Saturn Ion, entre deux chaises
Quand on s’appelle Ion, on cherche quelque chose de plus pour attirer l’attention. Car ce n’est pas avec un tel patronyme que l’on deviendra une vedette, c’est certain ! On a donc pensé la munir de portes suicides, comme dans la version Quad, mais sans succès. On lui a insufflé un petit peu de vitamines, comme dans la version Red Line, mais la Ion n’est toujours pas au sommet du palmarès. Alors, on a choisi de miser davantage sur la variété, en offrant trois moteurs, trois versions, mais invariablement la même vision familiale.
C’est donc ainsi que se poursuit la carrière de la Saturn Ion 2006 qui dans sa version coupé Quad était particulièrement intéressante, surtout en raison de son prix. Mais attention, intéressante comme dans « la conversation avec mon voisin est intéressante », et pas comme dans « la jolie fille rencontrée hier était particulièrement intéressante », c’est-à-dire que sans être éblouissante, la petite Saturn permet de passer de bons moments.
Rien dans l’excès
Concrètement, la Ion est une voiture honnête aux performances honnêtes, sans plus. Concernant le moteur, la version de base comme le coupé se contente du moteur Ecotec, déjà éprouvé et fiable. Un moteur de 2,2 litres qui développe 140 chevaux, soit l’équivalent d’un modèle comme la Cobalt ou la Pursuit par exemple.
Pour partager encore plus avec les Cobalt et Pursuit, en 2006 on dotera les Ion 3 qui le voudront du même moteur Ecotec de 2,4 litres qui développera cette fois 170 chevaux. Et parce que le partage, c’est la santé, le modèle coupé a fait Red Line, apparu en 2004, est muni d’un moteur suralimenté de 205 chevaux qui se taille aussi une place sous le capot de la Cobalt SS.
Cette petite bombe est certainement plus puissante, mais a la fâcheuse réputation d’avoir une fiabilité pour le moins douteuse. Du moins, si l’on en juge par les commentaires, de plus en plus nombreux, des (autrefois) heureux propriétaires de Ion Red Line qui doivent désormais fréquenter plus souvent que voulu leur concessionnaire.
La grande force de la Saturn Ion, c’est sa maniabilité hors du commun. Peu importe le modèle, elle se conduit en douceur et répond au doigt et à l’oeil au moindre désir du conducteur. La direction assistée électriquement absorbe peut-être un peu trop les plaisirs de la route, mais réagit efficacement aux commandes. On l’a heureusement calibrée un peu différemment, ce qui améliore les sensations, mais il y a toujours place à l’amélioration.
De plus, le tout petit rayon de braquage de la voiture lui permet de se faufiler dans toutes les situations, ce qui constitue un atout remarquable lorsqu’on circule en ville. Car, rappelons-le, la Saturn Ion est d’abord et avant tout une voiture très urbaine.
La preuve en est certainement que l’on a choisi de maintenir les panneaux de polymère qui ont rendu la marque célèbre. On évite ainsi les petites bosses qui ont la fâcheuse tendance à se multiplier dès que l’on gare sa voiture dans un stationnement citadin où les espaces sont un peu trop étroits. La suspension répond aussi aux exigences, même si elle n’offre aucun attrait remarquable. En fait, au contraire, elle contribue peut-être un peu trop au roulis que l’on ressent en virage, mais sans excès.
Par contre, la faiblesse de l’ensemble provient certainement du freinage qui, en situation d’urgence, n’est pas tout à fait à la hauteur. Face à la concurrence, la distance de freinage est un peu plus longue, et le comportement de la voiture un peu moins stable qu’on le souhaiterait, sauf dans le cas de la haut de gamme Red Line.
Bien pensée… à l’avant
Dans l’habitacle, la petite Saturn est confortable et efficace. Les sièges moulent bien le conducteur et son passager, et lui assurent un soutien plein et entier. En revanche, les places arrière de la Quad sont un peu étriquées, accessibles grâce aux portes papillons (ou suicides), mais pas nécessairement d’un grand confort.
Le tableau de bord est d’une grande sobriété, même s’il est relativement bien équipé. Les commandes sont faciles d’accès, et l’instrumentation centrale agréable à regarder comme à utiliser, surtout qu’elle profite d’un nouveau design en 2006. Il s’agit d’ailleurs du plus important changement à survenir sur la Ion cette année, si on excepte l’installation de série du système On Star. La qualité de finition est suffisante, bien que laissant parfois à désirer. La qualité des tissus utilisés pour les sièges remporte tout juste la note d’acceptable. Notez que la version Red Line dispose d’un design de cadrans uniques et de sièges plus enveloppants. Enfin, détail non négligeable, la Saturn a un coffre grand comme une caverne, assurément le plus vaste de sa catégorie, ce qui lui confère un petit côté pratique intéressant.
La Saturn Ion ne fera certainement pas tourner les têtes. Pas plus d’ailleurs qu’elle n’impressionnera ceux et celles qui sont à la recherche de grandes sensations. En fait, on ne sait trop si elle veut être une berline sport (avec la Red Line) ou une simple voiture familiale. Un peu comme si la Ion était assise entre deux chaises. Mais pour ceux qui ont besoin d’une voiture fiable et honnête, à utiliser quotidiennement sans se poser trop de questions, elle est certainement dans le lot à considérer.
Feu vert
Moteurs variés et agréables
Panneaux latéraux en polymère
Maniabilité remarquable
Vaste coffre arrière
Feu rouge
Freins peu efficaces
Places arrière peu pratiques (Quad)
Silhouette décevante
Fiabilité à revoir (Red Line)