Genesis G70 2019 : traverser les frontières de l’ennemi
MONT-TREMBLANT (Québec) – Les marques allemandes devraient commencer à s’inquiéter. Un peu.
Afin d’éviter que les marques japonaises prennent le contrôle du marché des compactes de luxe, Audi, BMW et Mercedes-Benz ont continuellement redéfini ce que les consommateurs veulent dans un tel véhicule. Aujourd’hui, ces acheteurs recherchent l’heureux mélange d’un caractère sportif, du style, du confort et du prestige. Alors qu’Acura, Infiniti et Lexus sont toujours en mode rattrapage – sans être trop loin, il faut avouer –, cette nouvelle marque coréenne sort de nulle part et crée un adversaire redoutable.
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Qu’est-ce qui rend la Genesis G70 2019 si habile à rivaliser l’Alfa Romeo Giulia, l’Audi A4, la BMW Série 3, la Cadillac ATS, l’Infiniti Q50, la Lexus IS et la Mercedes-Benz Classe C? La compagnie a compris que pour se mesurer aux Allemands dans ce groupe très solide, il fallait jouer selon leurs règles, pas les siennes.
Engager des ingénieurs allemands n’a sûrement pas nui. Régler la dynamique de conduite de la G70 sur le Nürburgring s’est également avéré une bonne stratégie. En traversant les lignes de l’ennemi, on a pu mettre au point une sérieuse riposte à ce que les meilleures voitures de ce segment ont à offrir. À part une chose, du moins, pour le moment.
En fait, avec la Kia Stinger, qui partage son architecture avec la G70, les Coréens ont créé non pas une, mais deux adversaires redoutables. Concentrons-nous toutefois sur le sujet de cet essai.
Ça commence dans le compartiment moteur avec un quatre cylindres turbocompressé de 2,0 litres qui développe 252 chevaux et un couple de 260 livres-pied. Une boîte automatique à huit rapports et un rouage intégral figurent de série.
Le couple se manifeste entre 1 400 et 4 000 tr/min, donc généreux et accessible sur une grande plage. La boîte automatique n’est pas la plus réactive, même en mode Sport, mais autrement, cette voiture est rapide. À plein régime, la sonorité du moteur est raffinée et agréable, du moins à l’intérieur de l’habitacle où un grognement mécanique supplémentaire est émis par les haut-parleurs de la voiture. On peut éteindre cette fonctionnalité, et franchement, la différence est à peine perceptible de toute façon. Lors de notre essai, on a observé une moyenne de 9,5 L/100 km sur l’ordinateur de bord, et ce, sans avoir adopté une conduite écologique.
On peut opter pour encore plus de puissance avec le V6 biturbo de 3,3 litres, qui délivre 365 chevaux ainsi qu’un couple de 376 livres-pied entre 1 300 et 4 500 tr/min. Évidemment, la G70 est plus rapide avec ce moteur, alors que la douceur d’une plus grosse cylindrée peut être ressentie. Pour être franc, c’est un magnifique six cylindres, mais pour la conduite au quotidien, il ne nous fera pas regretter d’avoir économisé des sous en choisissant le moteur de 2,0 litres.
Il existe une variante de la Genesis G70 2019 qui se démarque des autres. La 2.0T Sport est équipée du quatre cylindres turbo, d’une boîte manuelle à six rapports et d’un rouage à propulsion. Genesis Canada a vraiment poussé pour obtenir cette configuration de la maison-mère, figurant qu’il y a un marché – petit, mais quand même – pour une berline sport s'adressant au véritable enthousiaste.
La boîte manuelle est agréable à souhait, avec une pédale d’embrayage parfaitement ferme ainsi qu’une course du levier précise. Grâce à un échappement moins restrictif, la 2.0T Sport obtient 255 chevaux – trois de plus qu’avec la boîte automatique. De plus, la G70 2.0T Sport n’est pas la version la moins chère, alors que l’on voit souvent des constructeurs proposer une boîte manuelle dans une déclinaison dénudée d’équipement, la rendant moins intéressante. Elle profite même de freins Brembo avec des disques de plus grande dimension, tout comme sur les 3.3T Dynamic et 3.3T Sport.
La majorité des Canadiens préféreront vraisemblablement une voiture à transmission intégrale. Le système de la G70 peut envoyer 100% du couple moteur aux roues arrière en conduite relaxe, mais si une perte d’adhérence survient, il est en mesure d’envoyer jusqu’à 100% de la puissance disponible aux roues avant, au besoin. Le système peut également effectuer une répartition avant/arrière de 10/90, 20/80, 30/70, 40/60 et 90/10, selon des conditions changeantes comme l’activation du mode Sport et l’ascension d’une pente, ou lorsque l’on dévore une route sinueuse.
Ou une piste de course. Puisque Genesis a confiance en son produit, la marque a laissé les journalistes rouler la berline sur le circuit du Mont-Tremblant, où l’on a été agréablement surpris par l’équilibre et l’agilité de la voiture. On n’avait pas de concurrentes sous la main pour faire des comparaisons côte à côte, mais notre expérience avec les BMW 340i, Audi S4 et Lexus IS 350 nous laisse croire que la G70 n’a rien à envier à ces voitures en matière de comportement routier.
