L’avenir selon General Motors, Hyundai, Jaguar Land Rover, Kia et Nissan

Publié le 30 octobre 2016 dans Dossiers et conseils par Marc-André Gauthier

David Paterson, vice-président des affaires publiques et de l’environnement, General Motors du Canada; Wolfgang Hoffmann, président, Jaguar Land Rover Canada; François Lefèvre, gestionnaire en chef du marketing de la LEAF, Nissan Canada; Don Romano, président-directeur général, Hyundai Auto Canada Corp.; et Ted Lancaster, vice-président et directeur de l’exploitation, Kia Canada. Rassemblés en panel devant les journalistes membres de l’Association des journalistes automobiles du Canada, ils se sont prononcés sur plusieurs questions, actuelles et d’avenir.

Voitures électriques

D’entrée de jeu, l’électrification des transports. Du côté des optimistes, on pense à Chevrolet, Jaguar et Nissan, qui investissent dans cette technologie. Chevrolet Bolt EV, n’est-ce pas?

En revanche, Hyundai Canada fait preuve d’un peu plus de scepticisme. Le président de la compagnie, Don Romano, ne croit pas à la voiture électrique à court terme. Il dit, et je cite, « les batteries ne sont pas là, encore. Si l’on veut aller à Montréal à partir de Toronto, il faut arrêter en chemin. En attendant, il y a les piles à hydrogène… En 5 minutes, on remplit sa voiture, ce qui nous confère assez d’autonomie pour faire plus de 500 km. »

La voiture à hydrogène pour la masse, une solution au rendement énergétique douteux, verra-t-elle le jour? D’ici à l’implantation d’une véritable infrastructure de recharge d’hydrogène, les piles électriques risquent de permettre près de 800 km d’autonomie. Mais bon, ceci n’est que l’opinion de votre serviteur!

Chez Kia, cependant, Ted Lancaster a reconnu que c’est surtout une question d’infrastructure de recharge. D’ici 2020, la marque souhaite améliorer la consommation globale de ses voitures de 25%. Parlant de la nouvelle loi zéro émission adoptée au Québec, il attend plus de détails avant de se prononcer, la loi ne spécifiant pas clairement, encore, les modalités.

M. GM, David Paterson, a rappelé, que se sont les consommateurs qui choisissent. C’est eux qu’il faut convaincre. Une loi qui force l’électrification a tendance à être déconnectée de ceux-ci, ce qui n’est pas une bonne chose.

À la fin, les manufacturiers ont établi le consensus comme quoi ce sera la demande qui déterminera le futur, et non le gouvernement, et leurs lois. Il faut offrir des options éclairées aux consommateurs. Il faut que le gouvernement ne fasse pas que donner des rabais aux consommateurs, mais qu’il voie également à la mise en place d’infrastructures qu’elles soient électriques ou à hydrogène.

Connectivité

Il y a une demande pour plus de technologies dans les voitures, mais aussi pour plus de sécurité. Quelle balance entre ces deux aspects?

Kia se penche sur la question de la voiture autonome, et de la responsabilité. Une Kia autonome cause un accident. Est-ce la faute du pilote, de la voiture, de la marque? Une question à régler dans les années à venir, selon M. Lancaster. Pour l’instant, Kia veut rendre les routes plus sécuritaires. Il faudrait également un mécanisme pour assurer une certaine vie privée aux conducteurs, pour que les compagnies automobiles ne puissent pas traquer impunément les déplacements de leurs clients.

Chez Hyundai, Don Romano ne croit pas voir de voitures autonomes sur nos routes dans les cinq prochaines années. Il croit en voir un jour, mais dans le cadre d’un processus évolutif, où les technologies feront leur entrée tranquillement. Hyundai se concentre également à augmenter la connectivité entre ses véhicules et sa centrale, afin que les voitures Hyundai soient plus intelligentes et ainsi capables d’aviser les conducteurs des dangers à venir.

Nissan a des objectifs ambitieux, soit, d’ici quelques années, d’offrir des véhicules semi-autonomes, voire près de l’autonomie totale. Nissan vise à mettre sur le marché des voitures plus sécuritaires.

