Toyota FJ Cruiser, handicapé par son design
Il n’est pas toujours sage d’adopter un véhicule initialement conçu comme voiture concept et de le commercialiser presque tel quel. Si les ingénieurs réussissent la plupart du temps à lui greffer des organes mécaniques décents, il en est tout autre du reste du véhicule, qui doit continuer sa carrière avec plusieurs apparats mis en place pour épater la galerie. C’est justement le cas de ce gros 4X4, dont la silhouette était initialement jugée trop audacieuse pour qu’il soit mis en marché. Mais Toyota a osé, et ce sont les propriétaires qui doivent vivre avec.
Avoir le nombre de FJ Cruiser qui circulent sur nos routes, force est d’admettre que ce constructeur a joué la carte gagnante, du moins à court terme. En effet, comme vous allez le constater à la lecture de cet essai, il faut plus qu’une allure macho pour être un véhicule agréable au jour le jour.
Maudit design !
Comme tout véhicule concept qui se respecte, celui-ci possède une silhouette pour le moins spectaculaire qui se veut la version moderne des légendaires Land Cruiser, qui se sont bâti une réputation fort enviable dans les années 60. Si cet aspect est réussi, c’est autre chose lorsqu’on considère le véhicule sous l’angle de l’utilisation quotidienne. En effet, les larges piliers A et C rendent la visibilité atroce. Comme si cela n’était pas suffisant, la lunette arrière est obstruée par la présence de la roue de secours. En plus, cette porte arrière est très lourde et assez difficile à ouvrir.
Il n’y a pas de portière arrière à proprement parler, mais plutôt un panneau d’accès aux places arrière, comme c’est encore le cas sur certaines camionnettes compactes. Il est donc non seulement difficile d’accéder à l’arrière, mais il faut également faire attention pour ne pas se heurter de front à l’un des crochets de rétention placés sur le montant supérieur de la porte. La vocation première du FJ Cruiser est d’être un authentique véhicule tout-terrain. Il en a d’ailleurs la garde au sol, la robustesse et le rouage intégral sophistiqué. Par contre, la carrosserie est affublée de petits godets en plastique montés sur les pare-chocs avant et arrière, qui ne demandent pas mieux de prendre le bord au moindre contact.
Une fois à bord, le conducteur est confronté à un tableau de bord qui tente de marier le design à la vocation purement utilitaire du véhicule. Si cette présentation peut plaire au premier coup d’oeil, on déchante rapidement à l’usage. Plusieurs commandes sont mal placées et leur fonctionnement n’est pas toujours évident. On peut également ajouter en option un module abritant trois cadrans indicateurs, à savoir une boussole, un ordinateur de trajet et un inclinomètre. Ce dernier accessoire est peu pratique et, placé sur le dessus de la planche de bord, il vient obstruer la vue trois quarts avant du conducteur.
Bref, même s’il s’agit d’un véhicule à vocation utilitaire, le design semble avoir pris le dessus sur le caractère pratique de ce Toyota.
Du solide !
Les ingénieurs affectés au développement de ce modèle avaient pour mission de produire un véhicule tout-terrain solide et efficace. Croyez-moi, ils n’ont pas manqué leur coup ! Ils ont utilisé la plate-forme de la camionnette Tacoma afin d’avoir toute la rigidité voulue. Et puisqu’il faut de la puissance pour déplacer un véhicule aussi lourd hors des sentiers battus, ils ont jeté leur dévolu sur un moteur V6 de 4,0 litres d’une puissance de 239 chevaux et de 278 livres-pied de couple. Une boîte manuelle à six rapports est offerte, tout comme une transmission automatique à cinq rapports. Le modèle de base est une propulsion. Si vous avez opté pour le modèle quatre roues motrices et la transmission manuelle, vous allez bénéficier d’un rouage intégral permanent doté de deux plages d’utilisation. Avec l’automatique, l’embrayage intégral est à temps partiel. En plus, tous les modèles peuvent être équipés de dispositifs électroniques visant à favoriser l’efficacité en conduite hors route.
Lorsque vous quittez la route pour la forêt, vous ne pouvez qu’être impressionné par l’efficacité de ce Toyota. Malheureusement, on passe plus de temps sur la route que dans les champs, et les choses sont beaucoup moins reluisantes. La suspension est ferme, la direction engourdie et le comportement routier juste à la limite. Et comme la suspension est raide, on se fait brasser le Québécois sur les routes de la Belle Province. Enfin, si le moteur est capable de tenir son bout dans presque toutes les situations, sa consommation de carburant super risque de venir dégarnir votre portefeuille. Somme toute, il ne faut pas juger un livre par sa couverture. C’est justement ce qu’ont fait trop d’automobilistes qui ont été attirés par le plumage agréable de cet utilitaire sport, sans penser que son comportement sur la route pouvait être décevant. Ils peuvent toujours se consoler en songeant à la fiabilité et à la durée de vie de tous les produits Toyota.
FEU VERT
Silhouette unique
Rouage intégral efficace
Bonne finition
Fiabilité assurée
Moteur performant
FEU ROUGE
Direction engourdie
Comportement routier décevant
Consommation élevée
Visibilité très moyenne
Freinage à revoir