Saab 9-5, anonymement vôtre
Anonyme depuis quelques années, il est difficile de savoir où s’en va Saab. Disons-le tout de suite : les véhicules portant l’emblème Saab ne sont pas mauvais, loin de là. Mais on dirait que General Motors, propriétaire de la marque suédoise à 50 % depuis 1990 et à 100 % depuis 2000, ne sait pas trop quoi faire avec cette compagnie qui continue à n’attirer que les fidèles à la marque. Par exemple, la 9-5 est une des voitures les plus anonymes sur le marché. Tout d’abord parce que ses lignes se fondent dans la jungle automobile et, tout simplement, parce qu’on en voit très rarement sur les routes !
Il y a deux ans, la 9-5 a eu droit à des modifications plus ou moins impor tantes, surtout au niveau esthétique tandis que l’offre se réduisait à un moteur seulement. La 9-5 revient donc cette année sans transformations, toujours en versions berline et familiale. Il semble très difficile pour les manufacturiers de nommer un chat un chat. Alors que chez Audi, une familiale s’appelle Avant, chez BMW Touring, chez Saab on a choisi SportCombi, sorte de combo entre sportivité et utilité, sans doute. Soulignons que la dénomination Aero, abandonnée pour la 9-5 depuis quelques années, revient en 2009. Il s’agit d’une version un plus sportive qui remplace la livrée Sport. L’Aero apporte des suspensions un peu plus basses et plus fermes, des pneus de 17” et des sièges spéciaux. Les changements pour 2009 se résument à quelques modifications très mineures au niveau de la console et l’ajout de nouvelles couleurs.
Quatre cylindres turbocompressé
Le moteur qui se cache sous le capot de la 9-5 est un quatre cylindres turbocompressé de 260 chevaux et 258 livres-pied de couple. Deux transmissions à cinq rapports sont offertes, soit une automatique et une manuelle. Les roues avant sont motrices. Pour une voiture qui joue dans la cour des Acura TL, BMW série 5, Mercedes-Benz Classe E et j’en passe, il faut un certain culot pour présenter un quatre cylindres, même s’il est turbocompressé. C’est le genre de détail qui, j’en suis convaincu, rebute une certaine catégorie d’acheteurs. Les performances de ce moteur s’avèrent fort relevées mais le long temps de réponse du turbo est souvent dérangeant. Heureusement, malgré le nombre de chevaux, on note très peu d’effet de couple dans le volant lors d’accélérations vives. Soulignons cependant que, comme tous les turbos, il ne fonctionne qu’au super. Dieu merci, il consomme peu !
La transmission automatique à cinq rapports (plusieurs autres manufacturiers en offrent six) fonctionne généralement avec douceur sauf pendant le passage de certains rapports bas. Le moteur effectue de bonnes reprises mais encore faut-il que la transmission se place sur le bon rapport, ce qui est un peu long à l’occasion. La manuelle fonctionne bien… à condition d’aimer les embrayages mous et les leviers à la course trop longue.
Sur la route, la Saab 9-5 démontre de jolies aptitudes. La tenue de route s’avère neutre, le roulis est pratiquement inexistant, la tenue de cap superbe même à haute vitesse et les suspensions procurent un bon confort. Les freins sont très performants, nonobstant une pédale qui s’enfonce beaucoup trop loin lors d’un arrêt d’urgence. Quant au système de contrôle de la traction et de la stabilité latérale, il est bien dosé. Par contre, la direction n’affiche pas la précision à laquelle on serait en droit de s’attendre. Dans l’habitacle, le mot d’ordre est : confort. Les sièges de Saab sont réputés pour être parmi les plus confortables de toute l’industrie et cela est encore vrai dans la 9-5. Ils supportent très bien en virage tout en se faisant oublier. Plusieurs voitures sport possèdent des sièges qui supportent très bien en virage mais aucun ne le fait avec autant de subtilité. Les plastiques font preuve de qualité mais on pourrait trouver plus d’espaces de rangement.
La clé de contact se trouve sur la console, ce qui devrait plaire aux amateurs de la marque. La plupart des commandes sont facilement compréhensibles mais certaines, dont le régulateur de vitesse, demandent au minimum un doctorat en génie mécanique pour pouvoir être manipulées convenablement. Le toit ouvrant de notre voiture d’essai était désagréable puisque lorsqu’il était ouvert et que nous roulions à des vitesses légales, il était source de réverbérations importantes dans l’habitacle. Si les sièges avant sont des exemples de confort, ceux situés à l’arrière sont nettement moins doués et l’espace réservé aux jambes et à la tête est carrément insuffisant.
La familiale
La 9-5 la plus intéressante demeure la familiale. Pardon, la SportCombi. Son espace pour les bagages est, évidemment, beaucoup plus grand. En plus, on retrouve des espaces de rangement sous le tapis. Le seuil de chargement est bas et égal au plancher. Le coffre de la berline n’est pas démuni pour autant, remarquez. Mais dans cette dernière version, bien que les dossiers des sièges arrière s’abaissent de façon 60/40, ils ne forment pas un fond plat. De plus, le cadre entourant le passage entre les deux volumes est petit, ce qui ne laisse pas beaucoup d’espace pour les gros objets. La Saab 9-5, nous l’avons dit plus tôt, n’est pas une vilaine voiture.
Ses qualités dynamiques et sa présentation extérieure nous laissent cependant sur notre appétit. Son prix, par contre, est plus bas que celui de beaucoup de ses rivales, ce qui peut lui faire pardonner ses petits défauts. Avec la 9-5, Saab propose une voiture qui rallie les amateurs de la marque mais qui, malheureusement, laisse tous les autres indifférents.
FEU VERT
Confort reconnu
Habitacle très Saab
Bon comportement routier
Familiale polyvalente
Excellente finition
FEU ROUGE
Anonymat certifié
Temps de réponse du turbo
Dépréciation verticale
Places arrière justes
Manuelle peu agréable