L'Allemagne souhaite une séparation rapide entre GM et Opel
La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé lundi que l'Allemagne voulait une séparation entre Opel et sa maison-mère, le constructeur américain General Motors, avant un éventuel placement de GM sous la protection de la loi américaine sur les faillites.
"Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où nous deviendrions presque des appendices" d'une possible procédure de faillite engagée par GM, a souligné Mme Merkel lors d'une conférence de presse. "L'intérêt de l'Allemagne est que la séparation et les aspects légaux soient bouclés avant cela", a-t-elle ajouté.
La chancelière, dont le gouvernement examine trois offres concurrentes pour le rachat d'Opel, a indiqué qu'une décision sur l'avenir du constructeur automobile serait annoncée au cours de la semaine. Opel emploie 25.000 personnes en Allemagne, soit près de la moitié des effectifs totaux de GM en Europe, et Berlin entend sauver le plus d'emplois possible.
L'administration de Barack Obama a donné à GM jusqu'au 1er juin pour se restructurer, faute de quoi le géant de Detroit devra se placer sous la protection du Chapitre 11, la loi américaine sur les faillites.
L'Allemagne souligne qu'il revient à GM et à l'administration américaine de choisir un repreneur, mais elle s'est engagée à mettre la main à la poche pour maintenir Opel en activité. Le gouvernement allemand devra sans doute apporter de solides garanties de prêts à un repreneur et veut s'assurer que l'argent du contribuable allemand ne sera pas aspiré dans une procédure de faillite américaine.
Trois repreneurs sont sur les rangs: le constructeur italien Fiat, un consortium réunissant le fabricant canadien de pièces détachées automobiles Magna International et la banque russe Sberbank, et le fonds américain Ripplewood.
Mme Merkel a précisé que les offres de reprise évoluaient "jour après jour". Son porte-parole Ulrich Wilhelm a indiqué que la chancelière avait discuté d'Opel lors d'un entretien téléphonique samedi avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine et qu'elle a également rencontré dimanche les dirigeants de Magna. Mme Merkel doit aussi avoir une entrevue avec le patron de Fiat, Sergio Marchionne, au début de cette semaine, a-t-il ajouté.
Plusieurs hommes politiques allemands ont fait savoir que l'offre de Magna avait leur préférence. Mais, dans des déclarations publiées dimanche, le ministre de l'Economie Karl-Theodor zu Guttenberg estime que les trois projets présentent des lacunes et qu'une faillite d'Opel pourrait être préférable si elles ne sont pas améliorées.
Ces propos ont suscité des critiques des sociaux-démocrates, partenaires de la "grande coalition" au pouvoir avec les chrétiens-démocrates de Mme Merkel. M. Wilhelm a cherché à calmer la polémique en précisant lundi que M. Guttenberg souhaitait éviter une faillite d'Opel.