Bentley Mulsanne 2017: Coup de dés

Publié le 1er janvier 2017 dans 2017 par Alain Morin

Ah! gagner à la loterie… On s’achèterait ci, on irait là, on se payerait ça. Pour les gens peu habitués à la fortune, l’argent est une façon de dépenser. Pour les riches, l’argent est une façon de penser. Entre dépenser et penser, on retrouve les différences fondamentales entre des classes sociales opposées.

La marque Bentley ne s’adresse pas à ceux qui veulent dépenser leurs billets verts. Elle parle à ceux pour qui l’argent ne représente pas une maison ou une auto, mais plutôt le pouvoir et le prestige. Et pour rejoindre ces gens, il ne faut pas une voiture, mais un objet symbolisant le pouvoir et le prestige.

C’est aussi ce qui fait la différence entre un constructeur qui fabrique des véhicules de prestige et un autre qui vend du prestige en y ajoutant une automobile. Acura, Lexus, Lincoln, Infiniti et, dans une certaine mesure, BMW, Mercedes-Benz et Audi appartiennent à la première catégorie. Bentley et Rolls-Royce sont de la deuxième, évidemment.

Pour ces gens, qui n’ont jamais connu que ce qui se fait de mieux, peu importe le prix, Bentley propose la Mulsanne, une immense berline aux lignes aussi imposantes que dérangeantes. Même ceux qui ont de la difficulté à différencier une Volkswagen Beetle d’un Toyota RAV4 comprennent, quand ils voient une Mulsanne, qu’ils ont affaire à quelque chose « d’autre ». Quelque chose de prestigieux, qui est nécessairement puissant, mais aussi plus luxueux que tout ce qu’ils ont déjà vu sur les routes. Et qui coûte terriblement cher.

Sur-mesure dans la démesure

L’habitacle de la Mulsanne n’est pas vraiment un habitacle de voiture. Certes, il y a un volant, des commandes au tableau de bord, des sièges… Mais ce ne sont pas un volant, des commandes au tableau de bord ou des sièges. Ce sont des objets qui servent à manoeuvrer la machine à prestige. Le volant, tout comme les sièges, est recouvert des cuirs les plus fins qu’on puisse trouver. Les boiseries sont omniprésentes et le choix proposé par Bentley est impressionnant.

Si une personne ne trouve pas ce qu’elle recherche, le catalogue Mulliner s’ouvrira comme par enchantement. Et là, tout, ou presque, sera possible. D’une essence de bois extrêmement rare à un pommeau de levier de vitesse en cristal, en passant par une peinture extérieure qui n’est pas offerte parmi les 24 couleurs de base, il n’y a qu’à cocher.

Les sièges sont parmi les plus confortables de l’industrie. Il y a quelques années, un des dirigeants du département de design nous confiait, d’un air presque gêné, que Bentley étudiait avec minutie ceux des tracteurs routiers. Si ces sièges peuvent soutenir des heures durant des personnes, pas toujours menues, et demeurer confortables, Bentley peut y arriver aussi. Eh oui, Bentley y parvient. À l’arrière, ils sont d’un confort difficile à décrire avec des mots. Et il y a de l’espace plus qu’il n’en faut. Et s’il en faut encore davantage, il y a la version allongée de la Mulsanne. Peut-être même qu’en ajoutant quelques dizaines de milliers de dollars supplémentaires, il serait possible de l’allonger davantage.

Sous le long capot, on retrouve un V8 de 6,8 litres turbocompressé. Si sa puissance est phénoménale (505 chevaux), que dire de son couple de 752 livres-pied obtenues dès 1 750 tr/min. Ce moteur permet d’arracher la Mulsanne d’une position stationnaire et de l’amener à 100 km/h en 5,8 secondes. Sans doute que personne n’accélérera jamais aussi rapidement avec une telle voiture, mais il fait bon savoir qu’elle peut le faire.

Et si ce n’était pas suffisant, la Mulsanne Speed ajoute 25 chevaux et 59 livres-pied, ce qui permet de retrancher presque une seconde à l’épreuve du 0-100 km/h. Quand on sait que ce véhicule pèse plus de 2 600 kilos (c’est au moins 500 kilos de plus qu’une Mercedes-Benz Classe S!), ces données rappellent que pour une certaine tranche de la population, il vaut mieux en faire trop que pas assez.

Cette puissance et ce poids sont toutefois responsables d’une consommation tout à fait honteuse alors que les mouvements écologistes se font de plus en plus entendre. Engloutir 17 l/100 km n’est pas difficile et, avec un peu de mauvaise volonté, on peut facilement en arriver à 20 ou même à 22 l/100 km. Baume sur cette fracture ouverte, les Mulsanne ou Rolls-Royce Phantom parcourent généralement peu de kilomètres par année.

Il est difficile pour nous, mortels et communs, de bien saisir la substance de ces voitures dont le prix d’achat pourrait alimenter des populations entières durant des mois. Et ce qui est encore plus désolant, c’est que même si je gagnais à la loterie, je ne serais toujours qu’un pauvre… mais avec de l’argent.

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