automobile. Je suis un militaire en mission, décidé à combattre pour la liberté.

Je suis l’un des milliers de héros qui ont perdu la vie sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Je suis le courage, je suis l’aventure.

Je suis un morceau d’Histoire. Rien de moins.

Pour en savoir plus sur le Jeep Willys avec Autonet: http://www.autonet.ca/fr/2013/07/11/jeep-une-histoire-de-guerre

Share on FacebookShare on TwitterShare by emailShare on Pinterest
Partager

ℹ️ En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies telle que décrite dans notre Politique de confidentialité. ×