Subaru ouvre les portes de l’IIHS au Guide de l’auto
Fière d’avoir obtenu depuis 2009 les plus hauts honneurs en matière de sécurité de l’institut IIHS, Subaru nous avait invités pour voir la destruction contrôlée d’un de ses produits au laboratoire même de l’IIHS. Il faudra malheureusement attendre les résultats officiels pour parler en détail du modèle essayé mais en attendant, voici ce que l’Institut nous a fait découvrir. C’est aussi fascinant que saisissant.
IIHS, c’est quoi ça?
Établie en 1959 par un regroupement d’assureurs américains, l’IIHS (Insurance Institute for Highway Safety. Traduction libre : Institut des assureurs pour la sécurité routière) servait alors de support aux recherches sur la sécurité routière. Dix ans plus tard, son mandat est révisé et l’IIHS devient un centre de recherche en sécurité routière active et passive. Ses premiers essais portent sur les pare-chocs et mènent directement aux premières normes. Les essais dynamiques [crash tests] débuteront en 1973 et démontrent, entre autres choses, l’efficacité des coussins gonflables. Consécration et victoire; en 1990, deux véhicules équipés chacun de coussins gonflables se heurtent en face à face et… les conducteurs survivent. L’IIHS gagne enfin ses galons.
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Attention de ne pas confondre IIHS et NHTSA [National Highway Traffic Safety Administration, traduction libre : Administration fédérale pour la sécurité routière]. La NHTSA est une division administrative du gouvernement fédéral américain qui établit les normes et en assure l’application. La NHTSA peut légalement contraindre un constructeur à mettre en place une campagne de rappel alors que l’IIHS influence l’industrie mais n’a pas de pouvoir légal. Les deux organismes sont complémentaires.
Malgré ces différences, les essais de l’IIHS sont pris très au sérieux par les constructeurs. À preuve, les designers tiennent maintenant compte des essais exigeants de l’IIHS dans le but de recevoir le prestigieux « Top Safety Pick + ».
Et comment obtient-on cet honneur? Pas facilement. Les véhicules, aléatoirement achetés chez un concessionnaire, doivent réussir des tests de collision latérale, frontale, de capotage simulé et, depuis 2016, d’éclairage des phares. Pas une mince affaire. Voilà pourquoi les constructeurs arborent si fièrement le symbole « Top Safety Pick + » de l’IIHS.
Les phares, la nouvelle composante en matière de sécurité active
L’IIHS, c’est aussi le HLDI [Highway Loss Data Institute, traduction libre : Institut des statistiques sur les dommages et pertes routières]. L’institut a découvert que les véhicules équipés de phares directionnels étaient statistiquement moins impliqués dans les collisions de soir. Cherchant une explication, l’IIHS développa des essais pour les phares. Ce qu’ils ont découvert mena à l’ajout, en 2016, d’un essai spécial pour les phares. Notez que les phares sont testés tels qu’installés par le constructeur, l’IIHS ne fait aucun ajustement. Étonnamment, une majorité de phares échouaient au test par manque d’ajustement privant du coup le constructeur du fameux « + ». Plusieurs ont depuis ajouté une procédure d’ajustement des phares à leur chaîne de montage!
Un essai dynamique, ça se prépare
Un essai dynamique dure moins d’une seconde (typiquement 200 à 300 millisecondes) mais demande une organisation militaire. Une armée de techniciens prépare le véhicule, il y a jusqu’à 13 caméras, enregistrant chacune 500 images à la seconde, à l’extérieur et à l’intérieur du véhicule, des capteurs, des ordinateurs et des instruments partout dans le véhicule, le système d’entraînement par câble-remorque doit être préparé et solidement arrimé, l’éclairage de la scène vérifié, etc. La préparation d’un essai est telle qu’ils n’en font que deux par semaine, c’est dire!
L’essai en direct
Le klaxon annonçant le départ de l’essai retentit enfin et nous demeurons tous immobiles à notre poste. Commencent alors les 10 secondes du décompte final accompagné d’un étrange silence. Le sifflement de plus en plus aigu du câble-remorque annonce l’approche du véhicule qui ne sera lâché qu’à la dernière seconde. Le véhicule surgit dans l’arène, se fracasse contre la barrière dans un bruit sourd et s’immobilise. La rapidité et la violence de l’impact surprennent au point qu’on réalise à peine ce qui vient de se passer. Ce n’est qu’après, en approchant le véhicule immobile, alors que les techniciens s’affairent tout autour, que l’on commence à mesurer l’ampleur de ce qui vient d’arriver.
Un témoignage frappant
Pendant qu’un des jeunes techniciens s’affaire à télécharger une vidéo de l’intérieur du véhicule, je ne peux m’empêcher de lui demander si son travail à l’Institut a changé ses habitudes de conduite. Réponse : « OUI! Je ne passe plus les feux verts en trombe et je suis plus conscient de mon environnement et des autres véhicules sur la route ». Qu’on le veuille ou non, ça fait réfléchir.
L’historique de l’IIHS en vidéo explicite
Vous croyez que ces essais ne servent à rien ou ne sont qu’une perte de temps et d’argent? Prenez une minute et demie de votre temps pour visionner la vidéo d’un face à face entre une Chevrolet Bel Air 1959 et une Malibu 2009. Cette vidéo, célébrant le 50e anniversaire de l’IIHS, en dit long sur ce que l’Institut a fait accomplir à l’industrie automobile. Il a été exigeant, l’industrie a brillamment répondu et la sécurité routière en a été grandement améliorée.
Le futur selon l’IIHS
Discutant du futur avec Russ Rader, directeur des communications de IIHS, ce dernier avoue que l’IIHS a un peu fait le tour des collisions et qu’il regarde de plus en plus vers la prévention et comment assurer l’efficacité des systèmes actuels et futurs.
Je termine en citant M. Rader : « La seule collision où l’on est certain de survivre est celle qui n’a pas eu lieu »!