En revanche, les gens ne conduisent pas toujours à fond la caisse, et la petite Genesis peut aussi s’avérer une voiture confortable. Sa suspension est bien réglée pour les routes canadiennes – et québécoises – alors que le mode Sport raffermit un tantinet les amortisseurs, sans que la voiture devienne désagréable. La direction est également bien dosée, et les versions à moteur V6 obtiennent un réglage à ratio variable qui, selon Genesis, rehausse l’agilité à basse vitesse et la stabilité à haute vitesse.
L’espace à l’avant est adéquat, la visibilité vers l'extérieur est bonne grâce aux minces piliers avant, mais la ligne de toit basse fait en sorte que les sièges avant ont dû être fixés plus près du plancher. Ce n’est pas très perceptible jusqu’à ce que des gens s’installent à l’arrière de l’habitacle – un des plus petits du segment. Deux adultes peuvent y prendre place, mais à trois ce sera douloureux pour tout le monde. Ce qui accentue le sentiment d’étroitesse à l’arrière, c’est le manque d’espace pour les pieds sous l’assise des sièges avant, et l’ouverture étroite dans la partie inférieure de la porte, compliquant le débarquement. Il ne s’agit clairement pas d’une voiture familiale, bien que ses rivales soient à peine plus logeables. Son coffre de 298 litres figure parmi les plus petits du segment.
Le plus impressionnant, c’est la finition intérieure de la voiture. Genesis a travaillé fort pour créer un environnement riche, avec du cuir à motif matelassé, des surpiqûres sur le tableau de bord et un nombre bien calculé de garnitures argentées. Dans chaque déclinaison, le système multimédia comprend un écran tactile de huit pouces ainsi que l’intégration Apple CarPlay et Android Auto, et à l’exception de la version de base, on a droit à une excellente chaîne ambiophonique Lexicon à 15 haut-parleurs.
Se détaillant à partir de 42 000 $, la Genesis G70 2019 s’avère très bien équipée avec des sièges chauffants à l’avant, un volant chauffant, un toit ouvrant, un siège du conducteur à 12 réglages électriques et beaucoup plus. Elle inclut également des caractéristiques de sécurité avancée comme une surveillance des angles morts, un régulateur de vitesse adaptatif, un avertissement de précollision frontale et une prévention de sortie de voie. Un bon rapport prix équipement ici, et le PDSF comprend les frais de transport et de préparation, l’entretien régulier du fabricant, le service de conciergerie pendant cinq ans ou 100 000 km (selon la première éventualité), et la connectivité Genesis Connected Services durant cinq ans.
Le reste de la gamme est composée de la 2.0T Sport (45 500 $), la 2.0T Elite (47 000 $, qui sera probablement la plus populaire), la 2.0T Prestige (52 000 $), la 3.3T Dynamic (52 000 $) et la 3.3T Sport (57 500 $). Parmi l’équipement disponible se trouve des sièges chauffants à l’arrière, des sièges ventilés à l’avant, une sellerie en cuir nappa, un système de navigation et un affichage tête haute.
Ce que la G70 n’inclut pas, ce sont les échappements de performance des berlines allemandes et leurs pétarades, alors l’expérience auditive et le caractère ne sont pas les mêmes. Comme mentionné plus tôt, l’espace pour les occupants à l’arrière est vraiment petit, ce qui est dommage. Mais pour certains, l’argument en défaveur de la Genesis pourrait être l’absence d’un écusson de prestige. Peu importe à quel point cette berline est bien aboutie, le branding est un critère d’achat en 2018. Pour ceux à la recherche d’une marque avant tout autre chose, restez chez BMW et Mercedes-Benz. Sinon, ceux qui veulent plutôt une berline compacte bien équilibrée, confortable et luxueuse devraient jeter un coup d’œil à la G70. Genesis va même la stationner à votre porte afin que vous puissiez en faire l’essai.
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Genesis G70 2019 |
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Version à l'essai | 2.0T Prestige TI |
Fourchette de prix | 42 000 $ – 57 500 $ |
Prix du modèle à l'essai | 52 000 $ |
Garantie de base | 5 ans/100 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 5 ans/100 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | 11,8 / 8,6 / 9,5 L/100km |
Options | n.d. |
Modèles concurrents | Alfa Romeo Giulia, Audi A4, BMW Série 3, Cadillac ATS, Infiniti Q50, Lexus IS, Mercedes-Benz Classe C |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | Nous avons observé une moyenne sous les 10 L/100 km lors de notre essai de la G70 2.0T. |
Confort | De bons points pour l’espace et le confort à l’avant, mais le dégagement pour les pieds et la tête à l’arrière n’est pas généreux. |
Performances | Drôlement agréables avec le moteur de 2,0 litres, un peu plus amusantes avec le V6 de 3,3 litres. Le quatre cylindres turbo fait le travail, par contre. |
Système multimédia | Une interface facile à utiliser, un écran tactile réactif, de vrais boutons sur la planche de bord et une solide chaîne ambiophonique Lexicon. |
Agrément de conduite | Sans profiter d’une tenue de route affûtée comme un scalpel, la voiture est drôlement efficace sur la route et même sur la piste. |
Appréciation générale | Une excellente voiture malgré son écusson Genesis peu prestigieux – pour l’instant. |