Porsche Carrera GT, démonstration d'expertise

Publié le 30 janvier 2006 dans 2006 par Gabriel Gélinas

La surprise à été totale à l’occasion du dévoilement du véhicule concept Carrera GT qui a eu lieu à l’automne 2000 au Musée du Louvre en marge du Mondial de l’automobile de Paris. En effet, personne ne s’attendait à ce que Porsche présente une super voiture sport conçue dans le plus grand secret comme une vitrine technologique faisant la démonstration de l’expertise technique de la marque. Plusieurs années plus tard, la Carrera GT devenait un modèle de série dont la production sera limitée à seulement 1 500 exemplaires. Avis aux intéressés, 343 de ces voitures ont déjà trouvé preneur aux États-Unis et 19 au Canada en date du mois de mai 2005.

Plus de 70 brevets ont été déposés à la suite de la conception de la Carrera GT qui représente en quelque sorte une voiture de course qui a été « apprivoisée » pour pouvoir circuler sur des routes publiques. Sur le plan technique, le défi était de taille. En effet comment s’y prendre pour permettre au commun des mortels de conduire une voiture construite avec des matériaux aussi exotiques que la fibre de carbone et animée par un moteur de 612 chevaux ? La réponse, ou plutôt les réponses sont arrivées suite à un long et complexe processus de développement mené par l’équipe d’ingénieurs de Porsche avec la précieuse collaboration du double Champion du Monde des rallyes, Walter Rorhl qui a agi comme le principal pilote d’essai chargé de la mise au point de la Carrera GT.

Le moteur de la Carrera GT est un 10 cylindres à configuration en « V » de 68 degrés, plutôt qu’un moteur de type « boxer » à cylindres opposés, ce qui a permis de localiser les échappements sous les rangées de cylindres afin de placer le moteur le plus bas possible dans la voiture en vue d’abaisser le centre de gravité au maximum. Le vilebrequin du moteur est donc localisé à seulement 3,9 pouces du sol, et le poids du moteur de 612 chevaux n’est que de 472 livres… Comme la Carrera GT est équipée d’une transmission manuelle courante à six rapports, plutôt que d’une boîte séquentielle de type F1 (Ferrari, Maserati, BMW, Audi…), elle est également équipée d’un embrayage avec disques réalisés en composite de carbone, dont la taille est réduite de 50 pour cent par rapport à un embrayage ordinaire. Il s’agit à la fois un tour de force sur le plan technique et le principal point faible de la voiture, la manœuvre de débrayage étant délicate au point où la meilleure technique pour la conduite sur route consiste à relâcher doucement et complètement la pédale avant d’accélérer, afin de ne pas caler le moteur. Sur la piste, je mettais plutôt 3 500 tours au compteur avant de croiser rapidement les pédales, mais le bond en avant est tellement rapide qu’il vaut mieux s’assurer d’avoir beaucoup d’espace devant soi. La poussée de la Carrera GT est tout simplement ahurissante, la voiture s’arrache à la vitesse de l’éclair, et cette poussée n’arrête jamais, contrairement à certaines voitures sport où la poussée est très forte en première et en deuxième mais qui s’essouffle par la suite. De 0 à 100 kilomètres/heure en 3,9 secondes, de 0 à 200 kilomètres/heure en 9,9 secondes, et une vitesse maximale limitée à 330 kilomètres/heure. Cette poussée phénoménale se double d’une sonorité qui l’est tout autant, puisque le moteur de la Carrera GT « sonne » presque comme celui d’une Formule Un, bien que sa limite de révolutions soit fixée à 8 000 tours/minute.

Sur le circuit très rapide de Mosport, tous les virages se négocient en troisième vitesse, sauf le virage 2 qui demande la quatrième… Sur la piste, la Carrera GT est une voiture très sensible à la moindre sollicitation, le châssis est parfaitement équilibré mais la transition entre une voiture collée à la piste et une voiture en glissade se fait avec la rapidité presque instantanée propre à une voiture de course. Après deux tours, je me sentais assez à l’aise pour faire crier les pneus dans au moins trois virages du circuit, ce qui en dit long sur l’excellent comportement de la GT. La stabilité à très haute vitesse, 260 kilomètres/heure sur la ligne droite arrière à Mosport, est impressionnante ceci est dû au fait que le châssis en fibre de carbone, dérivé de la GT1 victorieuse aux 24 Heures du Mans en 1998 et qui ne pèse que 220 livres, est équipé à la fois d’un aileron mobile qui se déploie à 120 kilomètres/heure mais surtout d’un diffuseur localisé à l’arrière de la voiture, qui fait le gros du travail à cet égard. Sur la route, la Carrera GT est très sensible à la qualité du revêtement et la moindre lézarde sera télégraphiée jusque dans le volant, mais le confort est carrément surprenant et seules les bosses importantes vont en faire en sorte que le châssis entre en contact avec le sol, la garde au sol étant sérieusement limitée.

Parmi les changements apportés à la Carrera GT pour sa deuxième année de production notons l’adoption de nouveaux sièges qui sont à la fois plus larges et ajustables, histoire de mieux accommoder certains conducteurs, et que de nouvelles couleurs de carrosserie sont maintenant au catalogue. De plus, la lunette arrière est maintenant réalisée en verre plutôt qu’en plastique, le numéro du châssis est désormais gravé sur la console centrale, et un chargeur de batterie est livré avec la voiture afin de maintenir la charge lorsque celle-ci n’est pas utilisée pendant une période prolongée. Par ailleurs, la Carrera GT est équipée entre autres, de la climatisation, d’un téléphone et d’un système audio avec lecteur CD, et le pommeau du levier de vitesses en bois représente un hommage à la Porsche 917 de compétition.

Voiture de course avec plaque d’immatriculation. Performances démentielles à couper le souffle. Démonstration des prouesses techniques de véritables génies de l’automobile. Jouet ultime pour millionnaires désoeuvrés en quête des émotions les plus fortes. Ces quelques mots suffisent à décrire ce qu’est la Carrera GT, l’une des deux voitures de série les plus rapides au monde, l’autre étant la Ferrari Enzo.

Feu vert

Tenue de route absolument phénoménale
Puissance moteur exceptionnelle
Usage de technologies développées en course
Freinage hyper puissant
Exclusivité assurée

Feu rouge

Prix astronomique
Embrayage difficilement modulable
Usage limité
Garde au sol négligeable

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