Nissan Sentra, merci aux groupes cibles

Publié le 31 janvier 2006 dans 2006 par Alain Morin

Avant de mettre un produit sur le marché, les spécialistes du marketing ont souvent recours aux groupes cibles. Des consommateurs, qui ne sont pas des experts, sont amenés à donner leurs opinions sur un produit et ainsi confirmer, ou infirmer, les prévisions des décideurs de l’entreprise. Si des changements sont requis, il n’est pas trop tard puisque le produit n’a pas encore été lancé officiellement. Il faut croire que les gens de Nissan n’avaient pas fait leurs devoirs correctement étant donné qu’à la suite de ces sondages, la direction a décidé de retarder de quelques mois le lancement de la nouvelle Sentra.

Au moment d’écrire ces lignes, nous ne savons à peu près rien de cette future voiture, sinon qu’elle devrait reprendre les lignes générales des Altima et Maxima et qu’elle pourrait arriver tard durant l’année modèle 2006. Nous vous tiendrons au courant des développements via notre magazine Le monde de l’auto (un peu d’autopromotion n’a jamais fait de tort !)

Pour ce qui est de la Sentra actuelle, on retrouve donc toujours le modèle de base 1,8 (et quand on dit de base, on veut dire de BASE), la 1,8 Special Edition, la 1,8 S (bizarrement, la SE est moins équipée que la S !), la SE-R et la SE-R Spec-V. D’entrée de jeu, admettons que peu importe la version, les lignes de la Sentra sont dépassées. Déjà, lors de la refonte de 2001, elles n’étaient pas dans le coup, alors imaginez aujourd’hui ! De plus, tous les concurrents ont, depuis, présenté de nouvelles créations, beaucoup plus modernes, tant au niveau esthétique que technique.

Parlant de technique, mentionnons qu’il existe deux Sentra. L’ennuyante et la sportive, offertes en version berline uniquement. Mais les choses sont rarement aussi claires et l’ennuyante possède de belles qualités, tandis que la sportive ne l’est peut-être pas autant que ses lettres d’appel le font croire. Pour les 1,8, 1,8SE et 1,8 S, on retrouve donc le 1,8 litre de 126 chevaux et 129 livres-pied de couple. Les accélérations et reprises ne sont pas mauvaises, mais l’arrivée d’une certaine Mazda3 est venue reléguer la compétition au niveau du deuxième sous-sol ! Les plus grandes qualités de ce moteur ? Son faible appétit en carburant (une donnée qu’on ne peut plus négliger) et sa fiabilité. Passons sous silence le grognement désabusé qu’il émet lorsqu’il est sollicité. Ce moteur, vaillant malgré tout, est associé à une transmission manuelle à cinq rapports ou à une automatique à quatre vitesses offerte en option. Cette dernière boîte a souvent tendance à bien prendre son temps pour passer les rapports.

PARADOXES

Les versions SE-R et SE-R Spec-V ont toutefois droit à un moteur quatre cylindres en aluminium de 2,5 litres passablement plus dégourdi. La première reçoit une écurie 165 chevaux et 175 livres-pied de couple tandis que la seconde mérite dix chevaux et cinq livres-pied de couple supplémentaires. Ce moteur, peu importe sa puissance, n’est sans doute pas le plus doux qui soit mais il retranche au moins deux secondes aux temps d’accélérations par rapport au 1,8 litre… tout en imprimant à la direction un effet de couple très important. La boîte manuelle à six rapports de la SE-R Spec V se manie comme un charme et ses rapports rapprochés favorisent des montées en régime pas piquées des vers. Par contre, la SE-R tout court ne peut recevoir que l’automatique à quatre rapports, une aberration pour une voiture aux prétentions sportives. Poussée à la limite, la SE-R ou SE-R Spec-V prouve hors de tout doute les carences du châssis en sous-virant effrontément, un comportement beaucoup moins marqué dans les versions de base. Et c’est un peu surprenant, compte tenu des roues de 15“ au lieu de 16“ pour la SE-R et 17“ pour la SE-R Spec-V. Quant aux suspensions, elles se révèlent beaucoup plus confortables dans les 1,8, 1,8 SE et 1,8S que dans les autres versions où elles brassent les occupants comme des boules de Loto-Québec ! Les freins, eux, réussissent à stopper la Sentra sur une distance un peu longue et l’ABS est optionnel (sauf sur la 1,8 de base où ils sont tout simplement proscrits). Pour respecter la vocation sportive de la SE-R Spec-V, des freins Brembo sont offerts dans le « Brembo Package » qui comprend aussi un toit ouvrant électrique, un système audio de 300 watts et un système antivol.

Au chapitre de l’aménagement intérieur, les designers ont opté pour un ensemble de type « pratico-platte » accompagné d’accessoires signés Classical Neutral. Le résultat n’est certes pas vilain, mais pourrait entraîner une grave chute de volonté de vivre si un être humain y était exposé trop longtemps. Heureusement, l’habitacle se révèle silencieux (sauf lorsque l’accélérateur est enfoncé) et la qualité de l’assemblage ne peut être prise en défaut. Les sièges sont confortables et celui du conducteur se règle en hauteur. Les gens assis à l’arrière doivent être de préférence de petite taille. Le dossier de la banquette se rabat de façon 60/40, augmentant ainsi un espace de chargement qui n’est tout de même pas si mal !

Malgré de belles qualités, la Sentra actuelle ne fait plus le poids, autant au niveau du look que des performances. Nul doute que la prochaine génération corrigera au moins quelques-unes de ces lacunes.

Feu vert

Moteur 1,8 litre peu gourmand
Moteur 2,5 litres très performant
Suspensions confortables
Freins Brembo solides (SE-R Spec V)
Assemblage de qualité

Feu rouge

Lignes désolantes
Châssis peu rigide
Effet de couple important (SE-R Spec V)
SE-R avec automatique seulement
Places arrière exiguës

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