Porsche Cayenne et Macan : la marque est-elle surfaite?
CHÉTICAMP, Île du Cap-Breton –En passant de l’un à l’autre des cinq utilitaires sport de marque Porsche essayés lors d’un sprint autour de la merveilleuse piste Cabot, on pouvait légitimement se demander si ces véhicules valaient le prix réclamé. Est-il effectivement raisonnable, pour ce constructeur, d’exiger par exemple la somme de 110 300 $ pour un utilitaire sport compact de luxe, même s’il s’agit d’un Macan Turbo doté du nouveau groupe Performance qui lui vaut, entre autres, un moteur plus puissant et de plus grands freins à disque à l’avant? Et que dire des trois Cayenne GTS essayés dont les prix, avec options, allaient de 125 498 $ à 134 855 $?
Il y a, de toute évidence, beaucoup d’acheteurs qui en sont convaincus chez nous, puisque durant ce même périple, la filiale canadienne de Porsche annonçait que la marque avait inscrit, pendant le mois de mai, un 65e record consécutif de ventes mensuelles au pays. Ses ventes sont en progression de 19% par rapport à l’année dernière, qui s’était soldée par une augmentation de 10% au total, comparativement à l’année précédente.
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Surfer sur le tsunami des utilitaires sport
Or, les utilitaires Cayenne et Macan comptaient pour plus de 70% de ces ventes, portés par une vague qu’ils contribuent certainement à faire croître. Si les ventes combinées de ce tandem ont progressé de plus de 25% par rapport à l’année précédente, c’est surtout parce que celles du Macan ont grossi de 56% à elles seules. Et si les ventes du Cayenne ont fléchi de 7,6%, c’est sans doute parce qu’il en est à sa septième année sous sa forme actuelle, malgré son remodelage léger d’il y a deux ans, et qu’il subit les assauts d’une pure nouveauté comme le Jaguar F-Pace et d’un Audi Q7, son cousin ennemi, entièrement redessiné. Sans compter l’attrait de son propre frère, le Macan, dont le succès fut instantané, dès son lancement en 2015.
Il faut évidemment compter que Porsche est passée maître dans l’art de la création et de l’exploitation des créneaux. Tous les Cayenne et Macan ne sont pas aussi chers que les versions essayées sur la piste Cabot. Le prix de départ du Macan le plus modeste, propulsé par un quatre-cylindres turbocompressé de 252 chevaux, est de 52 700 $. Et c’est un vrai Porsche, imprégné des mêmes vertus fondamentales de conduite, de comportement routier et de solidité. Le reste dépend essentiellement des envies et du portefeuille de la personne intéressée.
Même constat pour le Cayenne, dont la version la plus accessible, qui se contente d’un V6 atmosphérique de 3,6 litres et 300 chevaux, est offerte à partir de 69 600 $. À l’autre extrême, les enchères pour un Cayenne Turbo S propulsé par un V8 biturbo de 4,8 litres et 570 chevaux débutent à 182 600 $ et la note peut grimper à près de 260 000 $ avec toutes les options disponibles.
Une incomparable machine à profits
Parce qu’un véhicule Porsche s’achète essentiellement à la carte, option par option, une pratique qu’a fini par imiter la concurrence, confrontée à sa grande réussite. Porsche n’a pas longtemps été le constructeur le plus rentable par un simple hasard. Et si le bénéfice actuel n’est pas aussi spectaculaire, en bout d’exercice, c’est qu’une partie substantielle des profits que génère Porsche AG sert à colmater les brèches causées par le scandale du dieselgate à la maison-mère du groupe Volkswagen dont il fait partie. La marque de Zuffenhausen lui a même prêté son président, Matthias Müller, pour gérer cette crise gigantesque dès septembre 2015.
Porsche, ce n’est pas seulement la performance, la tenue de route et un prestige certain. La marque partage effectivement, avec Lexus, le premier rang de la plus récente étude de JD Power sur la fiabilité des véhicules après trois années d’utilisation.
La firmeCanadian Black Book, qui évalue depuis plus de 55 ans la valeur conservée des véhicules, a décerné à Porsche son 10e prix annuel pour la meilleure marque de luxe. Le Cayenne a été primé dans la catégorie des utilitaires de luxe intermédiaires, tout comme la berline Panamera dans celle des voitures de grand luxe. Et la Boxster a devancé la légendaire 911 chez les grandes autos sportives.
On peut donc s’offrir un véhicule Porsche pour des raisons qui vont au-delà du simple coup de cœur. Il suffit d’en avoir, ou de s’en donner les moyens. Chose certaine, ce n’est pas le choix qui manque.