Gran Turismo Sport : victime de sa perfection
La console de jeu Sony PlayStation 4 n’a pas eu de véritable simulateur de course en exclusivité depuis sa sortie. Certes, il y a eu quelques versions de Need For Speed, et le jeu Project Cars n’était pas pire, mais chacun de ces jeux est disponible sur d’autres consoles. Avec Microsoft qui sort des Forza Motorsports à la pelletée, un jeu exclusif pour sa console Xbox One, Sony n’avait pas le choix d’avoir un jeu de course bien à elle afin d’affronter le géant américain dans la vente de « jeux de chars ». Gran Turismo Sport arrive donc juste à temps. Nous avons eu la chance de mettre la main sur ce simulateur de course tant attendu. Voici nos impressions.
Si beau, mais si frustrant
L’élément le plus frappant de Gran Turismo Sport est son apparence. Entièrement filmé avec des caméras de type HDR, le célèbre simulateur de course nous présente des images réalistes de qualité photo, à la résolution 4K. Quand on y joue pour la première fois, on nous propose justement de calibrer le jeu en fonction de notre téléviseur pour en tirer le plein potentiel.
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En effet, Gran Turismo Sport dispose de plusieurs technologies de pointe — comme la technologie VR (réalité virtuelle) — et se démarque des autres simulateurs de course par le réalisme de ses graphiques, qui se fait remarquer dès notre arrivée au menu principal, où une bagnole choisie au hasard est affichée en arrière-plan. Celle-ci est soit en train de rouler dans les Alpes ou tout simplement stationnée sous un ombrage retravaillé à la perfection.
Cela étant dit, ce jeu peut être frustrant dans la mesure où, contrairement à Forza Motorsports 7, il est impossible de modifier la mécanique des bolides. Quelle honte!
En revanche, on se concentrera sur la course. GT Sport, qui porte son nom en hommage au sport automobile, nous propose plutôt de prendre le volant d’une voiture de course afin de nous investir dans une longue carrière de pilote, qui nous permettra d’augmenter nos prouesses derrière le volant, tout en gagnant des récompenses sous forme de voitures cachées ou de crédits pour s’en procurer une.
Là-dessus, Gran Turismo n’a pas changé. On doit jouer pour débloquer les vraies bagnoles. Plus on joue, plus on est riche. Plus on est riche, plus notre collection est diversifiée. La formule est simple, mais efficace, nous donnant envie de revenir jouer pour obtenir de nouvelles voitures, pistes ou habillement pour notre pilote.
Et comme dans les versions précédentes, on devra compléter les fameux cours de conduite pour accéder à certaines sections du jeu; notamment, le mode en ligne, qui nécessite la complétion d’un certain nombre d’événements pratiques. Et n’oubliez surtout pas de vous taper la section Sportsmanship : une courte série de vidéos éducatives vous expliquant comment vous comporter sur le circuit une fois en ligne. Ces vidéos sont obligatoires en passant. Quelle perte de temps et de ressources inutile! Il m’a fallu 20 minutes pour comprendre que je devais les regarder avant de pouvoir jouer contre mes amis en ligne!
Des physiques qui impressionnent
Là où l’on sera réconforté, c’est sur le circuit. Les physiques de ce simulateur figurent parmi les plus réalistes de l’industrie des jeux vidéo. Les sonorités de moteurs ont été grandement corrigées par rapport à Gran Turismo 6 et la dynamique des voitures sur la piste est exigeante, mais plaisante, ajoutant un niveau de difficulté qui nous force à améliorer notre ligne de course. De plus, on ressent le poids de la voiture sur la chaussée, laquelle altère son adhérence selon le climat et la période de la journée.
Lorsque l’on joue, le jeu demeure visuellement fantastique, roulant de manière stable à 60 images par seconde sans ralentir. Même le mode en ligne nous permet de courser à 16 voitures en même temps, sans perdre la qualité graphique. Au niveau technique, ce jeu est tout à fait sublime.
Toutefois, l’engin engendre, encore, plusieurs frustrations. Si l’on désire effectuer un bon vieux « show de boucane » par exemple, on sera déçu des minces nuages gris que celui-ci causera. De plus, il n’y a toujours pas de réels dommages mécaniques, seulement quelques déformations de la carroserie et de minimes altérations dans le comportement routier de la voiture. Les collisions entre bolides se résument donc en deux blocs de polygones qui se frappent l’un contre l’autre sans réelle sensation d’impact ni de conséquences à notre victoire. N’essayez surtout pas de percuter un mur à vive allure pour tester le réalisme du simulateur à cet effet : l’impact ressemblera plutôt à un berlingot de lait vide qui heurte un mur en brique! Sur ce plan, GT Sport est largement dépassé, et ce, même par des jeux ne se spécialisant pas dans la course automobile. On pense à Grand Theft Auto V, un jeu d’action sorti en 2013, qui permet des dommages esthétiques et mécaniques sur ses voitures.
Parlant de voitures, GT Sport en offre un peu plus de 150 (du contenu additionnel s’ajoutera). Certes, on est loin des 1 000 modèles proposés par les versions antérieures. Toutefois, on nous présente cette fois des voitures complètement modalisées en HDR. Rappelons-le, GT6 ne disposait que d’environ 150 voitures modalisées que l’on surnommait les voitures Premiums. Les autres n’étaient qu’un copier-coller des anciennes déclinaisons du jeu. Pour GT Sport, on repart à neuf et chaque voiture brille à merveille, surtout quand on prend le temps de jouer avec le mode photo qui, encore une fois, démontre les prouesses techniques du jeu en nous permettant de placer notre bolide dans des lieux exotiques à couper le souffle.
Bien que je n’aie toujours pas eu la chance d’explorer à fond ce jeu énorme, je dois avouer être perplexe par rapport au dernier chef-d’œuvre de Kazunori Yamauchi. En fait, le gros problème de Gran Turismo, n’est pas au niveau de ses physiques ni de la technologie utilisée pour le rendre si attrayant. Sur ce point, il domine. Le problème, c’est qu’il persiste à être parfait, à un point tel que son expérience utilisateur est brimée... Des heures et des heures de travail ont été investies dans des détails inutiles qui auront en fin de compte peu d’importance aux yeux des joueurs. On retrouve même une section pour les montres TAG Heuer, nous expliquant l’historique de la marque en détail, avec de belles vidéos HD. À quoi bon? On s’en fout, on veut simplement jouer!
En résumé, Gran Turismo Sport est beau, réaliste et impressionnant. Mais il est largement décevant. Ses menus sont complexes, l’information est difficile à trouver, on doit retirer des couches et des couches de superflu pour se rendre au jeu, pour finalement se rendre compte que la concurrence en offre beaucoup plus pour le même prix. Gran Turismo Sport est donc un excellent simulateur de course et un chef-d’œuvre sur le plan technique, mais si l’on recherche un bon jeu de course automobile, on devra se tourner du côté de Forza Motorsports 7.