Kia Rondo 2017: N’importe quoi… n’importe quand!

Publié le 1er janvier 2017 dans 2017 par Alain Morin

Le marché de l’automobile est de plus en plus complexe. Si, autrefois, il y avait des catégories bien distinctes, ce n’est plus le cas. Pour grappiller des parts de marché ici et là, les constructeurs offrent maintenant des véhicules qui chevauchent deux, et quelquefois trois catégories! C’est ainsi que l’Humanité s’est retrouvée avec des multisegments, ces VUS en manque d’ambition, qui n’étaient ni berlines ni familiales. Prenons le cas du Kia Rondo qui pourrait passer pour une berline ayant gagné en volume, une fourgonnette petit format ou un VUS, s’il pouvait être doté d’un rouage intégral. Bref, c’est n’importe quoi… même si le Rondo est loin d’être n’importe quoi!

Le Rondo est d’abord apparu en 2008. Déjà, à ce moment, il faisait bande à part avec ses qualités intrinsèques (excellent rapport équipement/prix, habitacle vaste, assemblage réussi) qui lui permettaient de se distinguer. En 2013, il était devenu pratiquement de trop dans l’alignement Kia. Plutôt que s’en débarrasser, la marque coréenne l’a plutôt entièrement revu pour 2014. Depuis, il n’a pas changé d’un iota. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, remarquez.

Pour six personnes?

Le Rondo nous revient donc avec sa bouille sympathique et son tableau de bord moderne. La plupart des commandes sont disposées logiquement, la finition est exemplaire et la qualité des matériaux généralement très bonne. Selon les versions, plusieurs combinaisons de couleurs sont du plus bel effet… ou manquent parfaitement de relief. Les espaces de rangement sont nombreux, et c’est tant mieux. Compte tenu de la vocation du véhicule, le contraire aurait été étonnant. On en retrouve même dans le plancher, sous les pieds des passagers de la deuxième rangée!

Les sièges avant s’avèrent relativement confortables (mais comme la notion de confort — et de l’adverbe « relativement » — varie d’un individu à l’autre, je vous convie à vous faire votre propre idée), ceux de la deuxième rangée sont pénibles et ceux de la troisième, insupportables. En plus, parvenir avec grâce à cette rangée demande une souplesse que mon âge ne me permet plus d’espérer. En passant, cette rangée est optionnelle sur certaines versions et incuse avec la livrée la plus huppée, EX Luxe. Lorsque les dossiers de ces bancs sont relevés, le coffre voit son espace réduit à 232 litres, ce qui implique de devoir laisser des bagages ou des personnes à la maison...

Parcimonie équestre

Sous le capot, un seul moteur est offert. Il s’agit d’un quatre cylindres atmosphérique de 2,0 litres développant 164 chevaux et un couple de 156 livres-pied. C’est bien peu pour un véhicule qui a fait de la polyvalence et du transport sa raison d’être. Allège, avec le conducteur comme seul poids ajouté, effectuer un 0-100 km/h en 10,0 secondes demande une route parfaitement plane, des pneus gonflés à la perfection, une chaussée à la bonne température et un taux d’humidité idéal. À ce moment, les chevaux émettent un grondement qui ne laisse présager aucun doute sur leur dégoût du travail sous pression. On imagine facilement le sentiment de persécution qui les envahit lorsque six adultes et quelques bagages prennent place à bord…

Si l’on demeure dans les limites prescrites par la loi et que l’on évite les départs en catastrophe, la consommation se montre plutôt retenue. Dans la vie de tous les jours, on peut s’en tirer sous 10,0 l/100 km. Toutefois, tenter d’extirper des performances de Corvette de la part du Rondo ou le conduire chargé à bloc dans une région montagneuse aura des conséquences désastreuses sur la moyenne de consommation.

Personne ne sera surpris d’apprendre que le Rondo n’a absolument aucun talent pour le sport. D’ailleurs, je crois qu’il ne sait même pas que ça existe. Une fois lancé, ce qui lui a déjà demandé un grand effort, il déplore le fait d’être appelé à modifier sa trajectoire à l’occasion. Sa direction est d’une indéniable légèreté et manque cruellement de retour d’information. Oh, il y a bien le « Direction Flex » qui permet de modifier sa résistance, mais ce système est d’une infinie nullité.

Une fois que la direction a décidé de se mettre au travail, c’est au tour de la suspension de se demander pourquoi on la réveille, elle qui faisait parfaitement son boulot principal, celui de préserver le confort des occupants. Comme une ado à qui l’on demande de sortir les vidanges, elle finit par accepter son sort, non sans rouspéter, s’écrasant sur elle-même, ce qui imprime un fort mouvement de roulis au véhicule.

Malgré les derniers paragraphes, le Kia Rondo est une réussite lorsqu’on le choisit pour ce qu’il est; un véhicule polyvalent et logeable, bien construit, bourré d’équipement et doté d’une très bonne garantie. Pour l’émotion, on passe à autre chose. Le Soul, par exemple, en est bourré!

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