Les conclusions de Protégez-Vous et CAA sur les alcootests en vente libre enflamment les réseaux sociaux

Publié le 1er décembre 2016 dans Actualité par Le Guide de l'auto

Récemment, Protégez-Vous et CAA-Québec ont publié conjointement un article intitulé « Alcootests en vente libre : une fausse sécurité selon les tests ». Le magazine Protégez-vous mentionnait que sur les 10 alcootests offerts en vente libre, aucun n’était recommandable en raison de leur résultat imprécis et surtout, du fait que même ceux qui performent bien ne vous seraient d’aucune utilité en cour, si un policier considère que vous n’êtes pas en état de conduire.

Cette analyse a fait réagir beaucoup de gens sur les réseaux sociaux. Bertrand Godin, ancien pilote automobile et instructeur à l’École nationale de police du Québec a commenté sa déception sur sa page Facebook.

« Je suis très déçu de la philosophie de sécurité routière démontrée par le CAA Québec et Protégez-vous dans le cadre de leurs tests de dispositifs de mesure de taux d’alcoolémie. Je suis d’accord avec la démarche de la CAA de faire des tests pour prouver la fiabilité des alcootests personnels, mais de prétendre que ce ne sont pas de bons produits sous prétexte qu’on ne peut pas les utiliser en cour pour contester le travail policier est très maladroit. C’est un peu comme si la CAA disait de ne pas regarder son indicateur de vitesse sous prétexte qu’il est moins précis que le radar du policier. »

Selon lui, « les alcootests personnels sont vendus dans le but de faire réaliser de ne pas prendre le volant quand on consomme de l’alcool et comme un outil de prévention, pas pour être utilisé comme outil de contestation dans un dossier de cour. Les produits sont assez fiables pour avoir passé les tests de la FDA. Depuis plusieurs années, des milliers des personnes ont pris la bonne décision de ne pas prendre le volant parce qu’ils ont fait un test personnel. C’est la raison pour laquelle je suis porte-parole pour Alco Prévention Canada et que MADD Canada recommande l’utilisation des alcootests personnels. Pour moi, c’est 0% d’alcool quand vient le temps de prendre le volant et c’est le message que je livre depuis plus de 12 ans. »

La réaction des fabricants

Les fabricants d’appareils ont aussi réagi aujourd’hui par communiqué. Selon eux, « Le CAA Québec et Protégez-Vous mentionnent dans leur analyse que le résultat de l’appareil n’est pas admissible en cour, ce qui est vrai. Toutefois, l’objectif de ces appareils est d’aider les consommateurs à prendre une bonne décision ou de convaincre un ami à ne pas conduire. Nos appareils ne visent pas à défier la loi, loin de là. Ils visent à respecter la loi. Seul un appareil utilisé par le policier est reconnu légalement. »

« L’étude mentionne aussi que les consommateurs doivent calibrer leur appareil. Tous les appareils d’Alco Prévention Canada sont calibrés et revérifiés avant leur vente, et effectivement vous devez calibrer votre appareil une fois par année au coût de 34,44 $ au bureau de Laval et non au coût de 50,00 $. Les appareils utilisés par les policiers doivent aussi être calibrés. Ceci en assure leur bon fonctionnement tout comme nous devons faire l’entretien de nombreux produits après un achat (auto, climatiseur, etc.). »

Voici le communiqué émis par le magazine Protégez-vous et CCA.

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Alcootests en vente libre : une fausse sécurité selon le test de Protégez-Vous et de la Fondation CAA-Québec

C’est la saison des partys de bureau, des fêtes de famille et des soupers entre amis, qui riment parfois avec abus d’alcool. Tenté de vous procurer un alcootest vendu à la SAQ ou sur le Web? Attention : Protégez-Vous et la Fondation CAA-Québec appellent à la prudence. Aucun des 10 modèles testés n’est recommandable. En effet, plusieurs donnent des résultats imprécis ou incorrects. Et même ceux qui performent bien ne vous seraient d’aucune utilité en cour, si un policier considère que vous n’êtes pas en état de conduire.

Quatre appareils fiables... en théorie
Une équipe de toxicologues du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du ministère de la Sécurité publique du Québec a supervisé le test. Six participants ont bu de l’alcool jusqu’à ce que l’appareil utilisé par la Sûreté du Québec détecte dans leur sang des taux de 120 mg d’alcool par 100 ml de sang (0,12), puis de 80 mg/100 ml (0,08) et de 50 mg/100 ml (0,05), à mesure que leur organisme éliminait l’alcool. À chaque seuil, les toxicologues comparaient le résultat de l’appareil officiel avec celui des alcootests évalués.

Résultat : seulement quatre des 10 modèles testés ont obtenu des résultats semblables à ceux de l’appareil témoin de la Sûreté du Québec. Le Mobile Breathalyzer BT-M5 de BACtrak, vendu 140 $, est arrivé bon premier.

Mais il faut quand même choisir : boire ou conduire
Protégez-Vous et la Fondation CAA-Québec ne peuvent toutefois pas recommander l’achat de ces produits, puisque pour bien fonctionner, ils doivent être calibrés avant la première utilisation, puis une fois par an. Cette opération, qui coûte chaque fois une cinquantaine de dollars, nécessite l’envoi de l’appareil au fabricant ou au distributeur.

Par ailleurs, les résultats de tels appareils ne sont pas admissibles en cour. De toute façon, « un conducteur peut être accusé de conduite avec les facultés affaiblies même si son alcoolémie ne dépasse pas la limite légale de 0,08 », souligne Marco Harrison, directeur de la Fondation CAA-Québec, qui rappelle que « la prise de médicaments ou de drogue, la fatigue et le stress sont des facteurs qui peuvent amplifier les effets de l’alcool ». D’où l’importance de ne pas conduire lorsqu’on a bu - sans compter que les amendes et les frais peuvent s’élever à plusieurs milliers de dollars, même pour une première condamnation.

L’alcootest de la SAQ : inutile
Nous avons testé l’un des alcootests que vend la Société des alcools du Québec (SAQ), l’éthylotest à usage unique d’Alcootech Canada (4 $ l’unité), dont la performance a été très décevante. « Nos experts et nos participants ont eu de la difficulté à distinguer le changement de couleur des cristaux qui devaient permettre d’interpréter les résultats », explique le journaliste responsable de la section automobile de Protégez-Vous, Julien Amado.

Interrogée au sujet de la piètre qualité du produit vendu dans les succursales de la SAQ, la porte-parole de la société d’État, Linda Bouchard, s’est montrée peu inquiète : « Nous croyons qu’il vaut tout de même mieux proposer un outil qui, sans être le plus performant sur le marché, agit comme un indicateur qui pourra sensibiliser la clientèle à une consommation responsable. »

Groupon et Tuango vendent du vent
Le Digital Breath Alcohol Tester, vendu 20 $ sur les sites d’achats groupés Groupon et Tuango, s’est montré très peu précis lors de notre test. Dans le tiers des cas, il a sous-estimé de 30% la teneur en alcool dans le sang de nos volontaires. En outre, ses résultats ne sont pas constants d’une utilisation à l’autre. Cet alcootest est carrément dangereux, car il peut vous laisser croire que vous êtes en état de conduire alors qu’il n’en est rien.

L’épreuve du simulateur de conduite
Pour constater à quel point l’alcool affecte les réflexes et les facultés d’un conducteur en état d’ébriété, visionnez notre vidéo montrant nos quatre « cobayes » au volant d’un simulateur de conduite de CAA-Québec, avec des taux d’alcoolémie de 50, de 80 et finalement de 120 mg par 100 ml.

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