Jaguar se demande à quel point il est important d’avoir des voitures autonomes dans l’immédiat. Ce n’est pas essentiel, après tout. Selon la marque britannique, il s’agirait d’une fumisterie marketing que certains utiliseraient pour vendre des voitures. M. Hoffman aimerait bien voir quelqu’un au volant de sa voiture, prendre un col dans les Alpes tout en lisant un livre... Mais bon, à la fin, la personne derrière le volant serait responsable. Il croit que l’homme doit demeurer maître de sa voiture, et que le Canada devrait faire un meilleur travail d’éducation auprès de la population, à savoir que c’est dans la voie de gauche que l’on peut dépasser sur l’autoroute. Le tout prononcé avec une belle touche d’humour, qui cache à peine les retards de Jaguar Land Rover à ce chapitre.

Du côté de Chevrolet, la compagnie aurait présentement 30 voitures autonomes sur les routes américaines, en train de tester leurs diverses technologies. M. Paterson croit que les constructeurs doivent se concentrer sur une multitude de technologies de sécurité. On dénombre 35 000 morts par année en Amérique du Nord à cause d’erreurs humaines, et il faut réduire ce nombre à 0. Dans cinq ans, il croit que nous regarderons des voitures âgés de 10 ans, et qu’elles seront considérées comme étant dangereuses.

Autopartage

Quel est le futur du transport personnel?

GM croit que dans les centres urbains, les gens obtiendront une voiture à partir de leur téléphone cellulaire, comme un service, et non comme une possession. C’est pourquoi GM a créé une compagnie appelée Maven, qui planche sur plusieurs manières d’inciter l’autopartage, par exemple, un édifice à condos qui inclurait dans ses frais de condo l’abonnement à un service où vous pourriez emprunter des voitures GM, selon votre besoin. Plus nécessaire de posséder une bagnole.

Chez Jaguar Land Rover, une compagnie de luxe, on s’entend que le désir de partager sa voiture sport avec des inconnus est plutôt faible. Dans son cas, il n’y a pas vraiment de demande, chez le client typique, pour ça. Toutefois, M. Hoffman voit ce genre de technologies comme étant important dans les centres-ville où les stationnements se font de plus en plus rares. Il considère, d’ailleurs, qu’Uber pousse l’autonomie pour pallier une pénurie de conducteurs. Il croit que certaines personnes rechercheront toujours le plaisir de conduire, ainsi que le pouvoir de partir quand bon leur semble, sans avoir à attendre qu’une voiture se libère.

Quant à elle, la compagnie Nissan pilote quelques projets dans le monde sur des plates-formes similaires à Uber, mais pas nécessairement au Canada. Toutefois, M. Lefèvre reconnaît le besoin pour ce type de technologies.

M. Romano, de Hyundai, n’est pas très optimiste quant à cette technologie. Il croit qu’en grandissant, les jeunes, grands utilisateurs d’Uber, verront le besoin d’avoir leur voiture à eux. Un peu comme chez Jaguar, les gens préféreront aller là où ils voudront, quand ils le voudront, et posséder une voiture continuera de faire partie des désirs des gens. Toutefois, il admet que dans un contexte de grandes villes engorgées de trafic, il y a de la place pour ce type de service.

Chez Kia, on parle de l’espérance de vie qui atteint maintenant 77 ans au Canada, chiffre plus ou moins exact. N’empêche qu’il est vrai que notre population vieillissante, vivant à l’extérieur des villes, aura besoin de se déplacer, et posséder une voiture n’est pas possible pour tous ces gens. Pour eux, la possibilité d’avoir un service de voiture « à la Uber » pour aider ces gens est sensée. De plus, M. Lancaster souligne que la génération dont il est question ici achète de moins en moins.

Ce sont des visions intéressantes sur les années à venir, mais l’histoire nous enseigne que personne n’est à l’abri des impondérables du progrès. Elon Musk réussira peut-être son pari, et forcera l’adoption des voitures électriques autonomes. Peut-être, même, qu’un nouveau Elon Musk entraînera l’humanité et ses moyens de transport dans une direction complètement différente.

Mais bon, Robur, personnage de l’écrivain Jules Verne, disait que « se sont des évolutions, et non des révolutions qu’il convient de faire. » Autrement dit, il faut être de son temps. Il semblerait que nos cinq invités aient lu l’œuvre de M. Verne, puisqu’ils abondent tous dans cette direction.

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