Volkswagen T-Roc 2018 : il va falloir crier fort

Publié le 2 novembre 2017 dans Premiers contacts par William Clavey

Mon essai du Volkswagen T-Roc 2018 au Portugal fut probablement l’événement médiatique le plus étrange auquel j’ai eu la chance d’être invité cette année. Un vol d’avion qui totalisait presque 10 heures, une escale en Allemagne, cinq heures de décalage horaire, pour finalement n’y rester qu’une journée et conduire un véhicule qui ne sera même pas vendu ici. J’ai dû manquer un bout d’information important quelque part en chemin…

En fait, si Volkswagen Canada nous a invités en sol européen, c’est que le constructeur voit un potentiel pour le T-Roc en Amérique du Nord. Avec des concurrents de plus en plus féroces dans le segment des VUS sous-compacts, comme le Honda HR-V, Mazda CX-3, Toyota C-HR, Nissan Qashqai et autres, il ne serait qu’inévitable pour Volkswagen — qui est présentement en pleine offensive d’utilitaires sport avec l’Atlas et le Tiguan — d’importer son petit dernier vers nos concessionnaires. Comme l’a si bien dit Thomas Tetzlaff, directeur des relations publiques chez Volkswagen Canada : « je ne vois aucune raison pour ne pas le vendre chez nous. » Alors, pourquoi en sommes-nous privés?

Photo: William Clavey

Une grosse Golf

Avant d’entrer dans les détails économiques expliquant pourquoi le T-Roc n’est pas prévu pour notre marché, du moins pour le moment, permettez-moi d’abord de vous parler un peu du véhicule en soi. Le T-Roc est un utilitaire positionné sous le Tiguan dans la gamme Volkswagen. Il repose sur la plate-forme MQB, soit la même que la Golf.

Pour le marché européen, on propose actuellement six choix de moteurs, dont trois à essence et trois diesel. Plus de 20 palettes de couleurs différentes sont offertes. En fait, le T-Roc est pensé pour les milléniaux; sa clientèle cible. Il est donc entièrement personnalisable, avec des couleurs d’habitacle contrastantes ou identiques à sa carrosserie. Plus de 80 combinaisons différentes sont possibles!

Les moteurs à essence sont tous turbocompressés, disposant d’une cylindrée de soit 1,0 litre, 1,5 ou 2,0 litres. Le quatre cylindres de 2,0 litres en question repose également sous le capot du Tiguan et de l’Atlas. Ici, il développe 190 chevaux et un couple de 236 lb-pi.

Selon Volkswagen Canada, si le T-Roc se rendait un jour de ce côté-ci de l’Atlantique, il serait doté du 2,0 litres turbo. C’est pour cette raison qu’on l’a préféré aux autres motorisations pour notre essai (nous avons conduit le diesel pour la vidéo). Celui-ci était équipé du rouage intégral 4MOTION ainsi que de la nouvelle boîte robotisée à sept rapports de type DSG. Les T-Roc d’entrée de gamme viennent de série avec un rouage à traction et une boîte manuelle à six rapports.

Sur les routes étroites et sinueuses du Portugal, le T-Roc s’est montré animé, solide, bien planté au sol et surtout, très amusant à conduire. En fait, le fait qu’il soit assemblé avec les mêmes composantes qu’une Golf lui confère sensiblement la même dynamique de conduite. Jamais je n’ai eu l’impression de conduire un véhicule utilitaire. Sa tenue de route fait davantage penser à celle d’une petite sportive à hayon. Cependant, sa suspension, comme dans l’Atlas et le Tiguan, est trop ferme pour ce segment. J’imagine que c’est le prix à payer pour une conduite sportive, néanmoins, la clientèle des VUS désire confort et commodité avant les performances, chose qui pourrait repousser certains consommateurs.

Le 2,0 litres effectue bien son travail, sans plus. Au moins, il dispose de suffisamment de couple à bas régime, faisant de lui un moteur polyvalent en ville ou lors d’ascensions, mais il manque surtout de sonorité et de caractère. Sa consommation d’essence est toutefois concurrentielle. Nous avons enregistré une moyenne de 7,0 L/100 km.

La boîte automatique, quant à elle, est absolument sublime. Digne des produits Volkswagen, celle-ci rétrograde rapidement, effectuant ses passages de rapport en toute douceur. En mode Sport, cette boîte s’assure de bien tenir le régime du moteur le plus haut possible afin de maximiser ses performances. Là-dessus, je n’ai rien à dire.

Pour ce qui est du reste, le T-Roc est un utilitaire bien assemblé, attrayant, silencieux, muni d’un habitacle au design épuré et jeune, surtout avec son tableau de bord coloré. Notre version d’essai était garnie des toutes dernières technologies en matière de conduite semi-autonome, comme le régulateur de vitesse adaptatif et l’assistance de changement de voie, un système qui fonctionne à merveille sans trop de tracas. Le système multimédia intègre de série Android Auto et Apple CarPlay. J’ai toutefois été déçu de me retrouver à démarrer le véhicule avec une clé physique et jamais je n’ai remarqué de caméra de recul. En 2018, c’est ridicule!

Au niveau de l’espace dans l’habitacle on parle sensiblement des mêmes dimensions qu’une Golf, ce qui confère au T-Roc amplement d’espace pour les occupants avant. Le dégagement pour les jambes des passagers arrière est un tantinet restreint, en revanche, le dégagement pour la tête est ample. Le coffre, quant à lui, offre un espace de chargement de 445 litres avec la banquette arrière en place.

L’effet Golf

Pour en revenir à sa disponibilité ici, croyez-moi, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour obtenir le maximum d’informations à ce sujet et monsieur Tetzlaff, qui était avec moi tout le long du voyage, m’a partagé toutes ses connaissances. En fait, il y a deux bonnes raisons qui empêchent le T-Roc de se vendre ici.

La première, c’est la Golf. Volkswagen ne veut pas, et je cite, « cannibaliser » les ventes de la Golf SportWagen Alltrack en sol nord-américain. Rappelons-le, contrairement aux Européens, nous sommes accros aux utilitaires ici et cette petite familiale, qui vient récemment d’être lancée, tente de prouver aux consommateurs qu’ils n’ont pas besoin d’un VUS pour être comblés. Si elle se vendait aux côtés du T-Roc, elle risquerait de se faire anéantir.

Toutefois, la principale raison, c’est l’endroit où le véhicule est assemblé; au Portugal. L’importation du T-Roc tel qu’il est vendu en Europe augmenterait considérablement son prix de vente, le rendant plus cher que le Tiguan. Or, si Volkswagen désire le vendre ici, le constructeur doit adapter ses usines nord-américaines, soit celle du Tennessee ou du Mexique. Tout ça engendre des coûts exorbitants. Avant de s’embarquer là-dedans, un constructeur doit d’abord s’assurer que le véhicule se vendra bien dans le marché ciblé, chose qui n’est pas si facile à prévoir.

Cela étant dit, Volkswagen affirme qu’un véhicule sensiblement pareil au T-Roc est prévu pour notre marché en 2019, mais sous un nom et une apparence différents. En fait, Volkswagen achète actuellement du temps afin de permettre à la SportWagen et au Tiguan de respirer un peu. Toutefois, on nous a également confié que si un intérêt sérieux se manifestait de la part des consommateurs nord-américains avant l’année modèle 2019, Volkswagen ferait ce qu’il faut pour nous le vendre plus vite que prévu. Ça veut dire ce que ça veut dire. Si vous en voulez un, il va falloir le crier haut et fort auprès de votre concessionnaire!

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